Publié le 10 Feb 2021 - 00:37
TRAITEMENT DE L’AFFAIRE OUSMANE SONKO

L’opposition met en garde les juridictions

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Les manifestations de soutien en faveur du parlementaire Ousmane Sonko se poursuivent. De façon unanime, des acteurs de l’opposition s’insurgent contre les institutions judiciaires et préviennent contre tout parti-pris dans le traitement de cette affaire.  

 

L’opposition sénégalaise redoute les syndromes Khalifa Sall et Karim Wade dans l’affaire Ousmane Sonko. Des opposants qui ont été affaiblis politiquement par le biais de la justice. A cet effet, le Front pour une résistance nationale et la coalition Taxawu Senegaal ont publié des déclarations, hier, pour alerter sur une éventuelle manipulation de la justice dans cette affaire de viol et de menaces de mort qui met en cause le leader du Pastef.  

 Le Frn avertit ainsi sur les traitements réservés aux dossiers politiques. En effet, rappelle la structure dirigée par Mouhamadou Moctar Sourang, le tribunal est censé, chaque fois que de besoin, faire son travail librement, en toute indépendance, mais malheureusement, dénoncent-on, ‘’le parti-pris de certaines instances juridictionnelles est manifeste, quand il s'agit d'affaires politiques, ce qui n’est pas le cas, quand il faut poursuivre les mis en cause par les audits conduits par des institutions de l’Etat’’. Le Frn estime, d’ailleurs, que c’est ce qui est à la base du classement du Sénégal, parmi les derniers en matière de démocratie.

‘’Entre une démocratie imparfaite et la dictature. Quelle régression et quelle honte ! Le Frn pour sa part, tient à mettre en garde le régime en place pour lui signifier qu'il ne saurait demeurer indifférent face à de telles ignominies et d'arrêter la judiciarisation de la vie politique’’, lit-on dans le document.  

Dans la même lancé, la coalition Taxawu Senegaal précise que les accusations portées contre Ousmane Sonko ne doivent pas être l’occasion d’un acharnement judiciaire. Pour Khalifa Sall et ses alliés, la culpabilité du leader du Pastef n’est pas encore prouvée, ils appellent, par conséquence, au respect de sa présomption d’innocence, de son immunité parlementaire et, plus généralement, les droits dont bénéficient toute personne accusée.  ‘’Taxawu Senegaal met en garde le régime de Macky Sall, habitué à utiliser la justice pour liquider ses adversaires, contre toute instrumentalisation de la justice dans cette affaire, comme cela a été le cas contre Karim Wade et Khalifa Ababacar Sall’’, lit-on dans la déclaration de la structure dont le leader était, hier, chez Ousmane Sonko pour lui manifester son soutien.

Les membres de cette entité dénoncent, en outre, les fuites organisées en violation du secret de l’enquête et pensent, à cet effet, que la justice doit identifier et sanctionner les commanditaires et les auteurs de ces violations intolérables.  

 Le Front pour une résistance nationale qui regroupe des partis de l’opposition appelle d’ailleurs par-delà l'opposition, tous les patriotes et démocrates ‘’à se tenir debout et unis pour arrêter et mettre hors d'état de nuire cette dictature rampante qui menace la Nation toute entière’’.  ‘’Avant-hier, c'étaient les cas de Karim Wade et de Khalifa Ababacar Sall, accusés d'enrichissement illicite ou de détournement de deniers publics. Tous les deux ont été livrés à la vindicte populaire, emprisonnés et/ou exilé, par l'utilisation de la justice pour la liquidation d'adversaires politiques. Hier, c'était au tour respectivement, d’Abdoul Mbaye et de Bougane Dany Guèye, vilipendés comme des malpropres, soi-disant impliqués dans des affaires non conformes à la moralité. Aujourd'hui, c'est Ousmane Sonko qui se voit indexé pour une supposée affaire de mœurs’’, fustige le document.  

Pour Moctar Sourang et Cie, le Frn ne peut que s'indigner avec la dernière énergie devant cette stratégie à ses yeux manifestement déroulée ‘’pour tenter d'affaiblir et liquider politiquement et socialement des adversaires politiques, en foulant aux pieds toute considération d'ordre éthique. On le sait, l'objectif visé est de réduire l'opposition à sa plus simple expression!’’. 

Machination institutionnelle

Le Secrétariat général de la Ligue des Masse (LM) dénonce, lui, la machination institutionnelle orchestrée à l’encontre du député Ousmane Sonko. Il s’insurge contre ‘’ce type de complot machiavélique, et dénonce avec la plus grande fermeté cette conspiration contre le Président Ousmane Sonko qui est un challenger de taille pour déboulonner le régime en place’’. La LM désapprouve et condamne avec vigueur la virulence de toutes ces accusations mensongères et fabriquées qui portent atteinte à la vie strictement privée du président Ousmane Sonko, surtout sous la conduite d’une justice aux ordres et manœuvrée dans le but de neutraliser, d’intimider et de divertir le porteur d’espoir de la présidentielle de 2024.

Le président du mouvement AGIR n’en pense pas moins et indexe, à cet effet, le procureur de la République qui, dit-il, est devenu un danger pour la démocratie. Thierno Bocoum en veut pour preuve ‘’ses décisions illégales et sa posture de récidiviste’’ qui montrent qu’il préfère mettre la loi en dessous des volontés politiques de sa hiérarchie. ‘’Convoquer un député tout en ignorant les dispositions combinées des articles 61 de la Constitution et 58 du règlement intérieur de l’Assemblée nationale est un acte grave posé par le procureur de la République. Et ce n’est pas la première fois’’, déclare l’ancien parlementaire.  Thierno Bocoum rajoute que le leader du Pastef est un député du peuple qui a des droits consacrés dans la charte fondamentale du Sénégal. Il pense, à cet effet, que le trouble à l’ordre public devrait être opposé aux agents de l’Etat qui violent les lois et créent des situations de tensions.  

HABIBATOU TRAORE  

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