Publié le 15 Jan 2019 - 14:32
COUPS ET BLESSURES VOLONTAIRES

Elle tabasse et fracture le bras de sa voisine

 

Le bon voisinage n’est pas quelque chose que partagent A. Diop et Y. Faye. La première est accusée d’avoir bastonné et fracturé le bras de la seconde. Attraite à la barre du tribunal d’instance de Mbour pour coups et blessures volontaires avec une incapacité de travail  temporaire (Itt) de 45 jours, A. Diop sera édifiée sur son sort le 18 janvier prochain. 

 

Durant 4 ans de voisinage, les relations entre A. Diop et Y. Faye ont été toujours heurtées. Les deux dames ne se piffent guère. Leur inimitié a atterri hier, à la barre du tribunal de grande instance (Tgi) de Mbour, car les deux voisines en sont arrivées aux mains. Y. Faye s’est retrouvée avec un bras cassé. Ainsi, elle a porté plainte contre A. Diop pour coups et blessures volontaires avec une incapacité temporaire de travail de 45 jours.

Face aux juges hier, les deux protagonistes sont revenus sur les faits. Entendue en tant que partie civile, Y. Faye a expliqué que la prévenue l’a provoquée, car A. Diop ne cessait de la taxer d’être issue du village de recasement. Elle l’a pointait du doigt en la désignant comme la fille d’un lépreux qui demandait l’aumône pour survivre. ‘’Depuis 4 longues années, elle me rabâche chaque fois : ‘Ton père était lépreux. Il demandait de l’aumône devant l’église. Je ne comprends pas que ton père soit lépreux et que toi tu veuilles devenir quelqu’un. Ta place est dans la rue, vas mendier’, a narré la plaignante. Et de poursuivre : ‘’Si elle pense que j’ai réussi dans la vie, pourquoi ne devrais-je pas l’être ? Pour nourrir ma famille, je me démène comme un diable.

Je vends des crèmes glacées. C’est avec mes économies que je parviens à payer les études de mes enfants dans une école privée. Est-ce un crime de vouloir le meilleur pour sa famille ?’’ Toujours est-il que ne pouvant plus supporter les quolibets, Y. Faye s’en est ouverte à la police. Malgré sa plainte, sa voisine ne ratait pas une occasion de se moquer d’elle. D’ailleurs, il est ressorti des débats d’audience que les policiers n’en pouvaient plus de recevoir les deux femmes. ‘’Ils avaient une fois menacé de nous déférer, parce qu’ils en avaient marre de nos aller-retour au commissariat’’, explique la partie civile. Qui accuse la prévenue d’avoir préparé son coup, puisque A. Diop l’a attaquée et bastonnée avec l’aide de ses enfants. ‘’Ils m’ont tapée avec un balai sur la main. Ce qui m’a causé toutes ces blessures. Je devais faire trois radiographies, j’en ai fait qu’une seule, par manque de moyens. Dans la bagarre, j’ai perdu mes sandales, mon pagne et mon mouchoir de tête’’, conclut-elle. 

Sa déclaration est battue en brèche par la prévenue qui a plaidé l’excuse de la provocation. A. Diop a allégué que Y. Faye a l’habitude de la traiter de prostituée. ‘’En rentrant chez moi, je l’ai croisée et elle m’a lancée : ‘La garce, tu as fini de faire le trottoir ?’ Je n’ai pas répondu et je lui ai demandé si elle pouvait me laisser tranquille’’, déclare Mme Diop. A l’en croire, la partie civile a fait fi de ses remarques et l’a frappée avec le jeu de clés qu’elle tenait entre ses doigts. ‘’Les clés m’ont atteinte au visage. C’est en ce moment que je l’ai attaquée. Nous nous sommes battues’’, s’est défendu la dame âgée de 42 ans.

D’après, l’avocat de Y. Faye, la prévenue est de mauvaise foi. ‘’Elle n’est pas parvenue à exprimer aucun remord’’, a fustigé Me Deh. Pour la réparation du préjudice subi par sa cliente, il a réclamé la somme de 5 millions de francs Cfa. ‘’Son travail lui permettait de payer la scolarité de ses enfants. Elle va rester 45 jours sans travailler’’, justifie Me Deh. L’avocat de la défense a joué la carte de l’apaisement, en mettant l’accent sur l’importance des rapports de bon voisinage. ‘’Le voisinage est sacré. Le premier parent, c’est le voisin. Il faut que le tribunal nous aide à ramener la paix entre ces deux dames qui sont liées par le voisinage. Il n’y a que les gens qui vivent ensemble qui ont des problèmes’’, plaide Me Fadel Fall. Le représentant du parquet n’a pas requis de peine, mais a bien sermonné les deux dames. A. Diop est retournée en prison, en attendant le 18 janvier prochain, date à laquelle le tribunal rendra son délibéré.

KHADY NDOYE (MBOUR)

 

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