‘’Les gens prennent encore les choses à la légère’’
L’église, par la voix de l’archevêque de Dakar, se joint au ministère de la Santé et de l’Action sociale, pour lutter contre le coronavirus. Monseigneur Benjamin Ndiaye s’engage auprès du ministre Abdoulaye Diouf Sarr, à faire le plaidoyer auprès de la communauté catholique et s’émeut de ce que les populations prennent encore à la légère la maladie.
‘’Je sens aujourd’hui que les gens prennent encore les choses à la légère. Peut-être, parce qu’ils ne sentent pas la gravité du mal. Or, un spécialiste, en la personne du professeur Souleymane Mboup, a insisté, aujourd’hui, sur la gravité de la situation’’, a soutenu, hier, l’archevêque de Dakar, au moment de recevoir dans sa résidence des Badamiers le ministre de la Santé et de l’Action sociale qui fait la tournée des chefs religieux pour les entretenir de l’épidémie qui sévit dans le monde et solliciter leur aide dans le plaidoyer auprès des populations.
Cette légèreté sénégalaise par rapport au Covid-19 remarquée par Mgr Benjamin Ndiaye, ‘’EnQuête’’ l’évoquait, récemment.
Ainsi, le ministre Abdoulaye Diouf Sarr a sollicité de l’Eglise des prières et un plaidoyer pour juguler la maladie du coronavirus. ‘’Priez pour que le bon Dieu stoppe cette maladie. Développez un plaidoyer auprès des fidèles’’, a-t-il lancé au chef de l’Eglise sénégalaise. L’urgence de l’heure, dit-il, est l’engagement pour gagner la bataille. Le combat à engager concerne les mauvais comportements. Les ennemis sont le manque d’hygiène. La stratégie qui s’impose est l’adoption, par tous, des bonnes pratiques sanitaires de précautions y relatives à tous les instants.
La stratégie engagée jusque-là par l’état-major sanitaire est la mise en branle d’une machine aux appuis scientifiques. Il y a ‘’un schéma avec une coordination nationale assurée par le Comité national de gestion des épidémies, avec l’appui du Centre des opérations d’urgences sanitaires avec un excellent laboratoire (Institut Pasteur). Dans le dispositif également, le transport est assuré par le Samu. Enfin, il y a le Service des maladies infectieuses pour combattre ce fléau’’, détaille-t-il.
Pour soutenir le dispositif, le ministre ajoute : ‘’Nous vous demandons, mon Père, d’en parler. Nous sommes dans un pays où chaque Sénégalais à un ancrage religieux. Celui-ci est un levier important pour nous aider à associer les communautés dans le combat et faire bouger les choses.’’
En réponse à cette invite, l’archevêque de Dakar a d’abord salué la démarche de la délégation ministérielle. Mesurant l’enjeu national qu’est le combat contre le Covid-19, il a ajouté : ‘’Votre démarche est très importante pour dire la gravité de la situation. Il ne faut pas que par nos négligences, la maladie se propage.’’ Cette visite intervient dans un contexte de rappel à Dieu du père Léon Diouf. L’archevêque compte profiter de l’office prévu pour les funérailles, pour sensibiliser sur le Covid-19. ‘’Nous avons une cérémonie demain (aujourd’hui) avec ses obsèques. Et nous souhaiterions avoir un agent de la santé qui dise, au début de la célébration, d’éviter de se donner la main, de prendre la communion à la main’’. En bref, communiquer dans le sens d’une invite à couper la chaine de transmission de la maladie.
Monseigneur Benjamin Ndiaye reconnait la difficulté de la tâche engagée. Notamment le mal qu’on éprouve à nous départir des salutations physiques. Mais, insiste-t-il, il faut qu’on y arrive, devant l’ampleur que le mal peut prendre et qu’il prend dans le pays. En ce qui concerne les offices de prières, l’église s’y associe pleinement. ‘’Comme nous le disons dans «Notre Père», nous demandons au Seigneur de nous délivrer du mal. Ce mal s’appelle coronavirus, aujourd’hui’’, termine-t-il, avant de prier pour tout le Sénégal face à cette maladie.
Diouf Sarr : ‘’Ce que nous faisons est suffisamment sérieux’’
En marge de l’entrevue, le ministre a été interpellé sur le dispositif sanitaire mis en place pour faire face au virus, notamment les Sénégalais de l’intérieur qui soutiennent que seul Dakar est pris en compte. Le ministre s’est voulu ferme sur cette question : ‘’Dans ce pays, on ne peut faire l’économie de certains commentaires. Aux jours de match de football, on note 14 millions d’entraineurs. Il est tout à fait naturel que quand un dispositif de cette nature se déploie, qu’on ait autant 14 millions de spécialistes qui donnent leur avis. L’important, pour nous, est de regarder devant nous et non dans le rétroviseur. Nous en tenons, bien sûr, compte.’’ Abdoulaye Diouf Sarr poursuit : ‘’Mais ce que nous faisons est suffisamment sérieux pour que nous nous distrayons avec certains commentaires. Le fait est que les commentaires sont tout à fait libres. Mais ils sont souvent faits par des inexperts. Il faut faire confiance au Comité de gestion des épidémies, à son dispositif opérationnel.’’
Guérison du 1er cas de coronavirus Le ministre de la Santé et de l’Action sociale, à la suite de sa visite à monseigneur Benjamin Ndiaye, a présidé un point de presse pour faire le bilan de l’évolution de l’épidémie, depuis son apparition au Sénégal. A cette occasion, son directeur de cabinet, Dr Aloyse Waly Diouf, a déclaré la guérison du premier cas noté au Sénégal. Ce cas relevé lundi dernier a été déclaré négatif, suite à deux tests effectués sur sa personne. Dans la foulée de cette première bonne nouvelle, il a ajouté que les trois autres patients positifs connaissent un état d’évolution sanitaire jugé favorable. Et d’assurer que leur suivi se poursuit. Il ne s’en est pas arrêté-là, dans ce qui constitue le 5e communiqué du ministère. En effet, il note qu’en plus, deux cas suspects ont vu leurs prélèvements testés négatifs. |
MAMADOU DIALLO (STAGIAIRE)