Publié le 4 Aug 2020 - 03:20
VOYAGE AU CŒUR DE MEDINA YORO FOULA

De multiples potentialités inexploitées

 
Le département de Médina Yoro Foula (MYF) a un énorme potentiel économique.  Il est le ‘’grenier agricole’’ de la région de Kolda, mais peine à se développer. ‘’EnQuête’’ vous fait découvrir ce département dont l’avenir de la population semble peu intéresser les cadres locaux et l’Etat.
 
 
L’hivernage a bien débuté à Médina Yoro Foula. A perte de vue, une nature généreuse étale sa verdure, des terres arables à perte de vue, une forêt un peu dense. Un magnifique paysage ! Les cultivateurs sont à l’œuvre et espèrent avoir de bons rendements agricoles, surtout en termes de culture d’arachide, de mil, de sorgo, entre autres. Ce département approvisionne le reste de la région de Kolda, la région de Dakar et même la Gambie en divers produits agricoles.
 
Devenu un département à part entière en décembre 2008, Médina Yoro Foula est en attente de l’ouverture de deux routes principales. Ce qui lui permettra d’être une véritable ville carrefour. Il le faut bien, parce qu’aujourd’hui, c’est la croix et la bannière pour se rendre au département de MYF. L’état des routes qui y mènent est désastreux. Au péril de leurs vies, des milliers d’individus empruntent ces voies chaque année, surtout en saison pluvieuse.
 
En dehors de la saison hivernale, Médina Yoro Foula continue ses activités maraichères. Les agriculteurs font dans les cultures de substitution que sont l’arboriculture, le maraichage, la pisciculture et la riziculture. Des cultures qui semblent prendre le pas sur les autres produits du sol. Les producteurs du département de MYF ne veulent pas se laisser distraire. D’où le choix d’anticiper, comme l’a voulu le président de la République, Macky Sall, qui encourage la diversification.
 
De grands producteurs comme les ‘’Saloum-Saloum’’ ont porté leur choix sur le département de MYF pour y développer leurs activités agricoles. Ils y vont à fond et avec professionnalisme. Ce qui se traduit par les bons résultats obtenus par le département.
 
Aussi, on note la présence de projets et programmes de développement dans le département, du fait de la forte présence des vallées dans la zone. D’après la Direction régionale du développement rural, il y a des perspectives qui s’offrent au département de Médina Yoro Foula, s’il y a vraiment une meilleure harmonisation de ces interventions et programmes présents dans ce département. Cela permettrait de mieux valoriser les potentialités agricoles de la zone.
 
MYF se prête à la culture du riz
 
Même si le département de Vélingara est champion en production de riz, (vallées de l’Anambé), Médina Yoro Foula se prête parfaitement à la culture du riz. Il a une terre fertile, un climat favorable, assez d’eau et du soleil, et les rizières restent une marque principale de paysages ruraux.
 
Le développement de MYF miné par l’enclavement
 
Malgré ses énormes potentiels, ‘’ce grenier agricole’’ de la région de Kolda peine à se développer. Difficilement accessible, surtout en saison pluvieuse, les populations dudit département peinent à tirer profit de tout ce qu’elles ont comme ressources agricoles durant toute l’année. L’une des grandes difficultés du département de Médina Yoro Foula est l’enclavement. Les transporteurs se plaignent de l’état des routes latéritiques. ‘’En tant que transporteurs, le problème que nous avons ici, c’est la route. Actuellement, presque tous nos véhicules sont à l’arrêt, à cause du mauvais état de la route qui ne nous permet pas de travailler. Si le gouvernement peut nous aider à goudronner les routes, cela nous aidera. Il faut penser à la sécurité des usagers de la route’’, demandent-ils.
 
Entre défaillances et désintérêts des cadres
 
La population se désole de l’inertie de ses ‘’cadres’’. ‘’On est né en brousse et on mourra en brousse. Médina Yoro Foula est distant de Kolda de 81 km. Le billet du transport est de 2 500 F pour les ‘’7 places’’ qui sont souvent transformés en 9, voire ‘’10 places’’. Le département n’a bénéficié d’aucun mètre carré de goudron, malgré le tintamarre de l’Etat par rapport au bitumage de la boucle du Fouladou. Vérifiez vous-même, on n’a rien ici comme infrastructure. Et pourtant, on a des cadres qui passent leur temps à se battre entre eux’’, déplore Moussa Baldé, notable à Médina Yoro Foula. Non sans dénoncer l’attitude de ses ainés qui empêchent le développement de MYF. ‘’Ici, tout le monde veut se faire un nom. Ils se battent entre eux et cassent ceux qui émergent. C’est pourquoi personne ne veut s’engager. Sinon, il y a des personnes de bonne volonté qui veulent réaliser des choses ici’’, regrette notre interlocuteur.
 
Pourtant, à Médina Yoro Foula, il y a assez de cadres. ‘’Beaucoup de nos cadres mangent chaque jour à la table du président de la République. Qu’attendent-ils pour nous sortir de ce trou ? On a l’impression que personne ne s’en soucie et que chacun pense à ses propres intérêts’’.
 
C’est le sentiment des populations, à l’image de Yoro Kandé, qui a la quarantaine et habite à Fafacourou. Il trouve absurde que Médina Yoro Foula ne puisse pas amorcer un réel développement et que ses cadres se battent à ne rien faire pour le département. ‘’Il faut que l’Etat nous aide. On est fatigué. On ne peut pas continuer de faire toujours la même chose. C’est-à-dire aller au champ le matin et revenir sans rien d’autre à faire. On attend que l’Etat nous crée des unités de transformation de nos produits, des usines. Nous attendons de nos cadres qu’ils portent ce plaidoyer’’, dit Samba Diao, un élu domicilié dans la commune de Niaming.
 
A cet effet, les cadres du département de Médina Yoro Foula doivent instaurer l’harmonie entre eux, en mettant de côté les intérêts crypto-personnels.
 
 Les aménagements de certaines vallées
 
Par ailleurs, en plus de l’enclavement de la zone, certaines vallées dont celle de Sofa-Gnama, qui dispose d’importantes potentialités en matière rizicole, méritent d’être aménagées afin de mieux valoriser et tirer profit des potentialités agricoles. Les projets et programmes qui interviennent dans la zone en rapport avec les autorités administratives et les services techniques de l’agriculture sont invités à mettre l’accent sur la valorisation de ces principales vallées, pour promouvoir la pisciculture et le maraîchage dans le département de Médina Yoro Foula.
 
En outre, ce département possède d’énormes potentialités favorables au développement de son élevage, qui est la seconde activité du secteur primaire, après l’agriculture. Il constitue une source de revenus avec la vente et la consommation de produits animaliers comme la viande et le lait. Les espèces présentes sont les bovins, les ovins, les caprins, les équins, les asins, les porcs et la volaille. La position carrefour du département de Médina Yoro Foula en fait un creuset d’échanges commerciaux sous-régionaux, avec notamment la tenue du marché hebdomadaire et sa proximité avec la Gambie lui offre certaines opportunités.
 
Au plan culturel, il attire grâce à des monuments historiques comme le tata de Moussa Molo Baldé à Ndorna, la tombe de Coumba Oudé à Soulabaly, le site mégalithique de Pata et du village de Bayoungou.
 
NFALY MANSALY

 

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