Publié le 14 Nov 2019 - 19:34
VIOLENCE ET INSECURITE DANS LA BANLIEUE DAKAROISE

De nouvelles approches pour endiguer le fléau

 

Afin de mettre sur pied une police de proximité gérée de concert par les forces de sécurité (Fs), dans le but de baisser le taux de violence dans la banlieue dakaroise, une étude a été effectuée. Les types de violence ainsi que les pistes de solution ont été mis en évidence.

 

Au mois de juin, une étude dans 4 communes de la banlieue dakaroise, à savoir Pikine-Ouest, Thiaroye-Gare, Tivaouane-Diacksao et Keur Massar, avait été effectuée par l’Ong Wanep/Sn. Selon Rose Diatta, la chargée du projet qui prenait part, hier, à un atelier de ‘’plaidoyer et de lancement du groupe de travail et du comité consultatif citoyen’’, il avait pour objectif le recueil des points de vue des forces de sécurité et des populations, leurs perceptions de la situation sécuritaire dans les communes concernées, l’évaluation du rôle de la population et des forces de sécurité dans la gestion de la sécurité.

Les principales difficultés rencontrées, d’après Mme Diatta, sont l’accès difficile à certaines institutions ou autorités et les lenteurs administratives. S’agissant des facteurs de violence, elle fait noter la prolifération des bars clandestins, le trafic et l’usage de produits illicites, l’occupation anarchique de la voie publique, le marché noir, l’obscurité des quartiers, le phénomène des charretiers et la prolifération des motos.

Autres facteurs : la promiscuité et la pauvreté des ménages, le manque d’éducation des enfants et la démission des parents, les séances de lutte et de navétanes, la raquette policière et la corruption, l’insuffisance d’infrastructures de sécurité et la proximité avec la décharge de Mbeubess et la forêt de Mbao.

L’analyse des données, selon l’étude, a montré que les formes de violence sont celles basées sur le genre, les agressions, les tapages nocturnes, la circulation de faux billets, la cybercriminalité et les meurtres. Leurs auteurs sont souvent des charretiers, les jeunes drogués, les étrangers et les enfants de la rue. La plupart des victimes sont des femmes, les enfants et les personnes âgées. En sus, il s’y ajoute un faible niveau de coopération des populations. Ce qui s’explique, selon le rapport, par le fait que ces dernières travaillent directement avec leurs chefs de quartier ; elles ont peur de s’exposer parce que la protection de la personne dénonciatrice n’est pas évidente.

Par ailleurs, il est noté la peur, sinon la méfiance des populations vis-à-vis des forces de sécurité. Au niveau de ces dernières, l’étude montre qu’elles effectuent des patrouilles fréquentes dans les quartiers, assurent la sécurisation des carrefours, etc.

Concernant les difficultés rencontrées, il y a le manque de coopération de la population, les problèmes d’accès à certains quartiers et l’insuffisance de moyens matériels et techniques. Au chapitre des recommandations, il est question de mettre sur pied une police de proximité gérée par les Fs et les populations, l’appui en moyens humains et matériels pour les forces de sécurité, la création de brigades de proximité, la promotion de la proximité des services de sécurité avec les populations. A cela s’ajoutent la sensibilisation des forces de sécurité, le renforcement des comités des vigilances au sein des quartiers, la création des systèmes d’alerte avec des numéros verts, la sensibilisation des populations pour la dénonciation des malfaiteurs… Enfin, les recommandations font état de la flexibilité et du rapprochement entre les forces de l’ordre et les populations, la mise en œuvre des cellules de communication entre les hommes de tenue et la population, et une attention bienveillante des Fs par rapport aux attentes de la population.

Pour la mise en place des structures de gestion

Par ailleurs, dans l’optique de susciter la confiance et de renforcer la collaboration entre les communautés et les forces de sécurité, Wanep, dans sa mission de prévention des conflits au Sénégal, a initié un projet intitulé ‘’Stratégies de police de proximité’’ pour promouvoir des prestations de services transparentes, responsables et équitables favorisant la confiance mutuelle entre les forces de sécurité et les communautés qu'elles servent.

Ce projet de police de proximité concerne les 4 communes de Pikine-Ouest, Thiaroye-Gare, Tivaouane-Diacksao et Keur Massar. Il a pour objectif, selon la chargée de projet, de renforcer la collaboration entre les populations et les forces de sécurité, en mettant en œuvre des initiatives de police de proximité. Il sera question de mettre en place des structures de gestion composées de membres des communautés cibles et d’institutions clés, compétentes en matière de réformes et stratégies institutionnelles, surtout celles concernant le secteur de la sécurité.

‘’Nous voulons juste renforcer la collaboration entre les Fs et les populations. Il ne sera pas question de créer une nouvelle agence de police, mais de pousser les Fs à voir la police autrement, d’initier une nouvelle méthode de travail, une synergie avec les habitations. Le choix de Pikine s’explique par le fait que c’est une zone où il y a beaucoup de cas de violence. Avec cette particularité d’avoir en même temps une police et une gendarmerie. On attend juste des Fs qu’elles bénéficient d’une meilleure implication des personnes ressources dans la gestion de la sécurité de leurs secteurs’’, a expliqué Rose Diatta.

CHEIKH THIAM

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