Publié le 31 Dec 2014 - 16:44
UNE ANNEE SANS GREVE ET TRES PEU AGITEE

Le calme avant la tempête revendicative

 

Exceptionnelle ! L’année 2014 l’a été sur le plan syndical dans le secteur de l’éducation. Les enseignants ont enterré la hache de guerre durant les 9 mois qu’a duré l’année scolaire. Malgré tout, le gouvernement n’a pas su profiter de l’accalmie, en dépit d’un protocole dûment signé. Aujourd’hui, les troupes sont mobilisées pour une bataille presque certaine en 2015.

 

Le secteur de l’éducation, contrairement aux années passées, a été en 2014 un long fleuve calme, du moins sur le plan syndical. A la faveur d’un protocole d’accord entre enseignants et gouvernement, les syndicalistes ont été ‘’sages’’ durant toute l’année scolaire. Pour une fois, ils ont déserté les micros et caméras des radios et télévisions ainsi que les colonnes des journaux pour se concentrer dans les salles de classe. Cela, durant 12 bons mois et même plus, puisque la trêve date en réalité de 2012, après l’arrivée des nouvelles autorités qui avaient pris des engagements depuis la campagne électorale de la présidentielle.

Comment est-on parvenu à un tel exploit avec un monde syndical parfois réputé trop gourmand et va-t-en-guerre, obligeant même certains des leurs à regretter un développement fulgurant du ‘’syndicalisme mercantile’’ ? Le coordonnateur de la Coalition des synergies pour le développement de l’éducation pour tous (COSYDEP) énumère trois raisons décisives. La première est liée au contexte. Le pouvoir de Wade, responsable en bonne partie de la situation pourrie, est partie. De nouveaux dirigeants sont arrivés. Il fallait leur accorder un délai de grâce permettant en même temps de jauger leur volonté.

La deuxième raison, selon Cheikh Mbow, est que l’image des syndicalistes était sérieusement atteinte du fait des grèves répétitives et parfois pas forcément bien perçues par l’opinion. Les enseignants avaient donc besoin de changer un tant soit peu de stratégie de lutte, afin de redorer leur blason terni. La troisième raison est que le mouvement syndical, jadis très divisé, a su se retrouver dans de grands ensembles comme le Cadre unitaire des syndicats d’enseignants (CUSE), le Grand cadre ou encore les cinq syndicats membres de l’internationale syndicale. Ces regroupements ont permis aux différentes formations d’avoir des vues convergentes sur certains points majeurs qui interpellent le système éducatif. Ces trois raisons entre autres réunis, ont permis d’arriver à une année sans perturbation majeure.

Cela ne veut pas dire pour autant que le ministre de l’Education Serigne Mbaye Thiam n’est pas confronté à une crise. Au contraire. Il en a eu deux au moins. Le plus retentissant a été la fraude constatée chez les élèves-maîtres. 690 futurs enseignants qui avaient déjà débuté une formation en pédagogie du transfert du savoir ont vu leur nouveau cursus stoppé net. Car, le ministre estime qu’ils ont fraudé pour être admis dans les centres de formations. Par conséquent, ils ont pris la place de ceux-là qui en sont les vrais méritants. Il faut donc procéder à leur remplacement et confier le dossier à la justice.

Les présumés coupables ayant clamé leur innocence et crié à l’injustice sur tous les toits, rien n’y fit. Leur sort était déjà scellé par la conviction du ministre, assise sur des ‘’preuves’’. Il en est de même des deux collaborateurs de la tutelle soupçonnés d’être impliqués dans le réseau des falsificateurs de notes. Ils ont tous été démis de leurs fonctions, en guise de mesure conservatoire. Aujourd’hui, le dossier suit son cours, assure le ministre.

FASTEF : ‘’Affectez-nous ou enterrez-nous !’’

L’autre dossier a été et reste toujours d’ailleurs les sortants de la Faculté des sciences et techniques de l’éducation et de la formation (FASTEF). A l’arrivée des nouvelles autorités, le ministre de l’Education avait fait comprendre que son département ne pouvait pas prendre tous les diplômés de la FASTEF. Pourtant, la tradition veut que tous les diplômés de cette institution soient recrutés par l’Etat. L’annonce du ministre, même si elle n’est pas hors-la-loi, a surpris quand même plus d’un. Un mouvement est alors déclenché.

Tout le monde avait certes le sentiment d’être victime d’une injustice, mais ceux qui avaient suivi la formation gratuite avait plus de raison de l’être puisqu’étant sélectionnés en fonction des places disponibles communiquées par le ministère. La lutte a abouti à l’affectation d’une partie d’entre eux. Mais certains impétrants, issus de la formation payante notamment, attendent toujours leur affectation. Ils ont même observé une grève de la faim, avec comme mot d’ordre ‘’affectez-nous ou enterrez-nous !’’. Grâce à des médiations, leur mouvement a été suspendu. Pour le moment, ils ne sont ni affectés ni enterrés. Le dossier grade la mention ‘’à suivre’’.

Quant aux deux parties, le gouvernement et les syndicalistes, tout porte à croire que la pause n’a fait que les éloigner l’une de l’autre. Et apparemment, la tenue des Assises de l’éducation n’a rien changé. Depuis le conclave, rien ne bouge. Les enseignements ont le sentiment d’être ‘’méprisés’’ (sic). A en juger par le bouillonnement actuel, tout indique que 2014 n’est que le calme qui précède la tempête. 2015 s’annonce déjà mouvementé. 

BABACAR WILLANE

 

 

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