Publié le 18 May 2020 - 16:15
TELETRAVAIL ET TELEENSEIGNEMENT FACE A LA PANDEMIE DE COVID-19

L’Ansd liste les limites du système 

 

Les possibilités du Sénégal pour ‘’contrer’’ ou ‘’ne serait-ce qu’atténuer un peu’’ les conséquences négatives des mesures de confinement en vigueur sur l’éducation et la productivité par le développement du télétravail et de l’enseignement à distance, semblent ‘’très réduites’’. Ceci notamment par défaut d’accès universel à l’électricité et aux outils de télécoms à travers le pays. C’est ce que souligne l’Agence nationale de la statistique et de la démographie (ANSD) dans sa note sur l’accès à l’électricité et aux moyens de télécoms, rendu public hier. 

 

La situation actuelle du Sénégal, en matière d’accès à l’électricité et aux moyens de télécommunication permet-elle au pays de faire face aux impacts négatifs de la Covid-19 sur les conditions socioéconomiques dans le pays, notamment l’éducation et le travail, en élargissant les possibilités de télétravailler ou d’assurer la continuité pédagogique pour les élèves et les étudiants ? Cette question vient des responsables de l’Agence nationale de la statistique et de la démographie (ANSD) dans la 1re note synthèse sur l’accès à l’électricité et aux moyens de télécoms du repère statistique de l’environnement de l’évolution de la Covid-19 au Sénégal, rendue publique hier.

‘’Au regard des informations présentées ci-dessous sur la situation actuelle du Sénégal en matière d’accès à l’électricité et à l’Internet, et de possession d’une télévision et d’un ordinateur, les possibilités du pays pour contrer ou ne serait-ce qu’atténuer un peu les conséquences négatives des mesures de confinement en vigueur sur l’éducation et la productivité par le développement du télétravail et de l’enseignement à distance, semblent très réduites’’, souligne le document.

Sur le plan social, l’ANSD indique que ces possibilités risquent même d’être des ‘’facteurs d’aggravation des inégalités’’, notamment entre les populations urbaines et celles des zones rurales. En fait, l’agence rappelle qu’en 2017, d’après les résultats de l’Enquête régionale intégrée sur l’emploi et le Secteur informel (ERI-ESI), la majorité des ménages (71,6 %) au Sénégal ont accès à l’électricité, contrairement à la frange de la population des 22,4 % des ménages restants. Ce qui démontre, d’après elle, ‘’une certaine disparité’’ selon le milieu de résidence. ‘’En milieu urbain, si près de 92,6 % ont accès à l’électricité, moins de la moitié - soit 46,4 % - en jouissent en milieu rural. Des disparités sont notées entre les régions. Ainsi, Dakar, avec 97,4 % des ménages ayant accès à l’électricité, Thiès avec 79,9 % et Ziguinchor avec 74,4 % sont les régions les plus électrifiées au niveau ménage. A l’inverse, Kaffrine, avec 39,7 %, Kédougou, avec 38,1 % et Kolda, avec 34,9 % sont les moins électrifiées en 2017’’, signale la même source.

Pour ce qui est de l’Internet, l’ANSD note qu’à peine 7 %, plus précisément 6,7 % des ménages, en ont accès à domicile pendant la période sous revue. Moins de 3 % des ménages en milieu rural (2,5 %) et un peu plus de 10 % en milieu urbain (10,6 %) disposent d’une connexion à l’Internet à domicile en 2017. Les régions de Louga (10,7 %), Dakar (10,1 %), Kaolack (7,6 %) et Thiès (7,3 %) sont celles où la proportion des ménages ayant accès à l’Internet à domicile est plus importante et les régions de Matam (1,1 %) et Fatick (1,3 %) celles où elle est la plus faible en 2017. ‘’Dans toutes les autres régions, cette proportion ne dépasse pas ou dépasse à peine 5 %. Cette inégalité d’accès pose la difficulté, pour certains élèves, d’accéder aux plateformes didactiques, mais aussi à certains employés pour pratiquer le télétravail essentiellement basé sur une connexion à l’Internet’’, souligne l’agence nationale en charge de la statistique.

Concernant la télévision, en 2017, environ 58 % des ménages (57,7 %) en disposent au moins une à domicile. Les résultats de l’ERI-ESI montrent que la proportion de ménages possédant au moins une télévision est plus importante à Dakar (87,9 %) et Thiès (63,2 %) et est plus faible à Sédhiou (23,6 %), Kolda (23,1 %) et Kaffrine (21,3 %). ‘’Ces données montrent que des mesures d’accompagnement des ménages n’ayant pas accès aux médias s’imposent, surtout pour les mesures alternatives prises par l’Etat consistant à dispenser les enseignements à travers une chaine de télévision éducative récemment mise en place’’, relève la note. 

Pauvreté 
 
Il convient de noter également que par rapport à ces moyens de télécoms, l’ANSD informe que moins du sixième, soit 13,0 % des ménages, disposait au moins d’un ordinateur à domicile pendant la période sous revue. En milieu urbain, un peu plus du cinquième des ménages, soit 20,3 %, dispose au moins d’un ordinateur à domicile, contre 4,0 % en zone rurale. La proportion de ménages ayant accès à un ordinateur à domicile est plus importante dans les régions de Dakar (21,9 %), Thiès (16,5 %) et Ziguinchor (12,6 %) et plus faible dans les régions de Kaffrine (3,8 %) et Diourbel (4,2 %). Hormis la région de Saint-Louis (10,0 %), dans toutes les autres régions, cette proportion ne dépasse pas 8 %. ‘’L’électricité et les télécommunications ne permettent pas, à elles seules, de créer toutes les conditions de la croissance économique. Toutefois, elles sont nécessaires pour faciliter le développement des activités économiques et améliorer les conditions de vie des populations’’, précise l’ANSD. 
 
En effet, notre source soutient que l’accès à l’électricité comme l’accès à l’Internet ont un impact sur les composantes essentielles de la pauvreté, à savoir la santé, l’éducation, le revenu… ‘’Leur absence, surtout en zone rurale, est considérée comme un obstacle majeur au développement économique. 
 
Par ailleurs, on considère que l’amélioration de la productivité résultant de l’accès à des moyens de production plus efficaces, l’accès à des réseaux électriques et de télécommunication, et à de meilleurs services d’électricité et de télécommunication pourrait également occasionner des économies de temps pour les ménages et leur permettre de travailler plus longtemps en augmentant leur accès aux marchés’’, lit-on dans le rapport.  
 
MARIAMA DIEME  
 
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