Publié le 8 Jul 2018 - 17:36
ETATS-UNIS/CHINE

La guerre commerciale a commencé

 

Les Etats-Unis et la Chine sont entrés ce vendredi 6 juillet dans une guerre commerciale avec l'entrée en vigueur de taxes douanières réciproques sur des dizaines de milliards de dollars de marchandises, malgré les mises en garde alarmistes et la nervosité des marchés.

Les nouveaux droits de douane américains sont entrés en vigueur ce vendredi 6 juillet comme l'avait annoncé le président Donald Trump. Ces taxes de 25 % sur 34 milliards de dollars d'importations chinoises frapperont 818 produits dont des voitures, des composants d'avions ou des disques durs d'ordinateurs tout en épargnant des biens populaires comme les téléphones portables ou les télévisions.

Au total, 50 milliards de dollars d'importations chinoises annuelles seront affectés par les mesures américaines destinées à compenser ce que l'administration Trump considère comme un vol de propriété intellectuelle et de technologies. Le président américain s'est dit prêt à taxer 200 milliards de dollars de biens additionnels si la Chine augmente à nouveau ses tarifs douaniers en réaction. Ces mesures pourraient donc porter à 450 milliards la valeur des produits chinois taxés, soit la grande majorité des importations venues du géant asiatique.

« Les Etats-Unis ont violé les règles de l'Organisation mondiale du commerce (OMC) et lancé la plus grande guerre commerciale de l'histoire économique à ce jour, a déclaré le ministère chinois du Commerce dans un communiqué. La Chine a promis de ne pas tirer la première, mais pour défendre les intérêts fondamentaux du pays et de sa population, elle est contrainte à une nécessaire riposte. »

« Si un pays veut augmenter les droits de douane, la Chine répondra pour se défendre, a prévenu de son côté le Premier ministre chinois Li Keqiang. Une guerre commerciale ne profite à personne car elle nuit au commerce libre et au processus multilatéral ».

Comme le rappelle notre correspondante à Pékin, Heike Schmidt, le ministère du Commerce avait accusé les Etats-Unis d’avoir « lancé la plus grande guerre commerciale de l’histoire économique qui met en danger la reprise de l’économie mondiale et fera souffrir des entreprises innocentes ». Le ministère compte d’ailleurs défendre ses droits auprès de l’Organisation mondiale du commerce (OMC).

L'électorat de Trump particulièrement visé

Sans attendre, les autorités chinoises ont donc donné l’ordre aux douanes d’appliquer une taxe de 25 % sur toute une gamme de produits, en ciblant le secteur agricole, et notamment le soja. Les Etats-Unis sont les plus grands exportateurs mondiaux de cette fève, et la Chine, le plus grand consommateur de la planète, importe chaque année du soja américain pour l’équivalent de 14 milliards de dollars. Toutes sortes de légumes seront également taxées, du chou à la pomme de terre en passant par les noix ou les champignons, mais aussi les fromages américains, le tabac, le whisky et les produits de l’élevage et de la pêche. L’industrie l’automobile est aussi dans le collimateur de Pékin.

La Chine a choisi de ciblé politiquement ses représailles en privilégiant les biens produits dans les comtés qui ont voté en faveur de Donald Trump en 2016. Plus d’un million d’emplois sont exposés du fait des taxes chinoises dans les régions qui l’ont porté à la Maison Blanche, soit deux fois plus que dans les comtés où Hillary Clinton a recueilli la majorité des suffrages.

Trump persiste et signe

La Chambre de commerce américaine a ainsi estimé à environ 75 milliards de dollars le montant des exportations américaines touchées jusqu'à maintenant par les mesures de rétorsion des partenaires commerciaux des Etats-Unis. Elle cite notamment six Etats particulièrement affectés, qui ont tous voté pour Donald Trump : l'Alabama, le Michigan, la Pennsylvanie, la Caroline du Sud, le Texas et le Wisconsin.

Ces mises en garde laissent pourtant de marbre le président américain, qui a une nouvelle fois balayé les arguments dans un tweet. « L'économie se porte probablement bien mieux que par le passé, avant que nous réglions le problème des accords commerciaux inéquitables passés avec chaque pays, a-t-il estimé. Une majorité de pays est d'accord sur le fait que ceux-ci doivent changer mais personne ne l'a jamais demandé. »

RFI

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