Publié le 25 Mar 2020 - 21:20
TRANSPORT ET ETAT D’URGENCE

Des mesures coercitives pour freiner la circulation du virus

 

Le Sénégal renforce son dispositif de riposte à la propagation du coronavirus. Ainsi, à la suite de la sortie du chef de l’Etat, ce lundi, pour décréter l’état d’urgence, le ministre des Transports terrestres et des Infrastructures a décliné, hier, les mesures prises par son département pour barrer la route à la Covid-19.

 

La plupart des cas de coronavirus enregistrés au Sénégal sont importés. Et depuis quelques jours, des cas communautaires commencent à être enregistrés, avec parfois des malades empruntant des transports publics pour fuir la quarantaine. Ce qui montre que le transport est un vrai vecteur de propagation du virus. C’est pourquoi le ministre en charge du secteur, Me Oumar Youm, a mis en place une batterie de mesures pour freiner la circulation de la Covid-19 à l’intérieur du pays, par le biais des voyages internes. Ainsi, en plus de l’interdiction du transport interurbain entrée en vigueur depuis la mise en place de l’état d’urgence, d’autres restrictions ont été annoncées pour renforcer la riposte à la propagation de la Covid-19 dans les transports.

L’objectif est de protéger davantage les citoyens contre cette maladie qui continue de semer la panique à travers le monde. ‘’Ces décisions de protection des citoyens sénégalais appellent à la responsabilité de chacun, dans une logique de solidarité et de cohésion nationales. Elles exigent une application diligente et concertée dans tous les secteurs. C’est pourquoi j’ai déjà pris une série de mesures aptes à contribuer efficacement à la lutte contre la propagation de la Covid-19 dans le secteur des transports publics. Ces mesures vont être renforcées pour préserver la santé des chauffeurs, des conducteurs, du personnel des transports publics et des usagers’’, indique le ministre.

Il s’agit, d’abord, de plus de régulation dans le secteur du transport public comme privé. À cet effet, pour le transport de voyageurs, ‘’l’embarquement des passagers dans les bus, minibus et autocars effectuant un transport public ou privé, se fera désormais dans le respect des places assises qui seront distribuées, en tenant compte des distances d’au moins un mètre entre les passagers. Le nombre de passagers à bord des catégories de véhicules à usage public ou privé sera aussi limité à la moitié des nombres de places prévus par la carte grise du véhicule. De même, tous les passagers des véhicules de transport devront, dorénavant, se munir d’équipements appropriés de protection (gangs, masques, produits hydro-alcooliques, mouchoirs jetables) et les passagers ainsi que le conducteur doivent systématiquement porter des masques et des gants durant tout le trajet’’.

Fermeture des gares routières interurbaines

Quant aux gares routières interurbaines, elles seront tout simplement fermées, puisque le transport interurbain est interdit par l’état d’urgence. Par conséquent, ‘’toute fréquentation de ces gares routières non liées aux activités de transport sera interdite et les activités commerciales dans lesdites gares sont suspendues jusqu’à nouvel ordre’’. Cette mesure est aussi valable pour les gares des gros-porteurs.

Outre le transport en commun, des mesures ont été prises pour les taxis et les véhicules particuliers. Ainsi, le nombre de passagers à bord des taxis urbains et véhicules particuliers est maintenant limité à 3 places au lieu de 5, y compris celle du conducteur. Concernant les véhicules deux-roues, le nombre de passagers autorisés est limité à une place. Quant aux opérateurs de transport, ils procéderont désormais, obligatoirement, au nettoyage, désinfectant de chaque véhicule de transport public, au moins une fois par jour, et mettront à disposition de leur personnel les équipements dédiés.

Le transport des marchandises essentielles à la vie économique va se poursuivre, mais avec de nouvelles précautions. Ainsi, à l’instar des autres secteurs du transport, cette filiale va aussi connaître des restrictions. En conséquence, le nombre de passagers à bord de ces véhicules est limité à 2 personnes y compris le conducteur. Ces passagers devront aussi être équipés de masques et de gangs durant tout leur trajet.

Exploitation des autoroutes

Ces mesures prises pour freiner la contamination de la Covid-19, à travers le transport, sont élargies au secteur des infrastructures routières. Dans ce sens, le ministre Oumar Youm a ordonné aux exploitants des autoroutes à péage d’améliorer les conditions d’hygiène sanitaire pour le personnel et les usagers, de réduire leur effectif de péagers et d’assistants à voie automatique, ainsi que les facilitateurs de trafic. Concernant les cartes de transaction manuelle, Me Youm recommande de les traiter avec le maximum de précaution et de protéger le personnel par le port systématique de gants et de masque obligatoire pour tout le monde. Les exploitants sont aussi invités à adapter leur effectif de viabilité en fonction de l’amplitude des tâches liées à l’exploitation des autoroutes.

‘’J’engage les exploitants et les opérateurs de service de transport routier à appliquer rigoureusement les règles de distanciation sociale ainsi que les mesures d’hygiène et de sécurité arrêtées et préconisées par le ministère de la Santé. Ces mesures auront un impact significatif sur l’offre de transport public déjà déficitaire à Dakar. C’est pourquoi il est hautement recommandé aux entreprises publiques et privées, les sociétés utilisatrices de grande main-d’œuvre, les industries agroalimentaires ainsi que les BTP de moduler leurs effectifs en cohérence des mesures d’ajustement de l’offre de transport qui se voit ainsi modulée’’, recommande le ministre Youm.

Il rappelle aussi aux opérateurs de transport la nécessité de respecter la tarification. ‘’En aucun cas, les mesures restrictives en l’offre de transport ne doivent conduire à une augmentation des tarifs. C’est pourquoi j’ai mis en place, depuis hier, un comité de veille et de suivi des impacts du coronavirus dans le secteur des transports terrestres. Ce comité, composé de différents acteurs, notamment les opérateurs et les usagers, est chargé, entre autres, d’évaluer les impacts économiques qu’entraînera la mise en œuvre de ces mesures et d’apporter des actions de mitigation en relation avec les ministres des Finances et de l’Économie’’, annonce-t-il.

Maître Oumar Youm invite, par ailleurs, les forces de défense et de sécurité et les autorités judiciaires à veiller à faire respecter les dispositions de l’article 35 de la loi de 2003 portant organisation des transports terrestres qui interdit l’exercice illégal de la profession de transporteur, les gares routières flottantes.

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ALY NGOUILLE NDIAYE SUR LES RASSEMBLEMENTS PUBLICS

‘’Nous n’avons pas dit interdiction de prière’’

L’interdiction de la prière du vendredi à la mosquée sur toute l’étendue du territoire sénégalais reste une question délicate qui sera bientôt résolue, selon le ministre de l’Intérieur. Interpellé sur la question hier, lors de sa conférence de presse en ligne, le ministre de l’Intérieur a mis l’accent sur l’interdiction de rassemblements publics et souligne qu’ils travaillent à obtenir la fermeture de toutes les mosquées, d’ici vendredi.

Le flou persiste autour de l’interdiction des prières du vendredi à la mosquée. En effet, la semaine dernière, le gouverneur de Dakar avait, à travers un arrêté, interdit les rassemblements pour la prière à Dakar. Au même moment, d’autres villes du pays comme Touba et Kaolack avaient décidé de tenir le rassemblement religieux. Ce qui avait soulevé une vive polémique alimentée par le déplacement du secrétaire général de la Présidence, Mahammed Boun Abdallah Dionne, à Touba, qui avait, à l’occasion, prié aux côtés des autorités religieuses de la ville, en dépit de l’interdiction des rassemblements publics en vigueur.

Interpellé, hier, sur la question, le ministre de l’Intérieur a souligné que les rassemblements publics sont interdits, mais la prière ne pouvait l’être. ‘’Je voudrais préciser que nous avions interdit les rassemblements et c’était une démarche didactique. Ce n’est pas la prière. On ne peut pas interdire la prière. Nous avions sollicité, dans la démarche, tous les marabouts, notamment les khalifes des différentes familles religieuses par rapport aux différents évènements qui avaient lieu, en ce mois de mars, pour qu’ils acceptent, pour cette période, d’éviter les regroupements. Et ceci est également valable dans les lieux de culte. Mais nous n’avons pas dit interdiction de prière’’, a précisé le ministre de l’Intérieur lors de la conférence de presse organisée, hier, au siège du ministère de la Santé, autour des questions qui entourent l’état d’urgence décrété par le chef de l’Etat.

Le ministre Aly Ngouille Ndiaye de poursuivre : ‘’Ce qui s’est passé le vendredi dernier, c’est important de le souligner. Le gouverneur de Dakar avait pris un arrêté pour Dakar, compte tenu de ce que nous savions de la dispersion de la maladie à Dakar. Mais, dans les autres circonscriptions, les gouverneurs n’avaient pas jugé utile de prendre des arrêtés. Cependant, par une approche didactique, nous avons cherché à discuter avec tous les marabouts et les associations d’imams, et nous avons eu une bonne satisfaction, vu le nombre de mosquées qui ont évité les rassemblements à l’échelle nationale. Je ne dirai pas qu’ils n’ont pas prié. Sur 4 500 mosquées au niveau national, nous avons eu 500 et quelques mosquées où les prières ont été effectuées et, des fois, il n’y avait pas de rassemblements. Ce qui veut dire que 89 % des mosquées ont évité les rassemblements et nous allons avoir cette même démarche, d’ici vendredi, pour avoir 100 %, parce que les marabouts comprennent que, pour protéger les talibés, ils ont besoin d’éviter au maximum ces rassemblements dans les lieux de culte’’, indique-t-il.

Cet objectif devrait être atteint, puisque le khalife général des mourides a pris le train en marche et demandé aux fidèles de rester prier chez eux.

Autorisations spéciales de circuler

Outre l’épineuse question de l’interdiction des prières du vendredi, le ministre de l’Intérieur a été interrogé sur les possibilités de dérogation pour les entreprises obligées de travailler ou se déplacer pendant le couvre-feu. Et dans ce sens, Aly Ngouille Ndiaye a indiqué qu’il est prévu, dans les arrêtés portant l’interdiction, des dérogations pour les entreprises privées contraintes de travailler durant le couvre-feu. ‘’Il faut savoir que tout le monde n’est pas concerné par cette mesure. Il y a certainement des dérogations et nous avons déjà, dans l’arrêté qui porte interdiction temporelle de circuler, des personnes ou des corps qui sont exclus, comme les présidents d’institution de la République, les ministres et les secrétaires d’Etat, les députés, les ambassadeurs, les gouverneurs, les préfets et sous-préfets ainsi que leurs adjoints, les magistrats et les greffiers, en plus des forces de défense et de sécurité, et les personnels de santé. Par contre, pour les autres, le ministre de l’Intérieur, les gouverneurs de région ou les préfets peuvent délivrer des autorisations spéciales de circuler, en cas de nécessité’’, explique Aly Ngouille Ndiaye.

ABBA BA

 

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