Publié le 20 May 2019 - 14:23
(TEGGI NDAWAL)

Crimes et châtiments

 

N’en finira-t-on jamais avec ce cycle funeste où les accidents mortels le disputent aux crimes les plus crapuleux, les plus révoltants ? Hier, le Sénégal s’est réveillé entre indignation et douleur, à l’annonce des morts violentes (mise à mort ne serait pas un euphémisme) de Bineta Camara à Tamba et la découverte d’une dépouille de femme non identifiée à Ouakam.

Pour la première citée, jeune fille d’un cadre politique à l’air candide sur les photos, l’affaire est d’autant plus révoltante que c’est dans un espace sanctuarisé, son propre domicile, qu’elle a été tuée, après avoir subi un viol. Et là, l’occasion nous est donnée de réfléchir sur ce qu’il adviendra déjà de cette indignation généralisée et justifiée. L’on se rappelle des conditions absolument crapuleuses dans lesquelles Fatoumata Mactar Ndiaye du Cese a été tuée. Dans son domicile aussi.

Tout le monde pensait que la justice allait abattre son glaive de la plus implacable des manières sur le suspect que tout semble accabler. Mais rien ! Le courroux collectif et la clameur de justice, ayant même expliqué exceptionnellement une sortie médiatique du proc’, se sont pourtant estompés jusqu’à éclipse totale de cette affaire dans l’espace public. Les autres tueries ont subi le même sort : surmédiatisation du fait et judiciarisation défaillante.

La perception de la faiblesse des sanctions, supposée ou réelle, fait son bonhomme de chemin dans l’esprit de l’opinion. Elle pense que le ‘‘vide’’ dissuasif a inoculé à la société des conditions telles, si entièrement et si absolument nouvelles, que tout ce que nous avons choisi de ne pas apprendre des tueries précédentes ne peut aucunement nous servir, ne peut nous faire avancer dans la connaissance des faits fatals que nous vivons. Puisqu’on a malheureusement choisi de les laisser ‘‘impunis’’.

On espère vraiment que ce ne sera pas le cas de Bineta Camara.

 

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