Publié le 15 Apr 2015 - 14:04
DECES DES TROIS SENEGALAISES AU MAROC

Une contre-autopsie exigée

 

L’arrivée ce mercredi des corps sans vie des trois étudiantes sénégalaises, décédées suite à une inhalation de gaz, n’est pas près de calmer les esprits. Malgré les assurances du gouvernement sénégalais quant à la thèse d’une mort accidentelle, des défenseurs des droits des migrants exigent une contre-autopsie.

 

Le gouvernement sénégalais a pris toutes les dispositions pour rapatrier les dépouilles mortelles des trois jeunes Sénégalaises décédées au Maroc. Mais des organisations de défense des droits de l’Homme ne veulent pas que l’affaire s’en arrête là. Ils exigent que lumière soit apportée sur cette affaire, en raison de la recrudescence des décès des ressortissants sénégalais établis au Maroc. Le président de l’Ong Horizon sans frontières ‘’demande  au Procureur de la République de s’autosaisir du dossier afin de pratiquer une contre-autopsie pour confirmer ou infirmer  cette thèse’’.

L’organisation internationale de migrants déplore le fait qu’aucune commission d’enquête ne se soit rendue au Maroc pour élucider les circonstances de ce drame. ‘’Le Sénégal a vraiment facilité la tâche aux autorités marocaines avec toute la cacophonie et l’amateurisme qu’il y a eus sur cette affaire et finalement, c’est toujours le migrant qui perd‘’, souligne-t-il dans un communiqué parvenu à EnQuête. Pour Boubacar Sèye,  l’hypothèse d’une mort par accident avait ‘’été avancée sans qu’une enquête sérieuse ou une autopsie ne soit faite au préalable’’. Un avis partagé par des compatriotes. ‘’Comment se fait-il qu’elles soient mortes toutes les trois sur le coup. L’une d’elles aurait pu se réveiller et s’échapper. Y aurait-il des non-dits dans cette lugubre affaire ?’’ se demande-t-on.

La thèse de l’empoisonnement

L’Association des ressortissants sénégalais résidents au Maroc (Arserm) ne varie pas dans ses propos. Dans un article posté sur son site, elle exhorte le gouvernement du Sénégal à lever les zones d’ombre qui entoure ce décès qui a chagriné plus d’un. ‘’Le Secrétaire d’Etat aux Sénégalais de l’extérieur n’a apporté aucune clarification. Le ministre a préféré mettre en avant la relation entre le Sénégal et le Maroc. Les Sénégalais veulent avoir plus d’informations sur la mort de nos compatriotes et se demandent pourquoi l’Etat sénégalais n’ouvre pas une enquête. Ils doivent savoir comment ces 3 braves filles sont mortes. Des interrogations sont émises de part et d’autre et il y a même certains qui émettent l’hypothèse de l’empoisonnement. Il demeure important d’apporter toutes les clarifications à cette triste affaire.’’

Par ailleurs, s’il est souligné de part et d’autre que les étudiants sénégalais établis au Maroc sont mis dans de meilleures conditions que d’autres migrants subsahariens, ils sont moins lotis que les camarades marocains vivant à Dakar. Si le Maroc passe pour la deuxième destination des étudiants sénégalais, après la France, la Présidente de l’Union Générale des Etudiants et Stagiaires Sénégalais au Maroc (l’UGESM), Arame Ndao, n’a eu de cesse de demander aux autorités étatiques d’améliorer leurs conditions de séjour dans le royaume chérifien. Car, le surenchérissement du coût de la vie au Maroc les place dans des situations inconfortables.

‘’Il est vrai que nous percevons une bourse bimensuelle de l’Agence Marocaine de la Coopération Internationale (AMCI), en plus de celle du Sénégal. De prime abord, cela ferait penser que nous sommes à l’abri du besoin, alors que la situation est tout autre. Par exemple, contrairement à nos camarades étudiants qui vivent en France, nous ne percevons pas de frais d’équipements de la part du gouvernement sénégalais. Et pourtant, à en croire le guide de l’étudiant sénégalais au Maroc - un guide que nous recevons de nos autorités -, cette somme, d’une valeur de 100 000 F CFA, nous revient de droit.  Inutile de préciser donc que nous payons nous-mêmes nos frais d’équipements avec la modeste bourse qui nous est octroyée’’, confiait-elle à nos confrères de Térangaweb. Elle déplore également que cette bourse n’ait pas connu de hausse depuis 1986, alors ‘’que le taux d’inflation moyenne augmente en moyenne de 4 % par an au Maroc. Le loyer a connu une flambée très remarquable’’.

Pour sa part, Horizon sans frontière ‘’demande aux ressortissants sénégalais  vivant au Maroc de redoubler de vigilance, car la préservation des relations d’amitié entre le Sénégal et le Maroc prime sur leur sécurité et leur vie’’.

Matel BOCOUM

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