Publié le 23 Mar 2020 - 21:14
TRANSFERTS D’ARGENT, MICROFINANCE… AU DJOLOFF

Entre le marteau du confinement en Occident et l’enclume de la fermeture du ‘’louma’’ 

 

Entre la fermeture du ‘’louma’’ et le confinement en Occident qui impacte les émigrés, le département de Linguère est durement impacté. Le business des services de transfert d’argent et les institutions de microfinance ne voient plus personne. Reportage.

 

Le département de Linguère est une ville qui a envoyé beaucoup de ses fils à l’étranger. De ce fait, les services de transfert et de retrait d’argent ont poussé comme des champignons, ces derniers mois. Généralement, ils offrent les mêmes services aux populations, mais les plus prisés sont Ria, Western Union et Orange Money. Alors que la Covid-19 gagne du terrain au Sénégal et a durement touché les pays occidentaux qui accueillent de nombreux émigrés, ces structures accusent le coup. Les clients se font rares, parce qu’ils ne reçoivent presque plus d’envois de l’étranger.

Le chef du bureau de Poste de Dahra, M. Diack, confirme : ‘’Cette pandémie a commencé à faire des effets concernant les transferts d’argent, surtout les flux venant de l’étranger comme Western Union, Ria… Ces temps-ci, on ne voit plus les clients. Ça veut dire que les effets commencent à se faire sentir au niveau du bureau de Poste de Dahra. Depuis une semaine, j’ai constaté une baisse des opérations.’’ Se gardant d’avancer des chiffres, M. Diack ajoute avec prudence qu’à ‘’cette période du mois, on constate d’habitude une baisse des envois ou retraits. Dahra est un bureau payeur. On enregistre, ces temps-ci, 5 envois, tous mandats confondus. On peut rester toute une journée sans enregistrer un seul envoi’’. Au bureau de Poste de Dahra, les clients arrivent au compte-gouttes, ce qui nous renseigne sur la gravité de la situation.

Même décor à la mutuelle ACEP (Alliance de crédit et d’épargne pour la production). À l’heure de la fermeture, hormis les clients qui s’affairent au remplissage de leurs dossiers de crédit, pas l’ombre d’un client qui fait des opérations de retrait ou d’envoi. Interrogée sur la situation, la cheffe du bureau par intérim indique que la situation est alarmante et elle est sentie par toutes les mutuelles d’épargne et de crédit installées à Dahra. Pour F. Niang, ‘’rien que le dimanche, la mutuelle enregistrait 25 envois, via Western ou Ria, mais depuis une semaine, les transferts sont quasi inexistants’’.

En effet, dans le département de Linguère, les structures financières comptent plus de clients éleveurs qui s’activent dans le commerce du bétail. Ce qui fait qu’après le ‘’louma’’ (marché hebdomadaire), ceux qui ont pris des crédits remboursent, mais pour ce mois de mars, s’inquiète F. Niang, ‘’on risque de ne peut pas enregistrer de remboursement de crédit, pendant trois semaines, ce qui va se répercuter sur les évaluations mensuelles des mutuelles’’.

Les gérants de kiosques de transfert d’argent (Wari, Orange Money, Wave…) ne sont pas épargnés par la situation. Au moins pour trois d’entre eux interrogés, la réponse est identique : ‘’Plusieurs clients vident leurs comptes. On peut rester une journée sans avoir le moindre envoi.’’

Au Djoloff, même si aucun cas de coronavirus n’a été enregistré par les autorités sanitaires, la pandémie a causé une crise sentie par tous. Même les prix des moutons et des boucs ont chuté, car certains éleveurs sont obligés de bazarder leurs bêtes pour acheter des denrées alimentaires.

MAMADOU NDIAYE (LINGUÈRE)

 

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