Publié le 8 Nov 2016 - 19:46
CANDIDAT À LA COMMISSION DE L’UA

Bathily trace sa voie

 

Rupture ! C’est le maître-mot que le Pr Bathily doit avoir dans sa campagne. Hier lors d’une journée d’échanges sur la candidature du Sénégal à la Commission de l’Union africaine, les soutiens du Professeur pensent qu’il doit se positionner comme le candidat de la rupture.

 

Le Pr Abdoulaye Bathily a du soutien dans le cadre de sa candidature pour la Commission de l’Union africaine. Il suffisait d’être présent hier à la salle où une rencontre a eu lieu à ce sujet pour s’en convaincre. Côté Sénégal, il y avait d’éminentes  personnalités parmi lesquelles l’ambassadeur Falilou Kane, les généraux Babacar Gaye et Mansour Seck, l’ancien ministre de l’Economie,  Amadou Kane ou l’ancien Premier ministre Mimi Touré venue représenter le chef de l’Etat. S’agissant du continent, plusieurs pays ont fait le déplacement. On peut citer le Liberia, le Nigeria, la Côte d’Ivoire, le Congo Brazzaville, le Ghana, le Cap-Vert, la Guinée Bissau, le Mozambique ou le Swaziland. L’objectif de la rencontre était de voir comment présenter la candidature dans toute l’Afrique et la faire porter par celle-ci. Une rencontre d’échanges à titre consultatif, pour reprendre les termes du concerné.  

De toutes les interventions, il est ressorti la nécessité de rompre avec les pratiques actuelles. Rupture dans le fonctionnement de la commission de l’UA, mais aussi rupture dans sa composition.  ‘’Nous avons besoin d’une organisation qui nous aide à penser par nous. Nous devons aller au-delà des chefs d’Etat pour réunir les intellectuels et le secteur privé’’, préconise Dr José Brito, ancien ministre des Affaires étrangères du Cap-Vert. Même point du vue que l’économiste Samir Amin qui pense que la commission doit aider l’Afrique à opérer un changement à la fois politique et économique. D’après l’Egyptien, le continent doit marcher sur deux axes : avancée démocratique et progrès sociaux. Et pour cela, M. Amin estime qu’il y a deux voies à suivre parallèlement : s’engager à l’industrialisation de l’Afrique et rénover son agriculture. ‘’Je ne parle pas de l’agriculture de cette mondialisation qui fait naufrage. Il faut refuser le vol des terres des paysans au profit de l’agrobusiness. Voilà le programme que l’UA devra faire avancer’’, suggère-t-il.

Mais cette question sera délicate, prévient le Cap-Verdien. Car, parler de changement, c’est remettre en cause des acquis, des intérêts. Il y a donc le risque de ne pas se faire comprendre ou accepter. Il en veut pour preuve sa défaite à l’élection pour la direction de la Bad. Mais avant de prétendre changer le continent, il faut sans doute commencer par la commission, sa composition notamment. Ainsi, M. Brito invite-t-il à une réforme de l’organisation. Pour lui, la Commission ne doit plus être le lieu de recasement d’une clientèle politique ou d’une personnalité gênante dans son pays. ‘’Il faut introduire des gens engagés pour le continent africain et non ceux qui cherchent un travail’’, martèle-t-il. Pour cela, il faut donc arrêter d’y placer des anciens ministres des Affaires étrangères qui ne parlent que de paix et de sécurité. Autrement dit, ‘’des gestionnaires au quotidien de la dépendance’’. Une dépendance vis-à-vis des autres qui ne cessera que lorsque les Africains décideront de financer eux-mêmes l’UA au lieu de compter sur des partenaires tels que l’Union européenne.

Bathily : ‘’C’est le prolongement d’une vie militante’’

Vu le parcours du Pr Bathily, les panélistes et les participants n’ont aucun doute qu’il est l’homme de la situation, le meilleur parmi les candidats, puisqu’il est un panafricaniste. L’intéressé lui-même ne dit pas le contraire, affirmant que sa candidature n’est pas circonstancielle. ‘’C’est le prolongement d’une vie militante’’, soutient-il. Bathily est en effet un chercheur, mais il a aussi et surtout longtemps travaillé pour le continent. Il est intervenu sur plusieurs terrains de conflits en Afrique. Le représentant du Nigeria, d’un ton plaisantin, déclare même s’être perdu une fois dans les rues d’Abuja avant de se faire guider par l’ancien patron de la Ld. Une façon pour lui de dire combien Bathily connaît le continent.

Cependant, en dépit de cet avantage, ils ont été nombreux à l’inviter lui et ses soutiens à ne pas dormir sur leurs lauriers.  Être un homme de dimension est bien, avoir de grandes idées l’est tout aussi, mais il faut savoir convaincre les électeurs, insiste Conmany Wesseh, sénateur libérien. Ce dernier raconte comment il s’est fait battre lui, fonctionnaire des Nations unies, par un monsieur qui n’a pas plus que le niveau primaire lors d’élection sénatoriale. ‘’J’avais de grandes idées, et lui, il est allé voir les électeurs’’, sourit-il. Après lui, d’autres panélistes ont encore lancé des appels allant dans le sens de montrer aux électeurs en quoi le candidat sénégalais est le meilleur au poste.

Les interventions de l’intéressé et de l’ancienne Première ministre sont toutefois de nature à dissiper les craintes. Aminata Touré rappelle même que la bataille de Kigali n’a pas été facile. Il fallait obtenir le report des élections. ‘’Le ministre des Affaires étrangères est devenu depuis lors votre directeur de campagne’’, assure-t-elle. Le Pr Bathily ira plus loin. Il a révélé qu’au sommet de Lomé sur la sécurité maritime, le Président Macky Sall a rencontré beaucoup de ses homologues à ce sujet. Également, samedi dernier, le chef de l’Etat et lui ont travaillé pendant deux heures sur la question. 

BABACAR WILLANE

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