Publié le 13 Sep 2014 - 06:08
ENTRETIEN AVEC LAC ROSE

‘’On m’accuse à tort, je n’ai jamais fumé de chanvre indien’’

 

Lac Rose est l’un des espoirs les plus prometteurs de la lutte. Le jeune homme qui a commencé sa carrière il n’y a pas longtemps a pu ainsi glaner 6 victoires pour 2 défaites. Au cœur de plusieurs rumeurs, le lutteur de l’écurie Fass a reçu EnQuête à son quartier de Niary Tally pour apporter un éclairage sur tout ce qui se dit. Entretien.

 

Une petite présentation de Lac Rose ?

Je suis un jeune homme né à Grand Dakar et qui a grandi entre ce quartier et les Parcelles Assainies. C’est à Grand Dakar que j’ai appris ce qu’est la vie : les difficultés, comment les surmonter. J’ai fait aussi quelques années à Saint-Louis.

Avez-vous été à l’école ?

Oui, mais je me suis arrêté au Cm² puisque je n’aimais pas les études. Ce n’était pas mon truc. Pourtant je n’étais pas nul, mais il faut avoir l’amour des études pour réussir, mais aussi des gens derrière qui vous poussent. Moi je n’avais rien de cela. En classe, je m’asseyais dans mon coin sans participer.

Pourquoi avoir opté pour la lutte ensuite ?

En fait, avant d’être lutteur, j’ai été frigoriste. Mais j’ai d’abord voulu être lutteur pour gagner de l’argent, comme beaucoup. En plus, j’étais un grand fan de Tapha Guèye, à l’époque. Mes parents l’appréciaient aussi. Quand il subissait une défaite, je ne mangeais pas et je pleurais. Et un jour, je me suis dit que je serai comme lui. Quand j’ai habité aux Parcelles Assainies, je suivais Papa Sow et Ouza comme leur ombre. Finalement, ils m’ont intégré dans leur cercle et j’étais chargé à chaque fois de garder leurs bagages, j’en étais fier.

Donc grâce à tout ce beau monde, vous avez choisi l’écurie Fass pour y évoluer, êtes-vous satisfait ?

Oui je suis très satisfait et j’y ai trouvé plus que je n’espérais. Il y a l’union et tout le monde veut réussir. Dans cette écurie, on se donne à fond. Les plus âgés aident les plus jeunes. Et nos leaders, à l’image de Gris Bordeaux, Papa Sow ou Forza, sont derrière nous, ils ne nous jugent pas pour nos fautes, mais essayent de nous aider à nous rectifier.

Vous avez choisi le nom Lac Rose, peut-on savoir comment ?

En fait, c’est le choix de ma mère. Quand j’ai commencé dans la lutte, j’en avais parlé à mon marabout, il m’a dit que dans ce cas, il fallait que je change de nom, puisque le prénom Fallou n’était pas approprié pour ce milieu qu’est la lutte. Mes amis se sont alors réunis pour me trouver un nom, il y en a un qui a dit Lac Rose, d’autres ont fait des propositions. J’ai soumis les noms qui m’avaient le plus marqué à ma mère et c’est elle qui a de but en blanc choisi Lac Rose parmi tous les noms que j’avais cités. Depuis lors, je l’utilise et il faut dire que cela m’a porté chance.

Vous êtes jeune et vous aviez bien démarré votre carrière, mais, depuis la saison dernière, courent des rumeurs disant que vous vous dopez ; votre physique aussi a beaucoup changé, qu’en est-il réellement ?

J’ai eu vent de ces rumeurs lors de mon combat contre Modou Anta. Dieu sait que ce n’est pas vrai. Je suis très jeune et mes deux parents ont une corpulence impressionnante. Pour vous dire que ma croissance n’est même pas encore terminée. Quand je m’entraîne comme il faut, je peux avoir le poids que je veux. J’ai fait d’énormes sacrifices en évitant certains plaisirs, en m’entraînant comme un fou, en me couchant tôt pour bien récupérer, c’est pour cela que j’ai atteint ce poids.

Vous êtes jeune et faites partie des lutteurs qui montent, mais un avenir plutôt sombre semble se profiler à l’horizon pour cette discipline, cela ne vous fait-il pas peur ?

A mon avis, des problèmes, il en existe partout, et dans tous les secteurs. Mais Dieu est Grand et j’ai espoir que la lutte tiendra bon et qu’elle ne s’éteindra jamais, malgré les difficultés. Même si on va vers une saison incertaine, je suis sûr que les gens arriveront à trouver des solutions pour que tout revienne à la normale. Seulement, il faudra discuter, faire des concessions de part et d’autre.

Quelles sont vos ambitions dans la lutte ? Être futur roi des arènes… ?

Toute personne évoluant dans un milieu souhaiterait un jour être le numéro 1 parmi ses pairs. Tous les lutteurs rêvent d’atteindre le sommet, d’être le roi de tous les autres, le plus craint, le plus adulé et le mieux payé.

Et le titre de Tigre de Fass vous intéresse-t-il, d’autant plus que celui de Gris Bordeaux est très contesté et que les gens disent souvent que vous le méritez mieux ?

(Hésitant puis se met à rire). Vous savez, moi, je suis dans une position très éloignée du Tigre parce que je suis encore jeune et qu’il y a des gens plus talentueux et plus âgés que moi qui peuvent y prétendre. Gris Bordeaux est notre Tigre et on le considère comme tel ; il ne souffre d’aucune contestation. Je prie pour qu’il puisse mener à bien sa mission parce que ce n’est pas évident. Et pour vous dire vrai, ce titre ne m’emballe pas pour l’instant ; je n’y pense même pas. Après Gris Bordeaux, Papa Sow est là, Forza, Bruce Lee et d’autres.

Vous êtes très jeune, mais pourtant vous vous êtes marié. Pourquoi si tôt ?

En fait, j’ai senti l’envie de me marier et je l’ai fait. En plus, se marier tôt te permet d’éviter certaines choses nuisibles à la carrière d’un sportif. Il y a trop de tentations dans ce milieu et il faut tout faire pour les éviter ; et se marier tôt est une bonne option.

Il se dit que vous étiez un coureur de jupons invétéré ?

Ce n’est pas vrai. On entend à chaque fois des rumeurs sur des lutteurs, mais personnellement vous ne m’avez jamais entendu dans des trucs de fille. Je draguais comme tout bon garçon, mais je n’avais qu’une seule copine, et c’est elle que j’ai épousée.

Depuis quand sortiez-vous ensemble ?

Depuis longtemps, nous étions très jeunes quand nous avons commencé à nous aimer. Je n’avais même pas encore démarré ma carrière de lutteur, à l’époque. Je trimais dans les mbappat, de gauche à droite, mais rien de sérieux.

Et qu’est-ce qui a été déterminant dans le choix de l’épouser ?

Parce qu’elle était là avant que je n’aie de l’argent, elle n’a jamais été là pour des intérêts matériels. Elle m’aime pour moi-même et c’est une chose rare de nos jours.

Fumez-vous du chanvre indien ? Les rumeurs sont persistantes à ce sujet.

(Rires) C’est archifaux. Et il y a beaucoup de personnes qui m’accusent à tort de cela et ça fait mal d’entendre de telles rumeurs. En fait, je viens souvent au stade en faisant le show, le visage grave et ils en concluent que je fume quelque chose. Je vous jure sur ce que j’ai de plus cher au monde que je ne fume pas de chanvre indien. Il y a des gens qui m’appellent de partout pour m’interpeller sur cela parce qu’ils ont eu vent de rumeurs.

KHADY FAYE

 
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