Publié le 9 Apr 2020 - 01:07
UNE COMMUNICATION DE SENSIBILISATION AU SÉNÉGAL CONTRE LE COVID 19

À l’envers

 

Il est aujourd'hui avéré que la solution contre le Coronavirus n'est pas, du moins pour le moment, médicale. Elle est plus préventive (d’après les propos du Pr. Seydi, Chef de service des maladies infectieuses et tropicales de l’hôpital de Fann). Cette position apporte la « preuve supplémentaire du rôle de la communication en tant qu’instrument pédagogique » (Messanger, 1994 : 229).

Aussi, de manière légitime ou légitimée, avec un statut légal ou légalisé et, surtout, sous une casquette de spécialiste ou de spécialisé, chaque sénégalais s’est brusquement découvert un talent de communicant de la prévention, de la sensibilisation. L’occasion faisant le larron, la lutte contre la pandémie du Coronavirus est la situation qui a favorisé et qui entretient la revendication de cette expertise nouvellement exercée par tous ; à tort ou à raison. Avec sans doute des effets parfois positifs, mais aussi avec pas mal de dégâts contreproductifs dans la lutte contre la cause. Les propos malheureux de personnes anonymes comme de personnes (re)connus en sont des illustrations. Mais en ce moment grave, l’heure n’est pas, ni de se lancer dans une chasse aux sorciers ni de perdre ce temps précieux à déconstruire leurs multitudes incommunications (D. Wolton) de changement d’attitudes et de comportements contre le covid 19. Dont leur diagnostic, après être soumis au laser, indique qu’elles infectent plus qu’elles ne désinfectent leurs sujets.

Alors, l’efficience nous dicte de refuser de nous laisser divertir dans une démarche de critique des incommunications sur le Coronavirus. Mais, d’adopter une approche plutôt critique en questionnant, cette fois-ci, la communication développée par l’Etat à travers son comité de lutte dénommé force Covid 19. Seule instance officielle et des officiels, qui est mandatée à concevoir et à développer la communication, non de crise, mais de temps de crise[1]. Forme de communication qui sied au Sénégal en ce moment de pandémie de Coronavirus. Communication gouvernementale tantôt traduite tantôt trahie par tous les répétiteurs qui la reprennent en boucle.

Quelle est cette communication de coroners sur le Coronavirus ?

La communication en tant qu’arme principale de défense contre la pandémie s’impose donc à tous les acteurs de la lutte contre le Coronavirus, à qui elle impose du coup d’en recourir ; nécessairement. Une fois que ce constat est aujourd’hui largement partagé, la question légitime qui mérite d'être posée est la suivante :

Le dispositif communicationnel mis en place par les autorités sénégalaises via le comité de lutte contre le Covid 19 pour stopper ou du moins ralentir la chaîne contagieuse et mortelle du virus donne-t-il des résultats encourageants ?

Pour que chacun répondre à cette question, en toute objectivité ou plutôt en toute objectivation, observons la courbe de cette chaîne contagieuse et mortelle du Coronavirus au Sénégal. Depuis le début de la guerre déclarée contre la pandémie le 2 mars 2020 jusqu’au 4 avril 2020. Avec une attention particulière qui sera accordée à la perspicacité de l’arme communicationnelle qui est massivement utilisée contre la propagation du virus.

A l’analyse, la tendance, en constante hausse que prend cette courbe de la chaine de transmission du Coronavirus dans notre pays ne m’inspire pas, moi pessimiste par nature, de la sérénité. Attitude qui contraste curieusement avec celle de confiance qui semble habiter la plupart des sénégalais, optimistes par principe. Trait assez marqué chez, même, certains parmi les plus hauts d’entre nous[2].

L’objectif de gagner cette grande guerre qui est d’éradiquer la pandémie du Covid 19 est très vaste. Alors la stratégie militaire veut, dans ce cas, qu’il soit alors subdivisé en sous-objectifs plus réalistes et plus faciles à atteindre. Les sous-objectifs à mi-parcours devant servir de baromètre graduel pour le protocole d’évaluation quant à la bonne progression dans ce plan de combat se conjuguent au temps composé du faire-faire les populations. Aussi, de manière factuelle, les communications qui sont développées en ce moment contre le Covid 19 doivent-elles (re)chercher comme des mi-finalités préventives, à savoir :

- Faire Prendre aux populations sénégalaises conscience de l'existence et de la gravité de la maladie ;

- Faire Comprendre aux populations sénégalaises les manifestations de la maladie et les gestes barrières à observer pour s'en prémunir ;

- Faire Adopter aux populations sénégalaises les comportements attendus pour se sauver et sauver les autres.

Le triptyque ci-dessus est la chaîne cohérente et logique à suivre pour arriver à bout de la chaîne de transmission de cette pandémie. Or, il apparait qu'il y a  justement entorse dans le suivi méthodologique du lien indéfectible qui doit (re)lier ces trois maillons de la chaîne.

Autrement dit, est-ce que le plan de communication qui est en train d’être déroulé au Sénégal par les autorités sénégalaises à travers les acteurs de force Covid 19 respecte l’ordre et le rythme de progression de l’itinéraire suivant ?

- D’abord, amener les populations à accepter l’existence et la gravité de la maladie ;

- Ensuite, instaurer chez les populations cibles la parfaite connaissance de la maladie et des gestes barrières nécessaires ;

- Enfin, parvenir à faire adopter aux populations ces dites gestes barrières dans leurs conduites de tous les jours. 

Etant entendu que c’est en empruntant et en faisant emprunter au sénégalais lambda cet escalier mental, attitudinal et comportemental, que notre pays aura sûrement plus de chance d’arriver au sommet du succès communicationnel contre le Covid 19 qui est notre principale aspiration. Si l’on sait que ce pari est loin encore d’être gagné, pour le moment. D’autant que le sénégalais qui doit en incarner la réussite par ses comportements conséquents souffre, face au Coronavirus de trois points de vulnérabilité psychologique ; intimement liés et qui se tiennent mutuellement.

D’abord, l’homogalensis est jusqu’à présent peu ou pas du tout convaincu de la maladie. Alors, de ce fait il n’est pas encore très réceptif et donc persuadé par les messages de prévention qui lui sont adressés. Des messages qui, dès lors qu’ils ne sont ni assimilés ni intégrés par le destinataire, ne seront pas traduits en actes dans les comportements de tous les instants et de tous les jours de ce dernier. Il s’agit alors d’une gamme de communication en crescendo qui suit un temps et une mesure.

Alors selon le cas, attention à la fausse note

Nous observons néanmoins qu’un certain nombre de faux pas sont en train d’être commis dans la manière d’escalader les marches de cet escalier communicationnel à trois niveaux, contigus. Dans l’urgence et la précipitation qu’impose la gravité de la situation et par souci de parler directement du vif du sujet du conflit, les communicants de la force Covid 19 sont en train :

-       soit de sauter tantôt pour aller directement sur les dernières marches ;

-       soit d’enjamber les premières marches en les esquivant.

De ce fait, les auteurs de la communication s’emmêlent un peu les pinceaux. En guise d’illustration pour caricaturer ce faux raccord contre-productif dans leur démarche, nous pouvons dire que nous assistons à un concert où les paroles de la chanson sont en train d’être déclamées plus vite que la musique. Dans l’(il)logique du (des)ordre (dis)continu qui peut-être ainsi (re)structuré.

Une communication pour faire comprendre avant une communication pour faire accepter la maladie.

Une erreur de priorisation est donc survenue dans l’agencement des différents maillons de la chaine communicationnelle qui est en train d’être tissée autour du Coronavirus par les parties prenantes. En effet, tout l'effort de la communication est, pour le moment strictement et seulement, porté sur l'objectif de faire comprendre la maladie et les gestes barrières.

Or, sur le chemin préventif bien (é)clair(é) qui mène à la victoire contre le Covid 19, cette communication déclinée et représentée dans l’image qui suit, ne se situe qu’au niveau de la deuxième balise. Donc dans l’architecture communicationnelle à bâtir, le premier pallié correspondant à la fondation pour se retrouver directement sur les élévations.

Certes le message délivré à ce niveau est clair, explicite et simple. Traduit dans les différentes langues, il s’avère accessible aux différents destinataires. Accompagné, en plus, par tous les slogans connexes formulés qui facilitent son appropriation. Les plus vulgarisés parmi ces slogans supports sont :

- Restez chez-vous ;

- Evitez les rassemblements ;

- Observez une distance d’au moins d’un mètre avec votre vis-à-vis et votre interlocuteur.

Un dispositif préventif qui est bon en soi dans ce contexte-ci. Mais, qui à l’évidence ne produit pas encore les effets escomptés. La preuve, beaucoup de sénégalais sont à même de répéter mécaniquement et inconsciemment les gestes barrières à savoir :

- Se laver régulièrement les mains avec du savon ou de la solution hydro alcoolique ;

- Tousser ou éternuer dans son coude ou dans un mouchoir ;

- Utiliser un mouchoir à usage unique et le jeter ;

- Saluer sans serrer les mains et éviter les embrassades.

 Mais combien sont nos compatriotes qui sont dans les (pré)dispositions à les adopter dans les faits ? Pour se faire sa propre idée, que chacun tourne la tête autour de lui et fasse une évaluation rapide sur ses voisins immédiats. La raison de ce décalage, qui révèle une faille dans le dispositif communicationnel déroulé aujourd’hui par Force Covid 19, n’est pas dans la pertinence du message délivré. Mais, elle se trouve plutôt dans la mise en œuvre du cadre global du dispositif, en ce que le premier pallier est omis.

Alors que le destinataire sénégalais n'est pas encore convaincu de l'existence de la maladie (premier maillon de la chaîne). L’effet domino, qui s’ensuit est que, même si il se révèle être plus ou moins connaisseur de la maladie et des gestes barrières grâce à l’efficacité des messages qui lui sont adressés, à cet effet, quand on le soumet à un test de réception cognitive (Greenwald, 1968) (deuxième maillon de la chaîne). Il ne les adopte(ra) systématiquement (Troisième maillon de la chaîne). Comme c'est le cas présentement et comme c’est aussi en même temps le défi que nous avons aujourd’hui dans la lutte contre la pandémie.

Si nous devrons (re)dresser la démarche communicationnelle inversée ou renversée, il faudra nécessairement remettre à l’endroit la le schéma (dé)construit à l’envers. La première étape sera alors de développer, en amont, une communication pour convaincre de la réalité et de la gravité de la maladie du Coronavirus et la dernière étape nous amènera à proposer, en aval, une communication qui amène le récepteur sénégalais à poser concrètement les actes de protection prescrites par le personnel de santé. La dialectique corrective peut être alors ainsi envisagée.

Elargir le dispositif de la communication de Force Covid 19 par l’addition d’une communication d’adhésion et d’une communication de (ré)action.

De ce fait, il sera attiré l'attention, des pouvoirs publics, du comité de lutte contre le Covid 19 et de tous les acteurs engagés dans cette lutte, que la première étape nécessaire et incontournable du combat est aussi et surtout cette communication de (re)construction des opinions. Dont la vertu scientifique permet de soustraire durablement une cause sociale et sanitaire tel que le Covid 19 aux impératifs de la justification pour la valider aux yeux du public sénégalais. L’objectif premier et primordial étant ici de gommer d’abord et vite dans l’esprit embrouillé des simples sénégalais, que nous sommes, tous ces infox et ces intox dont nous sommes gavés ; relatifs aux :

- thèses complotistes qui charrient des idées telles que le virus n’existe pas ou qu’il a été crée par des laboratoires chinois dans un but pécuniaire ou  de guerre virologique ;

- thèses négationnistes et dangereuses qui feraient croire que le virus n’attaque pas ou ne tue pas l’homme noir ou qu’il ne pourrait survivre à une certaine température des régions subsahariennes comme le Sénégal…

Pour arriver justement à (re)donner à ce phénomène du Coronavirus, en question, une crédibilité qui (pré)dispose le sénégalais à adhérer à son existence réelle et à sa gravité mortelle, l’efficacité de la méthode théorisée par V. Meyer (2003) sous le concept de l'esthétisation de la souffrance est scientifiquement prouvée. Le procédé recourt à des leviers opérationnels qui s’appuient sur les techniques qui usent des croyances expertes, des croyances médiatiques et surtout des croyances empiriques.

Ce dernier levier qui se matérialise par le procédé de la ‘’monstration’’ pourrait être mis en exergue par une exposition de la souffrance causée par la pandémie à son paroxysme, des images brutes et brutales de l’horreur, qui seraient retransmises aux populations sénégalaises encore dubitatives, sans filtre et même avec une dose d’exagération, parfois. Avec une violence qui, au-delà de l’émotion qu’elle provoque(rait) f(er)ait froid dans le dos et au final impactera(it) fortement, à coup sûr, sur la conscience du gentil sénégalais que nous sommes ; au cœur tendre et sensible.

Une fois ce premier niveau correctement de prise de conscience et de prise en compte de la pandémie bien pris en charge, la communication de persuasion qui est aujourd'hui quotidiennement de mise avec les efforts d'explications et d'argumentations sur les manifestations de la maladie, son évolution, les gestes barrières à adopter (à en croire les points de presse quotidien du gouvernement sur l’évolution de la maladie).. sera plus disposée à être mémorisée. Etant entendu qu’autant le message délivré sera sauvegardé dans son esprit par la cible, autant cette dernière en sera plus persuadée (Chabrol, Radu : 2008).

Mais attention, être persuadé ne prédispose pas forcément la personne à (re)agir dans le sens des comportements voulus (Bernard, 2004). Autrement dit, ne tombons pas dans le piège de ce présupposé philosophique et antique qui voudrait que la connaissance mène(rait) à l’action ; un pseudo-lien naturel que les scientifiques ont largement réussi à démontrer que son automaticité mécanique n’est pas établie, bien au contraire.

Vérité scientifique qui remet en cause toute la démarche de la communication de persuasion qui est actuellement développée par le comité de lutte contre le Coronavirus. Dès lors qu’il se réclame poursuivre comme objectif final d'arriver à ce que la population fasse preuve d'actes, de gestes et de conduites, dans le sens souhaité. Le degré de corrélation entre discours persuasif et dynamique comportementale est de tendance faible ou nulle ; pour des raisons qualitatives et non quantitatives. Autrement dit, ce n’est pas donc en surexposant son interlocuteur à un surnombre de messages explicatifs, argumentatifs, démonstratifs que sera rétabli ce hiatus entre savoir et faire. Au contraire.

Ne pas rater le moment du passage de la sur-communication à la multi-communication sur le Covid 19

Que cela soit dans les journaux et magazines, sur des affiches et totems, à travers la radio, la télé et l’internet, tous les supports médiatiques sont présentement mis à profit. Que cela soit par les personnalités politiques, les stars dans tous les domaines (sport, art), les spécialistes dans divers secteurs (médecine, journalisme, économiques, sciences sociales…), les dignitaires, la société civile, les hommes et femmes d’affaire, le sénégalais lambda, toutes les voix ont été synchronisées. Que cela soit la chanson, les discours, la peinture, les graffiti, tous les canaux d’expression sont explorés.

Tous ces canaux communicationnels sont imbriqués pour diffuser un seul et même message relatif aux gestes barrières, à la distanciation sociale et au confinement volontaire. Une répétition qui a la vertu d’ancrer, à la longue, dans l’esprit du récepteur le discours. Donc, le choix de cet abattage communicationnel opéré par force Covid 19 s’avère, dans l’absolu, une bonne option de sensibilisation.

Mais, en portant le discours préventif inlassablement sur le même message, ce dernier risque de (ap)paraître comme une redondance qui gave le récepteur, qui finit naturellement par le banaliser. Situation qui viendrait confirmer la théorie communicationnelle selon laquelle, trop de même sensibilisation tue, à la longue, la sensibilisation. D’où la nécessité de trouver et d’ajouter à cette sur-communication une multi-communication.

Chose, à priori, non difficile et, même mieux, chose plutôt impérative dans ce contexte de lutte préventive contre la pandémie du Coronavirus. Combat qui ne se gagnera que sur plusieurs terrains et par différents messages face aux différents défis pour nécessairement :

- Faire Prendre aux populations sénégalaises conscience de l'existence et de la gravité de la maladie ;

- Faire Comprendre aux populations sénégalaises les manifestations de la maladie et les gestes barrières à observer pour s'en prémunir ;

- Faire Adopter aux populations sénégalaises les comportements attendus pour se sauver et sauver les autres.

Le premier étant déjà rappelé, à travers, la méthode de l’esthétisation de la souffrance de Vincent Meyer, le deuxième est celui persuasif qui est déjà et abondamment utilisé par la force Covid 19. Il ne reste alors que la troisième à aborder sous la forme de l’interrogation suivante :

Quelle serait la piste communicationnelle à ouvrir pour amener la population sénégalaise à l’objectif vital poursuivi qui est de se conformer de manière factuelle aux actes, aux actions et aux gestes sauveurs ? Pour ce faire, adoptons aussi la méthode émergente qui consiste à :

(R)ajouter au dispositif déjà existant une forme nouvelle de communication comportementale articulée autour de l’acte préparatoire

Pour parvenir à (r)établir justement ce passage à l’adoption des actes, des actions et des gestes barrières prônés par les communicants, la forme de communication articulée autour de la notion de l'acte préparatoire reste une approche émergente et fort efficace à mettre en pratique (cf. Falilou Ba, Thèse, 2018, Aix-Marseille Université). Par une stratégie d’influence bien mise en place (Joule, Beauvois, 1998), le public serait entraîné dans une dynamique de soumission librement consentie (c’est-à-dire une prédisposition affichée par le public à adopter les actes souhaitables de manière libre souveraine et volontaire, ce qui leur garantirait de ce fait une effectivité et une pérennité). Mieux adaptée est encore méthode qui est en phase avec notre substrat culturel. Une démarche (qui, combinée à celles déjà existantes et en cours, est) porteuse, et que les autorités gouvernementales, le comité de lutte contre le Coronavirus et tous les acteurs engagés dans ce combat gagneraient à expérimenter...

Autrement dit, pourquoi la force Covid 19 ne pourrait-elle pas expérimenter aussi, dans son arsenal traditionnel de sensibilisation, qu’elle est en train de déployer, une nouvelle arme de (ré)action comportementale massive. Nous nous portons volontaires, en ces temps de réquisition nationale, pour fournir les munitions au besoin. Contribution citoyenne en ce temps de guerre qui requiert la mobilisation de tous. Une manière de remplir, ainsi, à notre tour la troisième mission qui incombe aux universitaires : celle de service à la communauté.

Unis et solidaires nous vaincrons !

           Falilou Ba,

Enseignant-chercheur à l'ESEA ex ENEA

Docteur en sciences de l’Information et de la Communication

Spécialiste en communication de changement d’attitudes et de comportements

Lauréat du Prix de la meilleure recherche en Protection de l’Enfance 2019  de France.

 

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