Publié le 8 Apr 2020 - 22:58
TRAITEMENT DU CORONAVIRUS

La chloroquine sous surveillance

 

Malgré les résultats positifs depuis son implication dans la prise en charge des malades de la Covid-19, les effets de la trouvaille du Pr. Raoult restent étroitement surveillés au Sénégal.

 

L’utilisation de la chloroquine dans le traitement de la pandémie du coronavirus au Sénégal se montre efficace, depuis plusieurs jours. Cependant, des entités de régulation pour l’utilisation des médicaments dont la Direction de la pharmacie et du médicament, le Laboratoire national de contrôle du médicament et la Commission autour du médicament se sont réunies hier, à Dakar, pour en discuter et l’encadrer. Une procédure somme toute normale, concernant tout médicament dont l’utilisation a été autorisée dans le pays et qui se justifie, selon le professeur Yerim Mbagnick Diop.

Pour le directeur de la Pharmacie et des Médicaments, ‘’sur la conduite médicamenteuse, il faut faire de sorte que la sécurité sanitaire du patient soit garantie. Le Pr. Seydi applique un protocole reconnu au plan international et nous avons des résultats encourageants au Sénégal. Mais cela ne nous empêche pas d’évaluer, puisque nous sommes en face d’un médicament avec quelques effets indésirables. Nous attendons l’avis des experts qui suivent régulièrement les malades et produisent des notifications pour poursuivre ou non les traitements. Nous devons rester en alerte pour ne pas que les médicaments produisent des effets indésirables chez les patients’’.

La chloroquine était utilisée pour soigner le paludisme. Mais, suite à beaucoup de résistances développées par des patients, son emploi avait été arrêté au Sénégal, bien que d’autres pays continuent à l’utiliser pour soigner cette pathologie.

Si le traitement par chloroquine de la Covid-19 n’a pas encore été arrêté, constate le Pr. Diop, c’est qu’il n’y a pas encore d’effets graves l’imposant. Cependant, un comité d’experts doit suivre l’évolution de ce traitement et évaluer le rapport bénéfice/risque. Avec 105 cas soignés, à la date d’hier, sur un total de 237 patients testés positifs au coronavirus, le Sénégal présente un des meilleurs taux de guérison d’Afrique.

700 doses de traitement pour les malades de Covid-19

En charge de la disponibilité et de l’accessibilité des médicaments, la Direction de la pharmacie et du médicament assure la politique pharmaceutique. Mais avec les bons résultats notés dans le traitement par chloroquine, les fabricants indiens avaient décidé de réquisitionner leurs stocks. Ce qui avait provoqué une période d’incertitude quant à la disponibilité en quantité de la chloroquine au Sénégal, alors que la production locale est à l’arrêt, depuis quelques mois.

Cependant, le directeur de la Pharmacie et des Médicaments se veut rassurant, par rapport au niveau de l’épidémie au Sénégal : ‘’Dans une hypothèse pessimiste, nous avons jusqu’à 700 doses de traitement pour plus de 132 patients traités. Mais il y a des stocks en train d’être acheminés au Sénégal.’’

Pour les autres maladies nécessitant l’utilisation de la chloroquine, une note du ministère de la Santé a été adressée au personnel médical pour rappeler les bonnes pratiques de contingentement en situation de crise. ‘’Chaque fois qu’un malade présente une ordonnance pour un rhumatisme ou un lippus, le pharmacien doit le servir et éviter un surstock de médicaments pour que tout le monde puisse en avoir’’, précise le Pr. Diop.

Même si tous les malades ne reçoivent pas systématiquement un traitement à base de chloroquine, la gestion des stocks disponibles reste primordiale dans la lutte contre la pandémie. Ce qui incite le docteur Marie Khemess Ngom Ndiaye, Directeur général de la Santé publique, à avertir les citoyens qu’il ne faut surtout pas prendre de la chloroquine en prévention de la Covid-19. ‘’La meilleure façon de se prémunir est de respecter les gestes barrières que sont la distanciation sociale, le port d’un masque et le lavage des mains’’, assure la présidente du Comité national de la gestion des épidémies. La balle est dans le camp des populations, maintenant que la transmission communautaire a commencé à prendre de l’ampleur.

LAMINE DIOUF

 

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