Publié le 12 Dec 2018 - 13:00
TERRORISME EN FRANCE

Attaque meurtrière aux abords du marché de Noël de Strasbourg

 

Un tireur a fait au moins deux morts, douze blessés, dont dix graves, mardi soir, dans le centre-ville, selon la préfecture. Le parquet antiterroriste s’est saisi de l’enquête.

 

Une fusillade a fait mardi soir au moins deux morts et douze blessés, dont six graves, dans le centre de Strasbourg, aux abords du marché de Noël, selon le bilan de la préfecture établi à 23h15. Un militaire de l'opération Sentinelle a notamment été blessé par balle par ricochet à la main, a confirmé l'Etat major des armées dans un communiqué. Les tirs ont déclenché des mouvements de panique dans la foule et la police a vidé les rues autour de la place Kléber, demandant aux passants de se réfugier dans les commerces et les restaurants du centre-ville. «On nous dit de rentrer chez nous, de ne pas rester près des barrières qui sécurisent l’entrée du marché de Noël», raconte la correspondante de Libération sur place, près du pont du Corbeau.

«Apparemment isolé»

Peu après 21 heures, de nombreuses ambulances s’engouffraient vers le centre-ville, ainsi que des motards de la police nationale, une colonne de CRS armes au poing et des soldats de l’opération Sentinelle. Des snipers ont pénétré dans la zone, allongés sur les toits des camionnettes des forces de l’ordre.

Mardi soir, la section antiterroriste du parquet de Paris a été saisie. L'enquête a été confiée à la sous-direction anti-terroriste (SDAT), à la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) et à la police judiciaire de Strasbourg. Le plan blanc, un dispositif de mise en alerte des hôpitaux, services d’urgence, a été enclenché a annoncé le CHRU de Strasbourg.

Plus tôt, parlant d’un «événement en cours», la préfecture de la région Grand-Est avait demandé aux habitants de rester «confinés» chez eux dans le quartier plus périphérique du Neudorf, au sud de la ville. Selon le premier adjoint de la mairie de Strasbourg, Alain Fontanel, «le tireur du centre-ville, apparemment isolé, est recherché». La préfecture précisait peu avant 22 heures avoir identifié l’auteur des coups de feu, un homme de 29 ans, né à Strasbourg, «fiché S» pour radicalisation selon une source municipale et «connu en droit commun», selon le ministre de l’Intérieur.  Il est notamment connu pour des antécédents de violence et de trafic ou consommation de stupéfiants. En fin de soirée, la police déclarait que des coups de feu étaient «échangés dans le quartier où était retranché l’assaillant». Selon une source proche de l'enquête, le tireur devait être interpellé mardi matin par les gendarmes. Il a été perquisitionné pour une affaire de braquages et de tentative d'homicide.  

Dans le centre-ville, la circulation des trams a été interrompue et les premiers témoins parlent d’une situation très tendue. «J’ai cru à des pétards et puis j’ai vu un homme étendu au sol et on nous a demandé de partir au plus vite», raconte un livreur à vélo présent lors des coups de feu. Selon une employée de l’une des petites maisonnettes en bois du marché de Noël, évacuée par les forces de l’ordre, «on s’attendait à être pris pour cible, c’était toujours pas arrivé à Strasbourg».

Centre de crise

Les tirs, d’abord sporadiques puis en rafale, ont eu lieu peu avant 20 heures selon plusieurs témoins. Sur de premières vidéos diffusées sur les réseaux sociaux, des personnes étaient prises en charge, protégées par des couvertures de survie. Le tireur a ouvert le feu rue des Grandes-Arcades, une voie piétonne très commerçante, en plein cœur du centre historique. Une rue également très proche des installations du marché de Noël, l’un des plus anciens et visités d’Europe, qui se déroule dans tout le centre-ville.

En raison de la menace terroriste, notamment depuis les attentats du 13 novembre 2015, ces festivités font l’objet d’une sécurisation extrêmement importante. La même année, la municipalité avait hésité à les maintenir en raison du risque. Le marché de Noël de Strasbourg avait d’ailleurs fait l’objet d’un projet d’attentat à la bombe en 2000, qui aurait visé notamment la cathédrale. Pour maintenir les festivités ces dernières années, les autorités ont mis en place des barrages filtrants. De nombreux policiers, ainsi que l’opération Sentinelle, ont été déployés. Le secrétaire d’Etat auprès du ministre de l’Intérieur, Laurent Nuñez, avait d’ailleurs participé à l’inauguration, le 23 novembre, avec le maire de la ville, Roland Ries. A Paris, le ministre de l’Intérieur, Christophe Castaner, a précipitamment quitté l’Elysée mardi soir, où il se trouvait pour la réception des parlementaires de la majorité par Emmanuel Macron. Après un passage par le centre de crise de Beauvau, il s’est rendu à Strasbourg.

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