‘’C’est le salaire de la patience’’
Le président de l’Us Gorée se dit très fier d’avoir réécrit l’histoire de son club qui a remporté son 4e titre de champion du Sénégal après 32 ans. Me Augustin Senghor, également président de la Fédération sénégalaise de football (FSF), a dévoilé, hier, les clés de cette réussite en déclinant ses futurs objectifs.
‘’Ça a été difficile’’
‘’Permettez-moi de saluer cette saison exceptionnelle qu’on a eue et de féliciter l’ensemble des équipes qui ont participé (au championnat). On s’est rendu compte que de la première à la dernière place, la lutte a été acharnée et aujourd’hui (dimanche), c’était le dénouement lors de la dernière journée. Ça montre que notre football est en train de faire des progrès, malgré les difficultés. Il faut féliciter les acteurs, les joueurs, les entraîneurs, les administratifs, les dirigeants de la Ligue pro et de la Fédération qui sont en train de remettre notre football sur les rails.
En dehors de ça, le fait du jour est effectivement, Gorée, qui est mon club de cœur, qui est championne après 32 ans de traversée du désert. On peut imaginer que c’est une satisfaction dans les lieux qui sont réputés pour être des bastions de l’Us Gorée, que ce soient à la Médina, à la Rue 3, aux Hlm, à Pikine et à l’île de Gorée aussi. C’est une fierté pour nous aussi d’être parmi ceux qui réécrivent l’histoire de notre football de club après 32 ans. Et aujourd’hui, dans ces moments-là, on a une pensée pour tous ces anciens-là qui nous ont mis sur le chemin de ce travail que nous avons abattu. Ça a été difficile, parce qu’on le sait que les clubs traditionnels étaient à la croisée des chemins. Et aujourd’hui, on se rend compte que des clubs comme l’Us Gorée arrivent à survivre, que la Jaraaf est là, la Linguère, le Casa Sport sont là. Il faut qu’on continue comme ça.
‘’Nous nous sommes servis de notre descente’’
Pour ce qui reste de cette saison, il faut saluer le travail qui a été abattu. Nous nous sommes reposés sur les échecs des années passées, notamment notre descente en 2e division il y a 3 ans, pour l’utiliser positivement pour en faire une sorte de tremplin pour repartir. Cette poussée nous a permis, alors que personne ne s’y attendait, pas nous aussi, de se retrouver devant tout le monde. Je disais à un de votre confrère qu’on fuyait un ogre qui s’appelait la descente. Et à force de courir, on s’est retrouvé à la tête parce qu’on est de bons peureux. Pour dire sérieusement les choses : quand on est patient, on finit par toujours récolter les fruits.
Et ce titre, pour tous les Goréens, c’est le salaire de la patience, de la persévérance et de l’abnégation. Vous avez suivi un peu les vicissitudes de la vie des clubs traditionnels et surtout de Gorée depuis 1984 jusqu’ici, pas de titre, juste une Coupe du Sénégal en 1996. Chaque fois, il lutte pour ne pas descendre et il a connu deux descentes. Parce que quand j’arrivais comme président, le club était déjà en 2e division. Et il a fallu rebâtir patiemment. Nous nous sommes servis de notre descente qui, à la limite, ne devait pas arriver parce que c’est l’une des saisons le plus abouties au plan du jeu, notre club était déjà assez structuré. Nous nous sommes servis de ça pour nous stabiliser davantage.
‘’Nous avons pu améliorer le groupe’’
Quand je parle d’abnégation, il faut parler aussi de l’humilité. Même quand on a eu des difficultés cette année en restant dix journées sans gagner, beaucoup de clubs auraient remercié leur entraîneur mais nous avons continué à croire au nôtre, Aly Male, à qui nous avons donné l’année dernière la chance d’être sur un banc. Parce que le football de haut niveau, c’est une organisation, une ambition mais c’est surtout de la patience, de la sérénité et de la confiance en son collaborateur. Aly est resté, nous avons pu améliorer le groupe avec de nouveaux joueurs qui ont eu cette culture que nous Goréens nous n’avions plus. C’est-à-dire cette culture de la gagne. Quand tu prends Alpha Thiam, il a été champion avec Ndiambour (Ligue 2) et Casa Sport (Ligue 1). Ngagne (Diallo) avait l’expérience d’un titre avec Ouakam et tant d’autres qu’on est allé chercher comme Mor Nguer qui nous vient du DUC. Ils sont venus trouver un socle qui était là.
‘’On ne regrette pas d’avoir fait confiance à Aly Male’’
Nous avons aussi stabilisé le banc parce que ça ne sert à rien de toujours recommencer à zéro, renvoyer un entraîneur tous les 6 matches. On ne regrette pas d’avoir fait confiance à Aly Male, même si à un moment donné, beaucoup nous poussait à nous séparer de lui. Il faut saluer son travail. C’est uu entraîneur qui est jeune qui, à la limite, coache comme il jouait, avec beaucoup de fougue et d’engagement et il faut dire que c’est une qualité. Et aujourd’hui, le fait de gagner un titre après deux ans d’exercice de haut niveau est un plus pour lui mais il a aussi cet avantage de l’humilité, de pouvoir savoir qu’il lui reste beaucoup. Notre mercato en milieu de saison a consisté uniquement à aller chercher un Dtn (Directeur technique national) qui est Bassouaré Diaby. Je dois féliciter leur collaboration et le fait que Aly Male ait accepté de travailler avec lui. On a vu sur la deuxième phase que notre équipe a été plus constante dans la qualité de jeu, mieux organisée. Avec l’envie de gagner que Aly a transmise aux joueurs, c’est ça la clé.
‘’Penser au fameux syndrome du champion’’
Nous avons une équipe jeune que nous allons essayer de garder le plus longtemps possible. Comme vous le savez, après s’être réjoui du titre, on commence à penser au fameux syndrome du champion du Sénégal. Il faut qu’avec Gorée, ce syndrome cesse. On fera tout pour rester en haut du tableau pour la saison prochaine. On va aussi, même si on sait qu’on n’a pas une équipe capable de rivaliser en Afrique, de travailler méthodiquement à avoir une base pour progresser, être des pionniers dans ce domaine comme une fameuse année de 1985.
On avait fait un parcours excellent (demi-finaliste de Coupe des clubs champions). Si on a la possibilité de le faire, sans aucune prétention, on le fera pour représenter dignement notre football parce qu’aujourd’hui, certains indicateurs sont positifs au niveau interne. Mais tant que nous ne pouvons pas transposer cette qualité de notre football à la base sur le plan international avec nos clubs, nous ne pourrons jamais avoir cette reconnaissance qui est celle du football sénégalais qui est en train de faire des efforts à tous les niveaux. Notre objectif, c’est d’être un digne ambassadeur du football sénégalais pour la saison prochaine.’’
Propos recueillis par Adama Coly