Publié le 22 May 2019 - 02:29
PRESUME SYSTEME DE CORRUTION

Un procès requis contre Lamine et Massata Diack 

 

Poursuivis pour corruption présumé dans l’affaire de dopage d’athlètes russes qui a éclaboussé la Fédération internationale d’athlétisme (Iaaf) en 2015, l’ex-président de ladite institution, Lamine Diack, et son fils Massata Diack sont en voie d’être envoyés en procès par le parquet national financier de Paris qui a demandé, hier, leur jugement.

 

Lamine Diack n’est pas encore au bout de sa peine. Assigné à domicile en France depuis 2015, il pourrait très bientôt être traduit devant le juge. Hier, le Parquet national financier de Paris (Pnf) a demandé un procès contre lui et contre son fils Massata Diack qui a jusqu’ici échappé à la justice française. Visé par un mandat d'arrêt international pour "blanchiment en bande organisée", "corruption active" et "complicité de corruption passive", le fils de Lamine Diack n'a jamais pu être entendu par la justice française, le gouvernement sénégalais ayant jusqu’ici refusé son extradition. Il est soupçonné de "s'être rapproché des autorités sportives russes (...) pour négocier contre paiement la protection" d'athlètes ciblés pour dopage.

Selon l’Agence française de presse (Afp) qui donne l’information, l’ancien président de la Fédération internationale d’athlétisme devra répondre des faits de corruption active et passive, et de blanchiment en bande organisée lors d'un procès à Paris, si jamais le juge d'instruction en charge du dossier, Renaud Van Ruymbeke en l’occurrence, suit le réquisitoire du Pnf. L’institution judiciaire, dans son réquisitoire signé le 16 mai 2019 dernier, a demandé que cinq autres protagonistes soient jugés, dont Papa Massata Diack, ex-puissant conseiller marketing à l'Iaaf, Habib Cissé, ancien conseiller de Lamine Diack, et Gabriel Dollé, ex-chef antidopage de l'Iaaf, tous deux soupçonnés de "corruption passive". Ce dernier a d’ailleurs reconnu les faits et demandé une procédure de plaider-coupable.

Ouverte en novembre 2015 par le Pnf, après un signalement de l'Agence mondiale antidopage (Ama), cette enquête aux ramifications internationales a mis à jour un pacte de corruption présumée. "Sous la direction de son président et forte de plusieurs années de malversations, l'Iaaf a réussi à concilier corruption et encouragement du dopage", souligne le parquet dans son réquisitoire de 48 pages. L'ex-patron de l'athlétisme mondial, qui est mis en examen depuis 2015, est poursuivi pour avoir fait profiter à son fils de fonds issus des droits Tv et des sponsors. Papa Massata Diack est accusé d’avoir fait main basse sur des recettes de la Fédération internationale provenant de sponsors" tels que la banque d'Etat russe Vtb, le géant coréen Samsung, la société chinoise Sinopec, Abu Dhabi Cooperation ou la télévision chinoise Cctv, d'après le compte rendu de son interrogatoire.

Il faut noter que, depuis octobre 2015, trois juges d'instruction financiers mènent une vaste enquête sur un système de corruption présumée pour étouffer des cas de dopage en Russie et pour faciliter des négociations avec des sponsors et des diffuseurs russes, avant les Jo de Londres-2012 et les Mondiaux d'athlétisme de Moscou en 2013. La justice française, compétente parce que des fonds ont pu être blanchis sur son territoire, avait été saisie par l'Agence mondiale antidopage (Ama).

Fonds de campagnes politiques contre Abdoulaye Wade

Lamine Diack, qui a cédé la présidence de l'Iaaf à l'été 2015 au Britannique Sebastian Coe, est mis en examen pour "corruption passive" au côté de son conseiller de l'époque Habib Cissé et de l'ancien chef de l'antidopage de l'Iaaf Gabriel Dollé.

En effet, selon l’enquête, au moment où les services antidopage de l'Iaaf se montraient particulièrement indulgents envers des coureurs et marcheurs russes, Lamine Diack avait affirmé avoir obtenu des financements russes pour des campagnes politiques au Sénégal contre le président alors en place, Abdoulaye Wade (2000-2012).

Dans un autre volet, le père et le fils Diack sont aussi dans le viseur d'une enquête en France et au Brésil sur fond d'achats de voix présumés en marge de l'attribution des Jeux olympiques de Rio-2016. La justice française enquête aussi sur l'attribution des Jo à Tokyo en 2020.

Il faut rappeler que ce scandale, qui a sévi entre 2011 et 2015, a eu de lourdes conséquences pour la Russie, rayée des pistes olympiques de Rio en 2016 et des Mondiaux d'athlétisme de Londres-2017. Si certaines sanctions ont été levées, le pays reste privé de compétitions par l'Iaaf depuis novembre 2015.

ASSANE MBAYE

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