Publié le 13 Nov 2015 - 02:06
EN COULISSE

Emigration 

 

L’Union européenne (UE) propose aux pays africains des espèces sonnantes et trébuchantes ainsi que la création de centres de rétention en Afrique en échange d’une collaboration visant, d’une part, à dissuader les jeunes Africains à se rendre en Europe et, d’autre part, à reprendre ceux dont les demandes d’asile ont été rejetées. C'est ainsi que la somme d’un milliard huit cents millions d'Euros a été posée sur la table pour "soutenir les pays africains dans la gestion de leurs frontières afin d’empêcher des départs à l’exil, mais aussi de combattre le trafic des migrants dans le continent noir". Ces offres européennes ont fait l’objet de négociations serrées dans les coulisses du sommet UE-Afrique sur la migration de ce mercredi et jeudi à La Valette.

Longtemps tabou, la création de centres de rétention dans des pays africains caractérisés comme points de départ de vagues d'émigrés vers l'Europe n'a pas beaucoup enthousiasmé la douzaine de dirigeants africains – la moitié ayant décliné l’invitation – qui ont fait le déplacement. Or, du côté européen, presque tous les chefs d’Etat et de gouvernement sont au rendez-vous. Pour cause, ils ont été conviés aussi à un sommet spécial ce jeudi après-midi sur la crise de réfugiés et l’aide financière à apporter à la Turquie.

...Même si du côté européen on explique qu'il ne s’agit pas de camps de réfugiés, mais plutôt de centres d’information ouverts aux personnes désireuses de se rendre en Europe, les diplomates africains présents à La Valette craignent que les objectifs non avoués de l’UE ne soient d’organiser plus tard des renvois forcés en masse et d’ériger de nouvelles barrières contre l’émigration africaine. En témoignent les fortes réserves du chef de l'Etat du Sénégal, le Président Macky Sall, qui a qualifié le sujet de question sensible qui doit être sérieusement examinée. Pour rappel, le mois dernier, au moment de préparer le sommet de La Valette, les diplomates africains en poste à Bruxelles ont souligné à leurs interlocuteurs européens que c’est l’Afrique, malgré sa pauvreté, qui accueille le plus grand nombre de réfugiés au monde et que seulement un réfugié sur dix partait en Europe.

 

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