Les bonnes notes de l’hôpital Principal
Sur une cohorte de 83 gestantes vivant avec le Vih/sida, 78 enfants sont nés avec zéro transmission à l’hôpital Principal de Dakar. Ce qui veut dire que pendant 14 ans, (2000 à 2014) il n’y a pas eu de transmission de la maladie de la mère à l’enfant dans cette structure.
Il est possible d’éliminer la transmission du VIH/sida de la mère à l’enfant. C’est la conviction de tous les acteurs qui œuvrent dans la lutte contre cette pandémie. Surtout après les résultats obtenus par l’hôpital Principal de Dakar (HPD). Pendant 14 ans, la structure hospitalière n’a pas enregistré une transmission. L’annonce a été faite hier par le Directeur général de l’hôpital, le Général Bakary Diatta, lors d’une visite du directeur Exécutif de l’Onusida, Monsieur Michel Sidibé.
Selon Professeur Diatta, l’évaluation du programme d’élimination de la transmission sur le site de l’hôpital a mis en évidence que le suivi sur 14 ans de 83 femmes gestantes vivant avec la maladie a montré que 78 enfants nés de ces grossesses ont présenté 0% de transmission. ‘’Ce programme a été déroulé de juillet 2000 à juin 2014 par une équipe multisectorielle constituée de l’infectiologue, du gynécologue, du pédiatre, du biologiste, du pharmacien et autre spécialité si nécessaire. Ainsi en 14 ans, l’élimination de la transmission de la mère à l’enfant est une réalité à l’HPD’’, a expliqué le directeur de HPD.
Dans la même veine, le professeur Khadidiatou Bâ a soutenu que l’âge moyen de ces femmes est de 32,3 (extrêmes 21-47 ans). ‘’Il y a eu deux décès. Le taux de l’allaitement artificiel est de 100%, la prophylaxie ARV 75,3%. Les patientes séropositives enceintes sont considérées comme une urgence dans notre structure’’, a souligné Prof Bâ.
Toutefois, elle a énuméré certains défis qui ralentissent le travail ; il s’agit des nouvelles infections chez les jeunes, les ruptures de molécules. Sur ce, elle a lancé un appel au directeur Michel Sidibé pour une disponibilité des réactifs et des antirétroviraux, afin de mieux prendre en charge les malades.
Plan de rattrapage
Pour le directeur exécutif de l’Onusida, cette visite confirme l’idée qu’on peut éliminer la transmission de la mère à l’enfant. ‘’C’est un exemple éclatant qu’il faut partager avec le reste du continent parce que l’hôpital Principal de Dakar aujourd’hui démontre qu’il n’y a plus de bébés qui naissent avec le sida. Ils l’ont fait sur les 14 dernières années. Cette vision de zéro nouvelle infection chez les enfants est possible’’, a précisé M. Sidibé. Ce, d’autant plus que, a-t-il dit, la lutte contre le sida au Sénégal a été celle des leaderships en commençant par les religieux, communautés et particulièrement les présidents qui se sont succédé. A l’en croire, on peut dire qu’on a même atteint les objectifs de l’élimination, selon les critères du Plan global d’élimination de la lutte contre cette maladie plus particulièrement la transmission chez l’enfant.
‘’Lorsque le leadership, l’engagement, la rigueur sont là et lorsque l’organisation du travail se fait entre les différents groupes, qu’il y ait une vrai synergie entre la sage-femme, le docteur, le pédiatre, le gynécologue et le leader, on peut atteindre les objectifs qui semblaient être du domaine du rêve il y a quelques années’’, a-t-il fait savoir.
Toutefois, il a souligné qu’il y a un problème particulier avec l’Afrique de l’Ouest. D’où la nécessité d’un plan de rattrapage. Car aujourd’hui, 3 personnes sur 4 en Afrique de l’Ouest n’ont pas accès aux traitements. ‘’On a plus d’un million quatre cent mille personnes infectées par le VIH. Celles-ci savent qu’elles sont infectées, mais ne sont pas sous traitement. On ne pourra pas briser le cycle de l’infection si ces personnes ne bénéficient pas d’un traitement adéquat. C’est pour cela que nous comptons lancer, avec l’aide du président sénégalais Macky Sall, un Plan de rattrapage pour cette partie de l’Afrique’’, a annoncé le directeur exécutif de l’Onusida.
VIVIANE DIATTA