Publié le 25 Sep 2018 - 11:09
BIRAHIM GAYE (ENTRAINEUR U25 FILLES)

‘’On a les éléments et le basket pour rivaliser avec n’importe quel adversaire’’

 

L’équipe du Sénégal joue son 3e et dernier match de poules aujourd’hui contre la Chine, après avoir décroché la première victoire de son histoire en phase finale de Coupe du monde. Selon l’entraineur de la sélection sénégalaise féminine des moins de 25 ans, Birahim Gaye, les Lionnes ont les arguments qu’il faut pour rivaliser avec n’importe qu’elle équipe.

 

Le Sénégal a enregistré la première victoire de son histoire en phase de poules de la Coupe du monde féminine, en battant la Lettonie, ce dimanche. N’est-ce pas un grand progrès pour le basket sénégalais au plan international ?

C’est une très bonne chose. C’est la raison pour laquelle le peuple est très content. C’est une performance par rapport aux équipes africaines, surtout pour le Sénégal. On est très fier du basket sénégalais, des joueuses et de l’encadrement technique.

Qu’est-ce qui a été la clé de ce succès contre la Lettonie ?

C’est la rigueur et l’organisation. Les filles ont joué avec beaucoup de rigueur durant 40 minutes. Il y a quelque chose qui a été aussi fondamentale durant le match, c’est que les filles ont réussi à utiliser leur technique pour battre la Lettonie.

De l’avis de certains observateurs, le match contre les Etats-Unis a été l’élément catalyseur. Etes-vous du même avis ?

L’équipe américaine a permis aux filles de croire en elles. Elles ont compris que c’était possible de jouer contre les autres sélections. Maintenant, par rapport à l’organisation du basket sur le plan africain en général et au niveau du Sénégal en particulier, on doit monter d’un cran. On doit mettre en place des organisations qui nous permettront de gagner ces équipes européennes. Il y en a qui ont le même niveau que notre basket. On peut les épingler. Il faut qu’on arrête maintenant de dire qu’on va aux championnats du monde pour gagner un match. On doit pouvoir se dire qu’on y va pour aller le plus loin possible. On a les éléments et le basket qu’il faut. Il reste à s’organiser et à avoir cet objectif-là.

Au plan individuel, quelles sont les joueuses qui vous ont marqué ?

J’ai l’habitude de dire que le Sénégal a une bonne relève. Il y a deux ou trois ans, je l’ai dit et les gens ont crié au scandale. Mais la relève est carrément assurée. Yacine est en train de prendre la place qu’elle mérite. Je dis qu’on peut penser à la retraite de certaines joueuses parce que les jeunes sont là. Il y en a qui n’ont pas joué, mais qui sont capables d’intégrer cette équipe. Maïmouna a eu à faire un bon match en quarante minutes. Il faut noter la capacité de Bintou Diémé d’organiser l’équipe sénégalaise et de maintenir le rythme. On a les éléments qu’il faut et un bon basket pour rivaliser avec toutes les équipes.

On peut donc dire que le choix du coach Cheikh Sarr de renouveler l’effectif est payant ?

Le coach a bien vu. Il a joué sa partition à tous les niveaux, depuis la sélection jusqu’au coaching durant le match. L’encadrement technique a été à la hauteur. Ils ont fait de bonnes choses. Il faut les féliciter et les encourager.

Le Sénégal joue son troisième et dernier match de poules contre la Chine, ce mardi. Que faudrait-il faire pour venir à bout de cette équipe ?

Il faut jouer de la même façon, en les bloquant loin du panier avec une bonne défense et beaucoup de rigueur. On doit éviter de prendre des paniers parce que les Chinoises sont très rapides. De même que les tirs primés, car elles sont adroites. On doit faire jeu égal avec cette équipe, comme on l’avait fait contre les Etats-Unis et la Lettonie. Il faut se dire que ce n’est pas terminé, qu’on peut accrocher la Chine et aller très loin. C’est un match à jouer avec la tête et beaucoup de rigueur. Sur le plan tactique aussi, l’entraineur doit réfléchir et mettre en place quelque chose qui doit faire déjouer la Chine.

Pensez-vous que la Chine soit à la portée du Sénégal ?

Evidemment ! On a fait jeu égal avec les Etats-Unis pendant trois quarts temps. Donc, on peut jouer contre n’importe qu’elle équipe. On a regardé les autres sélections ; elles ne sont pas des foudres de guerre. Quand on voit le match entre l’Espagne et Porto-Rico ou la France qui croyait que ça allait être une partie facile contre la Grèce, il y a eu une émulation des autres équipes dans cette Coupe du monde. La domination à outrance n’existe plus. Le Nigeria a gagné contre la Turquie, qui est un pays de basket. Cela veut dire que les équipes de bas étage, c’est terminé. Il faut croire en soi et aller chercher les victoires pour aller le plus loin possible. Et c’est faisable.

Contre la Lettonie, le Sénégal n’a marqué qu’un seul panier à trois points. Qu’est-ce que cela vous inspire ?

Sur le plan tactique, on a réussi à régler la faiblesse sur les tirs primés. Au basket, il y a le jeu extérieur et celui intérieur. On a compris hier (dimanche dernier, Ndlr) que sur les tirs à trois points, ça ne marchait pas. On a amené la balle à l’intérieur, sachant qu’on avait de bonnes joueuses dans cette zone. Et le Sénégal a posé n’énormes problèmes à la Lettonie parce qu’elle ne pouvait pas défendre sur le jeu intérieur, surtout Mame Marie Sy qui a fait un bon match. Chaque fois qu’elle avait la balle, elle avait la possibilité de déborder son vis-à-vis et aller au panier ou faire un renversement. Je pense qu’on a réglé cela par un bon jeu intérieur.

L’autre aspect par rapport aux tirs primés, c’est qu’il faut qu’on arrive à travailler ça au pays dès le bas âge. On n’a pas une bonne adresse au Sénégal. On s’entraine sur des terrains en plein air. On ne joue dans une salle que les weekends et c’est seulement qu’à Marius Ndiaye. On n’a donc pas la possibilité d’avoir une bonne adresse. Il faut un travail en amont.

LOUIS GEORGES DIATTA

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