Publié le 4 Feb 2016 - 18:16
ETATS-UNIS

Obama défend les musulmans américains contre les offensives islamophobes

 

En visite pour la première fois dans une mosquée, le président américain a dénoncé la «rhétorique inexcusable» de certains candidats républicains contre les musulmans.

 

Mieux vaut tard que jamais. Sept ans après son arrivée à la Maison Blanche, Barack Obama s’est rendu pour la première fois ce mercredi dans une mosquée américaine. Dans un contexte d’islamophobie croissante, cette visite illustre l’inquiétude et l’indignation du président américain face à rhétorique anti-Islam de certains candidats républicains à sa succession. «Récemment, nous avons entendu une rhétorique inexcusable contre les musulmans américains, des propos qui n’ont pas leur place dans notre pays. Il n’est ainsi pas surprenant que le harcèlement et les menaces contre les musulmans américains aient augmenté», a indiqué le président.

Etudiante en biologie à l’université du Maryland, Sabah Muktar était chargée d’introduire le discours de Barack Obama. «Nous sommes aussi Américains que les autres», a lancé à la tribune la jeune femme voilée, résumant le sentiment de stigmatisation dont souffrent nombre des 3,3 millions de musulmans vivant aux Etats-Unis. Une réalité dont Barack Obama a témoigné. «Je reçois des lettres de musulmans qui disent se sentir comme des citoyens de seconde classe. Une mère m’a écrit en me disant pleurer tous les soirs en se demandant comment sa fille serait traitée à l’école le lendemain. Ce n’est pas ce que nous sommes», a martelé le président démocrate depuis la Société islamique de Baltimore, un vaste complexe qui comprend également une crèche, une école primaire et un centre de santé.

«Question de vie ou de mort»

Avant son discours, le président démocrate a participé à une table-ronde avec des membres de la communauté musulmane, dont Suzanne Barakat, 27 ans. Il y a un an, son frère, sa belle-sœur et la sœur de cette dernière ont été tués à Chapel Hill, en Caroline du nord, dans une attaque vraisemblablement motivée par leur religion. Au New York Times, cette médecin d’origine syrienne, installée à San Francisco, a confié son désarroi face à la tonalité de la campagne présidentielle actuelle. « Les mots utilisés par Trump ou Carson ont à coup sûr un impact et des conséquences. Pour eux, il s’agit de gain politique. Mais pour les musulmans américains, cela peut être une question de vie ou de mort ».

Dans la foulée des attentats terroristes de Paris et de San Bernardino (Californie), les candidats à l'investiture républicaine ont multiplié les propositions radicales. Donald Trump a plaidé pour interdire l’accès aux Etats-Unis à tous les musulmans. Ben Carson a réclamé leur fichage systématique tandis que Ted Cruz et Jeb Bush ont suggéré de n’accueillir sur le sol américain que des réfugiés de confession chrétienne. D’après une étude du Pew Center, publiée il y a quelques jours, 35% des électeurs républicains pensent que la moitié au moins des musulmans vivant aux Etats-Unis sont «anti-Américains».

Contexte délétère

Dans ce contexte délétère, les attaques visant mosquées et musulmans sont en augmentation. D’après un décompte du professeur Brian Levin, de l’université de Californie, les crimes haineux visant la communauté musulmane ont triplé en 2015, avec un pic au cours des derniers mois de l’année. «Nous sommes une famille américaine. Lorsqu’une partie de cette famille se sent séparée, infériorisée ou prise pour cible, cela déchire les fondements de notre nation», a souligné Barack Obama.

Evoquant la «petite fraction» de musulmans qui «propagent une interprétation pervertie de l’Islam» et se livrent au terrorisme, Barack Obama a appelé l’ensemble de la communauté musulmane à dénoncer catégoriquement ces violences, ainsi que celles dont sont victimes d’autres religions. Le président américain a aussi évoqué les persécutions contre les chrétiens d’Orient et mentionné «les juifs de France» qui quittent le pays car ils se sentent «menacés, notamment par des musulmans».

(Liberation.fr)

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