Publié le 11 Mar 2016 - 21:40
COMBAT CONTRE LES PROJETS D’EXTERNALISATION DES RÉSEAUX À LA SONATEL

Le front s’élargit

 

L’intersyndicale des travailleurs de la Sonatel intensifie son combat contre les projets d’externalisation des réseaux en cours dans la boîte. Désormais, elle pourra compter sur le soutien d’autres forces vives du pays, notamment, le mouvement Y en à marre, le M23, Legs-Africa, Mom Sa Reew, la Coalition Non aux APE… Ensemble, ils entendent ‘’défendre ce patrimoine qu’est la Sonatel’’.

 

L’intersyndicale des travailleurs de la Sonatel peut désormais compter sur le M23, le mouvement Y en à marre, la Coalition Non aux APE, Legs-Africa… Ces forces vives de la société civile viennent apporter leur soutien aux travailleurs de la Société nationale de téléphonie qui, depuis plusieurs années, luttent pour la préservation de leur outil de travail. Désormais, ils ne seront plus seuls au Front. Ils pourront compter sur l’ensemble de ces mouvements et autres partis politiques, notamment PASTEF et Moom Sa Reew, pour contrecarrer la société Orange France qui, d’après les syndicalistes, a pour seule ambition de ‘’démanteler le groupe Sonatel en imposant à la direction un vaste programme d’externalisation de la gestion des sites radios, de l’exploitation du cœur réseau et du réseau d’accès’’. Ces différents mouvements ont scellé, hier, cette entente au cours d’une conférence de presse.

Perte de souveraineté

Par ailleurs, la secrétaire générale du Syndicat national des travailleurs des postes et télécommunications-section télécoms (SNTPT) pense que ce processus d’externalisation en cours dans le groupe n’est pas sans conséquences sur l’économie et la souveraineté du pays. Ndèye Founé Niang estime que l’Etat n’a plus la mainmise sur Sonatel. France-Télécom, qui détient aujourd’hui les actions majoritaires de la boîte, ‘’tend à transformer’’ Sonatel en une filiale de son groupe, par ces plans d’externalisation. ‘’Ces projets de transformation ne sont que l’arbre qui cache la forêt. Il n’y a aucun domaine d’activité de Sonatel qui échappe à la voracité de France-Télécom. Le trafic international de nos filiales qui passait par le Sénégal est détourné pour transiter par la France. La nomination des directeurs généraux de nos filiales est faite par France Télécom qui n’en a ni le droit ni la légitimité’’, révèle Mme Niang.

Entre autres griefs, Ndéye Founé Niang souligne que le ministère des Télécommunications et des Postes, qui reste leur tutelle, n’a même pas de représentant au Conseil d’administration de la Sonatel. C’est ce qui explique, en grande partie, que France-Télécom règne en maître dans la boîte. L’État du Sénégal qui devait prendre le dossier en main ‘’tarde toujours à réagir’’, dénonce-t-elle.

‘’Recolonisation consentie’’

Face à cette menace qui pèse sur la Société nationale de téléphonie, les acteurs de la société civile ont décidé de s’approprier ce combat. Guy Marius Sagna de YonuAskan Wi appelle à une lutte nationale, patriotique qui dépasse même le dossier de la Sonatel pour retrouver une souveraineté économique du pays. Le ‘’diktat’’ que certaines entreprises étrangères imposent au Sénégal fait dire au coordonnateur du M23 qu’une ‘’recolonisation consentie’’ se dessine petit à petit.

‘’C’est comme s’il y avait une entreprise de prise en charge totale du Sénégal par l’extérieur, avec l’aval de nos dirigeants et de Sénégalais. Est-ce que nous devons regarder tranquillement des gens procéder à une recolonisation du Sénégal ?’’, se demande Mamadou Mbodj. Sa réponse est qu’il faut faire face, pour vaincre ou baisser les bras pour se faire écraser comme des mouches. Mamadou Mbodj appelle à la mobilisation de toutes les forces vives du pays. Il pense que si rien n’est fait pour contrecarrer les différents lobbies en place, ‘’nous allons léguer à nos enfants un pays totalement à la merci de l’étranger’’.

ALIOU NGAMBY NDIAYE

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