Publié le 22 Oct 2015 - 02:58
TRILOGIE LITTERAIRE

L’Afrique d’Amadou Elimane Kâne

 

Amadou Elimane Kâne vient de terminer une trilogie dont le dernier maillon est ‘’Une si longue parole’’. EnQuête vous présente sommairement les dernières œuvres de l’auteur édité par la maison ‘’Lettres de renaissance’’.

 

Il ne défie pas forcément ses aînés, mais va quand même à l’encontre de leurs idées. Du moins, c’est ce que l’on peut retenir de la trilogie de l’écrivain, enseignant et chercheur Amadou Elimane Kâne. ‘’L’ami dont l’aventure n’est pas ambiguë’’, ‘’Les soleils de nos libertés’’ et le dernier roman sorti en septembre dernier ‘’Une si longue parole’’ forment cette trilogie. Chaque titre nous laisse une impression de déjà entendu. Et c’est le cas. Le premier rappelle ‘’L’aventure ambiguë’’ de Cheikh Hamidou Kâne, le second n’est qu’une paraphrase des ‘’Soleils des indépendances’’ d’Ahmadou Kourouma et le troisième évoque ‘’Une si longue lettre’’ de Mariama Ba.

Trois ouvrages qui pourraient constituer de fort belle manière une anthologie de la littérature africaine. Comme dans les titres, les contenus aussi renvoient souvent le lecteur à ces romans-là. Même si des différences, il y en a énormément. Car si beaucoup d’analystes trouvent que le choc des cultures est très présent dans le roman de Cheikh Hamidou Kâne, Amadou Elimane Kâne lui ne croit pas à ce choc des cultures. Il l’a dit, lors de la présentation du dernier maillon de sa trilogie, dans un restaurant de Dakar. Malgré tout, comme l’a souligné le journaliste culturel Gilles Arsène Tchedji, parlant de ‘’L’ami dont l’aventure n’est pas ambiguë’’, ‘’ce récit passionnant sonne en écho à l’œuvre de l’écrivain Cheikh Hamidou Kane’’.

Car, dit-il, ‘’il dénonce en réalité les injustices, toutes les injustices et exhorte à la solidarité dont la première forme est d'aider l'autre à apprendre, à acquérir de la connaissance’’. Aussi, sur le quatrième de couverture, il est écrit : ‘’C’est le récit de plusieurs vies. Boubacar, jeune Sénégalais, quitte son pays en espérant trouver une vie meilleure en France. A force de travail, de ténacité, il réussit ce dont il avait toujours rêvé, devenir un homme, un intellectuel, un homme droit. Samba Diallo, homme politique et autre personnage du récit, n’est plus dans l’ambigüité et a choisi de rompre avec l’intérêt général’’.

Montrer ‘’une autre voie…, celle de la renaissance, du savoir’’

Dans ‘’Les soleils de nos libertés’’, M. Kâne met le lecteur face à Moussa qui serait le ‘’Fama’’ de Kourouma. Seulement, Moussa est plus optimiste que Fama et a une plus grande estime de soi. Et tel que le résume Gilles Arsène Tchedji, dans sa présentation de l’ouvrage, il ‘’aborde la question d’une pédagogie de l’humain par la poésie. A travers cette publication, l’auteur porte la voix de la jeunesse. D’abord, Dieynaba, la collégienne exilée, fille de Samba Diallo, Moussa, l’étudiant en Sciences Po. Abdul, étudiant en France, ami de Moussa, dont la mère, dans ses lettres, parle la langue des oiseaux. Tous tournés vers l’excellence scolaire.

Tous aussi voués aux exils intérieur ou extérieur comme étapes nécessaires de l’existence humaine’’. En outre, dans  ce roman, il est aussi question pour l’auteur de montrer ‘’une autre voie de l’image du continent africain, celle de la renaissance, du savoir, de la transmission qui doivent bâtir les soleils essentiels, ceux d’une liberté qui ne soit plus condamnée à la corruption, aux mensonges cruels, à l’irréel dévastateur’’. Ainsi, ‘’la terre africaine est le fruit du travail des hommes, de leurs enfants et des enfants de leurs enfants’’, lit-on sur le quatrième de couverture.

 ‘’Une si longue parole’’ est le dernier livre de l’auteur disponible en librairie, depuis le 15 décembre passé. Jusque dans la trame, ce livre ressemble à celui de Mariama Ba. Mais ici, la femme ne fait pas que subir des choses, elle agit et arrive à changer des choses. Loin de la personnalité de Ramatoulaye, celle de Fatimata est dominatrice. L’avocate ne se soumet pas totalement et a su prendre les choses en main quand il le fallait. Fatimata n’en est pas pour autant un anti-modèle social. Elle est donc, selon Amadou Elimane Kâne, ‘’la femme qui mène le combat pour la justice jusqu’à rompre avec son mari. Et dans le livre, elle fait appel aux enseignements de Thierno Souleymane Baal’’, fait-il savoir.

Le point commun de ces trois livres, en plus d’avoir le même auteur, est qu’ils présagent un avenir meilleur pour l’Afrique. Ces livres nous montrent une Afrique nouvelle qui peut compter sur elle, donc, capable. 

BIGUE BOB

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