Publié le 24 Jan 2016 - 21:33
CHEIKH TIDIANE GADIO SUR LA MENACE TERRORISTE

‘’Aujourd’hui nous devons être dans une contre-offensive’’

 

Dans un contexte de menaces terroristes, Cheikh Tidiane Gadio prône la contre-offensive. Pour le directeur de l’Institut Panafricain de Stratégies (IPS), le temps est venu de créer une force régionale panafricaine pour faire face au défi terroriste.

 

Le directeur de l’Institut Panafricain de Stratégies (IPS) a fait hier un exposé sur le thème : « l’Afrique face aux défis de la diplomatie économique », à l’occasion des vendredis de Sup Déco. ‘’Il est urgent que nos leaders acceptent de créer une force régionale panafricaine pour faire face au défi sécuritaire. Ce qui me chagrine le plus, c’est après l’attaque de Burkina Faso, qui est venue après les attaques contre le Mali, on est en train de nous dire que la prochaine cible, c’est Dakar, Abidjan. Et chacun est là en train d’attendre’’, s’est insurgé Cheikh Tidiane Gadio. Le directeur de l’IPS estime qu’il faut ‘’être dans une contre-offensive’’.

‘’Nous avons des soldats patriotes prêts à donner leur vie pour l’Afrique, le Sénégal. Nous avons des soldats au Tchad aussi brillants. Nous devons pouvoir créer des bases militaires panafricaines, des forces spéciales capables de mener le combat. Or, ceux qui nous attaquent sont de petits groupes. Nous attendons qu’ils fassent leur stratégie et quand ils sont prêts, ils frappent’’, regrette-t-il. Selon l’ancien ministre des Affaires étrangères, ‘’l’Afrique, par son manque de vision, de stratégie, est en train de devenir l’épicentre progressiste du terrorisme mondial’’. Il déplore le manque de solidarité de l’Afrique face aux attaques en Lybie et convoque les idées de Kwame Nkrumah. ‘’Il y a un intrus qui est venu compliquer le tableau. Le défi sécuritaire est venu nous trouver. Et c’est ce que disait Kwame Nkrumah, en 1963. Que nos dirigeants sont en train de prendre une décision grave. Si nous ne bâtissons pas une armée africaine, il arrivera un moment dans l’histoire de l’Afrique où le continent sera agressé de partout et nous ne serons pas en mesure de nous défendre.’’

Selon lui, le premier instrument de souveraineté d’un Etat, c’est de pouvoir défendre son territoire et ses populations.

‘’ L’Afrique doit s’unir’’

Cheikh Tidiane Gadio est d’avis que l’individualisme ne fait pas avancer l’Afrique. Il fustige le modèle qui fait que chaque pays essaie de défendre ses propres intérêts. ‘’Le président Bill Clinton disait : si le Congo Brazzaville, le Congo Kinshasa et le Gabon acceptent d’aller ensemble, leur ressource est estimée à 33 mille milliards de dollars. Si on se met ensemble, on va plus loin. Si on se met seul, on va plus vite, mais pas trop loin’’. Selon son analyse, les pays africains ont, depuis les indépendances, développer chacun sa propre diplomatie économique, sa stratégie économique. Mais, dit-il, ‘’le résultat est là, ce n’est pas bon. Moi, je voudrais que le Sénégal soit comme la Corée du Sud. Aujourd’hui, la Corée du Sud est à 1500 milliards de PIB et le Sénégal est à 15 milliards’’. 

‘’Si on ne peut pas écouter le message de Kwame Nkrumah et de Cheikh Anta Diop, au moins créons une fédération d’Etat par région du continent. Que l’Afrique de l’Ouest se regroupe. On s’ouvre à la création d’une entité, la même monnaie par exemple. A partir de cette monnaie, on négocie le ralliement avec le Nigeria. Dès lors que vous avez tous les pays de la zone CFA alliés, déjà le problème de la monnaie est réglé. Nous serons obligés d’aller vers une banque centrale africaine’’. Cheikh Tidiane Gadio de dire : ‘’Nous n’avons pas d’avenir en dehors de l’unité.’’

Parlant du Plan Sénégal Emergent, le directeur de l’Institut Panafricain de Stratégies a déclaré : ‘’Je ne suis pas contre ce projet, mais parler d’émergence sans régler la question de la jeunesse, de la sécurité entre autres, je ne vois pas l’opportunité. Tout ce qui est parachuté mène toujours aux mêmes résultats. Ce n’est pas endogène.’’ 

AIDA DIENE

 

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