Publié le 3 Sep 2015 - 02:39
ALY TANDIAN (MAITRE DE CONFERENCES EN SOCIOLOGIE A L’UGB)

‘’Le Sénégal est dans l’obligation de définir une politique migratoire objective’’

 

L’émigré Mor Sylla, mort en Espagne dans des conditions non encore élucidées, a été inhumé la semaine dernière  à Touba. Selon vous, quelle suite l’Etat doit-il donner à cette affaire ?

 

Des informations relatées par la presse locale et des recoupements faits auprès de populations, des personnes ressources vivant en Espagne, nous avons appris la mort d’un jeune Sénégalais. Toutefois, il m’est difficile d’évoquer les conditions dans lesquelles il est mort et les raisons ayant occasionné ce triste événement mais nous constatons que depuis quelques années, des évènements aussi tristes les uns que les autres affectent les populations migrantes sénégalaises. Çà et là, des morts et expulsions de Sénégalais sont évoqués, les réactions ne font que suivre. Et on a l’impression qu’il n’y a pas de politique migratoire adéquate et objective au profit de nos compatriotes expatriés.

Comment expliquez-vous cette situation ?

Il ne faut pas tout mettre sur le dos des autorités politiques, de l’Etat ou encore des migrants. Je pense qu’il faut analyser la situation placidement et essayer de trouver les causes efficientes et les solutions idoines. Il me semble également important de signaler qu’à ce jour, il existe un réel déficit en matière de connaissance des migrants sénégalais et les récurrentes difficultés auxquelles ils sont confrontés. Autre chose, faut-il le rappeler, le Sénégal est aujourd’hui dans l’obligation de définir une incontestable et objective politique migratoire au profit de ses populations et de celles étrangères vivant dans notre pays.

Je suis désolé de savoir que nous avons un Ministère des Affaires Etrangères et des Sénégalais de l’Extérieur, une Direction Générale des Sénégalais de l’Extérieur, un Fonds d’Investissement des Sénégalais de l’Extérieur et vivre autant de difficultés en matière de gestion des migrants. Désolé de le dire, toutes ces structures ont montré leur limite et amèrement. Elles sont dans le tâtonnement et la lutte de positionnement ; je me demande d’ailleurs quelle est la plus-value apportée à l’Etat à part organiser des meetings loupés et s’investir inopportunément dans le folklore. Il faut sortir de ces catégories théâtrales pour mériter le respect des structures des Nations unies et de leurs pairs.

Quelles solutions préconisez-vous ?

Nous avons tous les bonnes solutions mais malheureusement nous nous sommes volontairement mis dans des auto-duperies  conscientes. Vous savez, il y a cette belle théorie ‘’ce que gagne l’un l’autre le perd’’. Il me semble que les politiques se plaisent à ce jeu. Malheureusement la sanction risque d’être fatale.

M.T.D.

 

Section: