Publié le 11 Jul 2015 - 01:09
TRADUITE A LA BARRE AVEC SON GARDIEN

Une dame aurait fait ligoter et séquestré sa locataire 

 

La dame Nd. B. Cissé et son gardien A. Faye risquent de passer six mois en prison. La bailleresse est accusée d’avoir fait ligoter puis séquestrer une de ses locataires pour l’empêcher de déménager à cause d’arriérés de loyer qu’elle lui doit.

 

La dame Nd. B Cissé a-t-elle voulu se substituer aux huissiers ou aux forces de l’ordre ? Sous le prétexte de détenir une ordonnance d’expulsion, elle a voulu s’opposer, le 25 juin dernier, au déménagement de Mme A. M. Diop, à qui elle avait loué une de ses villas. En apprenant que sa locataire avait emporté une partie de ses affaires, elle a voulu s’opposer à ce que cette dernière emporte le reste, vu qu’elle lui devait des arriérés de loyer estimés à 1,2 million F CFA. Seulement lorsqu’elle est arrivée, la locataire lui a refusé l’accès de la maison. La suite, la partie civile l’a racontée tout en pleurs.

‘’Les personnes avec qui elle était venue m’ont repoussé dans la maison, puis elle a donné l’ordre à ce qu’on me ligote et m’enferme dans la cuisine’’, a narré la locataire. Poursuivant son récit, elle a soutenu avoir été giflée par le gardien, puis ligotée des pieds et des mains et bâillonnée avec un scotch. Selon ses dires, lorsque ses enfants sont descendus de l’étage, ils ont été éconduits par le gardien. ‘’Mme Amar a confisqué mes téléphones pour les empêcher d’appeler leur père. Ainsi, j’ai vécu deux heures de calvaire’’, a ajouté la plaignante.

Entendus, Mme Cissé et son gardien ont clamé leur innocence. A. Faye a affirmé n’être descendu du taxi que lorsqu’il a vu sa patronne et la locataire se tirailler. Après quelques tergiversations, Mme Cissé a reconnu être entrée dans la maison. ‘’J’ai profité de la confusion pour m’introduire dans la maison, car je voulais vérifier ce qu’elle y avait laissé’’, a déclaré la bailleresse. Lorsque l’un des assesseurs lui a demandé pourquoi elle s’est permise d’entrer dans la maison, elle a évoqué une certaine clause figurant dans le contrat de location. ‘’Cette clause est nulle, car la maison lui appartient dès l’instant que vous la lui avez louée’’, lui a rétorqué le juge.

Et si dans un premier temps, Mme Cissé a affirmé y être restée 10 minutes seulement, elle a fini par avouer avoir fait presque deux heures, pour changer les serrures. La bailleresse a également avoué avoir pris le sac de la partie civile, mais non pour empêcher à ses enfants de passer un coup fil. ‘’J’ai vu que le sac contenait des tablettes et je voulais le mettre à l’abri. C’est pourquoi je l’ai donné à mon gardien, pour éviter qu’on m’accuse’’, s’est défendue Mme Cissé.

Interpellée sur les dénégations des prévenus, la partie civile a soutenu : ‘’Je ne sais que dire car ils sont plus âgés que moi. En tout cas, je n’ai pas intérêt à me ligoter toute seule et à jeter mes affaires dans la rue et à les détruire.’’ Embouchant la même trompette que sa cliente, Me Yéri Bâ a laissé entendre qu’il y a destruction, séquestration et coups et blessures volontaires. Il en veut pour preuve les messages que la prévenue a envoyé à sa cliente lui annonçant qu’ils allaient venir l’expulser. ‘’Elle ne peut inventer une affaire aussi ignoble’’, a fulminé Me Bâ qui a réclamé 10 millions, au titre de préjudice.

Pour la représentante du parquet, la prévenue ne devait pas se faire justice elle-même. Aussi, a-t-elle demandé la production de l’ordonnance d'expulsion évoquée par Mme Cissé. A ses yeux, les délits sont avérés, car il est inconcevable que la locataire ait accepté passivement qu'on change les serrures de sa maison. Pour la répression, elle a requis 2 ans dont 6 mois ferme.

Mais, de l’avis de Me Ibrahima Mbengue, la partie civile ‘’a gonflé à bloc les faits’’. Mieux, le conseil des prévenus juge complaisant le certificat médical versé par la locataire. Néanmoins, il a plaidé coupable pour le délit de violation de domicile, car il a reconnu que sa cliente a eu tort d’entrer dans le domicile de la partie civile. Ainsi, il a sollicité la clémence pour ce délit et la relaxe pour les coups et blessures volontaires et le dommage à la propriété mobilière d’autrui. Délibéré  le 16 juillet.

FATOU SY

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