Publié le 16 Sep 2020 - 00:34
VATICAN

La messe “virtuelle” ne remplace pas la participation personnelle à l'église

 

Le cardinal Robert Sarah, préfet de la Congrégation pour le culte divin et la discipline des sacrements, affirme la nécessité de revenir à la normalité de la vie chrétienne, là où la situation sanitaire liée au coronavirus le permet. Car, souligne le prélat, assister à la messe par le biais des médias n'est pas comparable à la participation physique à l'église.

 

‘’Il est urgent de revenir à la normalité de la vie chrétienne, avec la présence physique à la messe, lorsque les circonstances le permettent. Aucune retransmission n'est comparable à une participation personnelle ou ne peut la remplacer’’. Ces mots viennent du cardinal Robert Sarah, Préfet de la Congrégation pour le culte divin et la discipline des sacrements.

Dans une lettre sur la célébration de la liturgie pendant et après la pandémie de Covid-19, intitulée “Revenons avec joie à l'Eucharistie’’, le cardinal a adressé ce message aux présidents des conférences épiscopales de l'Église catholique. Cette lettre a été signée le 15 août dernier et approuvée par le pape François le 3 septembre envoyée le 13 septembre.

La pandémie due au nouveau coronavirus, écrit le cardinal Sarah, a provoqué des bouleversements non seulement dans les dynamiques sociales, familiales (…) mais aussi dans la vie de la communauté chrétienne, y compris dans la dimension liturgique. Le prélat rappelle que la dimension communautaire a une signification théologique : Dieu est la relation des Personnes dans la Très Sainte Trinité. Il se met, fait-il savoir, en relation avec l'homme et la femme, et les appelle à son tour à une relation avec Lui.

Ainsi, ‘’tandis que les païens construisaient des temples dédiés à la seule divinité, auxquels les gens n'avaient pas accès, les chrétiens, dès qu'ils jouirent de la liberté de culte, construisirent immédiatement des lieux qui seraient Domus Dei et Domus Ecclesiæ. Où les fidèles pourraient se reconnaître comme communauté de Dieu’’, explique-t-il. C'est pourquoi, soutient le cardinal, la maison du Seigneur suppose la présence de la famille des enfants de Dieu.

La communauté chrétienne, lit-on dans la lettre, n'a jamais recherché l'isolement et n'a jamais fait de l'église une ville à huis clos.  Car, souligne la lettre, formés dans la valeur de la vie communautaire et dans la recherche du bien commun, les chrétiens ont toujours cherché l'insertion dans la société. ‘’Même dans l'urgence pandémique, un grand sens des responsabilités a émergé à l'écoute. Mais également en collaboration avec les autorités civiles et avec les experts, les évêques et leurs conférences territoriales ont été prompts à prendre des décisions difficiles et douloureuses. Ce, jusqu'à la suspension prolongée de la participation des fidèles à la célébration de l’Eucharistie’’, tient à rappeler le préfet de la Congrégation pour le culte divin.

Suggestions pour un retour à la célébration de l'Eucharistie

Cependant, dès que les circonstances le permettent, souligne le cardinal Sarah, il est nécessaire et urgent de revenir à la normalité de la vie chrétienne. Qui, souligne-t-il, a le bâtiment de l'Eglise pour foyer et la célébration de la liturgie, en particulier l'Eucharistie, comme “le sommet vers lequel tend l'action de l'Église et en même temps la source d'où émane toute sa force”. De l’avis du préfet de la Congrégation pour le culte divin, conscients du fait que Dieu n'abandonne jamais l'humanité qu'il a créée. De même que les épreuves les plus dures peuvent porter des fruits de grâce, ‘’nous avons accepté l’éloignement de l'autel du Seigneur comme un temps de jeûne eucharistique. Qui est utile pour nous en faire redécouvrir l’importance vitale, la beauté et la préciosité incommensurable. Le plus tôt possible, avec un désir accru de rencontrer le Seigneur, de demeurer avec lui, de le recevoir pour l'amener à nos frères avec le témoignage d'une vie pleine de foi, d’amour et d’espoir’’, assure le prélat.

Comme l’explique ensuite le cardinal Sarah, bien que les médias rendent un service apprécié aux malades et à ceux qui ne peuvent pas aller à l'église. Ils ont aussi fourni un grand service dans la transmission de la Sainte Messe, au moment où il n'y avait aucune possibilité de célébrer d’une manière communautaire. Mais aucune transmission équivaut à une participation personnelle ou peut la remplacer.

En effet, écrit le cardinal, ces transmissions, à elles seules, risquent de nous éloigner ‘’d'une rencontre personnelle et intime avec le Dieu incarné qui s'est donné à nous, non pas de manière virtuelle, mais réellement, en disant : ‘Celui qui mange ma chair et boit mon sang demeure en moi, et moi, je demeure en lui (Jn 6, 56).’ Ce contact physique avec le Seigneur est vital, indispensable, irremplaçable. Une fois que les mesures concrètement réalisables ont été identifiées et adoptées pour minimiser la contagion du virus, il faut que tous reprennent leur place dans l'assemblée des frères. En encourageant ceux qui sont découragés, effrayés et depuis trop longtemps absents ou distraits’’.

La lettre suggère également quelques lignes d'action pour promouvoir un retour rapide et sûr à la célébration de l'Eucharistie. ‘’Une attention particulière aux normes d'hygiène et de sécurité ne peut pas conduire à la stérilisation des gestes et des rites’’, met-on en garde.

Par ailleurs, la congrégation compte sur l'action prudente, mais ferme des évêques pour que la participation des fidèles à la célébration de l'Eucharistie ne soit pas déclassifiée par les autorités civiles comme un rassemblement. Quelle ne soit pas considérée comme comparable ou même subordonnée à des formes d'agrégation récréative. ‘’Les normes liturgiques ne sont pas une matière sur laquelle les autorités civiles peuvent légiférer. Seules peuvent le faire les autorités ecclésiastiques compétentes (cf. Sacrosanctum Concilium)’’.  

Respect des normes liturgiques

Le cardinal Sarah exhorte à faciliter la participation des fidèles aux célébrations, ‘’mais sans expériences rituelles improvisées et dans le plein respect des normes contenues dans les livres liturgiques qui régissent leur déroulement. Ce, en reconnaissant aux fidèles le droit de recevoir le Corps du Christ et d'adorer le Seigneur présent dans l'Eucharistie de la manière prévue. Sans limitations allant même au-delà de ce qui est prévu par les règles d'hygiène édictées par les autorités publiques ou par les évêques’’.

Sur ce point, le cardinal donne une indication précise. ‘’L'obéissance est un principe sûr pour ne pas commettre d'erreur. Obéissance aux normes de l'Église, obéissance aux évêques. En période de difficulté (par exemple, on pense aux guerres, aux pandémies), les évêques et les conférences épiscopales peuvent donner des règlements provisoires auxquels il faut se conformer. L'obéissance sauvegarde le trésor confié à l'Église. Ces mesures dictées par les évêques et les conférences épiscopales expirent lorsque la situation revient à la normalité’’, précise le prélat.

L'Église, conclut le préfet de la Congrégation pour le culte divin et la discipline des sacrements, protège la personne humaine ‘’dans sa totalité et à la préoccupation nécessaire pour la santé publique’’. Elle unit, dit-il, l'annonce et l'accompagnement des âmes vers le salut éternel des âmes.

VIVIANE DIATTA

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