Publié le 29 Apr 2015 - 00:08
DEMANDE D’OUVERTURE DE NEGOCIATIONS INCLUSIVES, TRANSPARENTES ET SINCERES

Kolda marche pour la paix en Casamance

 

Une marche pour la paix a été organisée, ce week-end à Kolda, par les jeunes et les femmes. Ils ont battu le macadam pour exiger de l’Etat l’ouverture de négociations inclusives, transparentes et sincères. Les femmes souhaitent prendre part aux négociations pour une prise en compte de leurs besoins spécifiques.

 

Face à l’inaction des autorités étatiques, les populations de la région de Kolda, frappées par les multiples attaques de groupes supposés appartenir aux MFDC, vols de bétail et meurtres, ont décidé de s’engager résolument dans la recherche de la paix dans cette région sud du pays. Hommes, femmes, jeunes et enfants ont marché de la paroisse catholique Notre Dame des Victoires à la Gouvernance où un mémorandum a été remis au chef de l’exécutif régional, Al Assane Sall. Ils ont été escortés par les éléments du commissariat urbain de Kolda. En marge de cette marche, les organiseurs ont exigé de l’Etat l’ouverture des négociations inclusives, transparentes et sincères. Car, depuis plus d’un quart de siècle, la Casamance naturelle (Kolda, Ziguinchor et Sédhiou) est confrontée à un conflit dont les conséquences économique, sociale, culturelle et politique sont importantes et plombent les efforts de développement dans cette partie sud du pays.

« Plusieurs femmes sont restées veuves et traumatisées, à cause de la perte de leurs époux. Elles sont devenues inconsolables, suite à la perte de leurs enfants et d’autres membres de leurs familles. Elles sont traumatisées, suite aux viols de leurs filles », a souligné Mariama Diamanka, présidente régionale de la plate-forme des femmes. Les femmes souffrent encore de l’abandon scolaire de leurs enfants qui vont à l’aventure (émigration clandestine, maquis ou exode rural). « Elles paient le plus lourd tribut d’une crise qui n’a que trop duré », a-t-elle martelé. La patronne de la plate-forme des femmes a ajouté que « cette crise a aussi favorisé la propagation du VIH/SIDA, la recrudescence des violences basées sur le genre (enlèvements, mariages et grossesses précoces ».

D’où leur détermination à parvenir à un règlement définitif de ce conflit. Les femmes veulent donc s’impliquer, et souhaitent participer activement aux différentes négociations pour l’instauration d’une paix définitive dans le pays. « La participation des femmes à la vie sociale, économique, politique et culturelle de leur pays n’est pas une faveur que les hommes leur accordent, mais plutôt un droit reconnu par plusieurs instruments juridiques nationaux ». Ainsi, à l’instar des femmes des autres régions du pays, avec les jeunes de Kolda, elles comptent s’impliquer dans le processus de règlement du conflit en Casamance, par l’élaboration et la mise en œuvre d’un plan de communication et de mobilisation sociale pour le retour à une paix définitive.

Les organisateurs de la marche ont aussi pris l’engagement de poursuivre la vulgarisation et le partage des instruments juridiques relatifs aux droits de la femme et de l’enfant, pour obtenir une croissance forte, durable et créatrice d’emplois, tout en préservant l’environnement et les ressources. Les organisateurs ont enfin invité l’Etat à créer les conditions pour une bonne participation des femmes à la mise en œuvre du Plan Sénégal Emergent (PSE).

EMMANUEL BOUBA YANGA (KOLDA)

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