Publié le 3 May 2016 - 23:51
ETHIQUE ET DÉONTOLOGIE BAFOUÉES

Les inquiétudes de Jean Meïssa Diop

 

L’ancien directeur de publication de Walf Grand-Place et membre du Conseil national de régulation de l’audiovisuel (Cnra) s’interroge sur la place de l’éthique et de la déontologie dans la presse en ligne.

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 ‘‘Il est indéniable qu’il y a foisonnement de sites d’informations sénégalais. Une des questions qui se posent avec ce boom est de savoir s’il y a des ressources humaines, je dirais surtout professionnelles, pour animer ces organes avec tout le professionnalisme, le sens des responsabilités, les préoccupations éthiques et déontologiques que requiert la tenue d’un organe d’informations sérieux.’’ Ces interrogations sont du journaliste Jean Meïssa Diop qui étale toute son inquiétude quant à la floraison des sites. Selon l’ancien rédacteur en chef de Walf Quotidien et Directeur de publication de Walf Grand-Place, ‘‘on peut bien en douter quand on en juge par la publication par et sur ces sites de photos et textes  sans aucune préoccupation ou respect pour le public’’.

Le journaliste rappelle avoir toujours soutenu qu’une photo hideuse n’est pas et ne doit pas être la preuve de l’exactitude d’une information. Ainsi, ce doyen de la presse interpelle : ‘‘Avait-on besoin de publier la photo d’un cadavre ensanglanté pour prouver le meurtre d’un homme par des voleurs dans la région de Matam ? Que dire de cette éternelle photo d’un corps sur une table de morgue portant à un orteil un numéro d’identification. Et toujours, la même photo sert à illustrer des informations sur la mort de personnes.’’ Egalement membre du Conseil national de régulation de l’audiovisuel, il précise que ‘‘le Cnra a eu à émettre un avis contre cette pratique en vogue sur les sites’’. A cela, poursuit-il, ‘‘s’ajoute les informations inexactes parce que la publication n’a pas respecté les procédures de vérifications contradictoires’’. Des démarches déplorables non observées qui, aux yeux de M. Diop, s’expliquent par le fait que ‘‘sur beaucoup de sites, on privilégie l’effet d’annonce’’.

Un CNRA limité

Interpellé sur le regard du Cnra sur les dérapages de certains sites, Jean Meïssa Diop rétorque que ‘‘le Cnra ne porte un œil de régulateur sur ces sites qu’en période de campagne électorale. Et puis, même si le Cnra avait des pouvoirs, il serait techniquement difficile de leur infliger des sanctions comme la fermeture en cas de manquements persistants’’.

Malheureusement, même étant l’organe régulateur, ‘‘le Cnra ne peut agir en dehors de ce que prévoient les textes. Or, pour ce cas-ci, il n’y a pas de dispositions particulières’’.​

 

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