Publié le 10 Oct 2015 - 16:26
FIN DE CAMPAGNE VIOLENTE

Un scrutin sous haute tension

 

La campagne électorale a pris fin ce vendredi à minuit dans le désordre. Difficile de dire le nombre d’affrontements qui ont éclaté hier à Conakry. Dans la continuité d’une nuit de jeudi tumultueuse, qui a fait un mort, la tension a été vive. Malgré  les multiples appels au calme, le scrutin ou l’après-scrutin du dimanche s’annonce très tendu.

 

La fin de campagne électorale pour la présidentielle guinéenne, ouverte le 11 septembre dernier, déroule des scènes de déjà-vu. Ratoma, Gbessia, Dixxin..., les localités de Conakry ont renoué  avec les démons de la violence. Des face à face violents ont opposés pro-Condé et partisans de Dalein. Le rassemblement, jeudi, de l’Union des forces démocratiques de Guinée (UFDG), de Cellou Dalein Diallo, à l’esplanade du Palais du peuple a dégénéré. Des élements de ce parti  s’en sont pris aux voitures parquées au lieu dit la Casse, à Dixinn gare, à la fin de leur manifestation. ‘‘ Ils étaient surexcités après le rassemblement, ils auraient pu rentrer chez eux tranquillement, mais il a fallu qu’ils détruisent nos biens’’, raconte un témoin hier venu grossir les rangs des partians du RPG qui ont bloqué une partie de la capitale toute la matinée d’hier. Impossible de rejoindre le centre-ville en provenance de La Minière.

 Les voitures qui s’étaient déjà engageés sur le chemin de la ville ont été déroutées soit par les manifestants, soit par les forces de l’ordre qui se sont finalement décidées à intervenir. Les véhicules qui ont voulu faire marche arrière ont provoqué des embouteillages monstres dans un concert de klaxons éprouvant pour les oreilles. Les actes de vandalisme des partisans de l’UFDG  qui se sont déroulés dans la nuit du jeudi aux environs de minuit  ont provoqué un retour de bâton. Des partisans du RPG, le parti du président sortant, ont attendu un peu plus tard, pour porter la réplique de manière violente. Des casses à Madinah Sig, fief des commerçants peuls favorables à Dalein, ont ponctué une bonne partie de la nuit du  jeudi à vendredi. Négoces des vendeurs et voitures en stationnement,  ont complètement été saccagés par une foule en furie. Pis, ces affrontements nocturnes  ont débouché sur la mort d’un homme, tabassé à mort,  et fait vingt blessés selon les sources officielles. Deux  décès selon la rumeur.

 Dans la matinée d’hier, les stores baissés de magasins de Madina n’étaient pas dus à la prière du vendredi, mais à une crainte de résurgence d’une violence pro-RPG. Conséquences ?  Impossible de rejoindre l’intérieur de la capitale pendant une bonne partie de la matinée d’hier. Le ministre de l’Intérieur de la Guinée, Mahmoud Cissé,  s’est fendu d’un communiqué pour déplorer et condamner ces ‘‘ violences qui ne reflètent pas la vision et le choix démocratiques de la Guineé ’’, avant d’inviter à plus de retenue et de prévenir que ‘‘ force restera à la loi’’.

Le RPG annule son meeting.

Malgré cette mise en garde, la journée d’hier n’en a été pas moins secouée. La maison de Cellou Dalein Diallo à Dixinn-Bora a été callaissée par des manifestants aux environs de 13 heures.  Seule l’annonce de l’annulation du rassemblement du RPG à l’esplanade du Palais du peuple est venue faire tomber la tension d’un cran soulageant beaucoup de résidents de la capitale comme Aboubacar Bah. ‘‘ Mercredi, après le rassemblement de l’UFR (Sidya Touré) il y a eu des casses. Hier (Ndlr : avant-hier) avec l’UFDG il y’en a eu aussi. Si Alpha avait tenu son meeting au Palais des peuples, ç’aurait été la catastrophe’’,  se félicite-t-il. Tout le contraire de ce partisan du président sortant : ‘‘ nous sommes un peu déçus. Les partisans de Cellou disent que nous nous sommes débinés car nous avons peur d’eux. Mais nous avons confiance en la clairvoyance du président Condé’’, déclare Abass Cissé au quartier Cameroun. Très lucide, il reconnaît à leur principal challenger de l’UFDG une force électorale à peu près à la hauteur de sa manifestation réussie, mais ne se fait aucun doute sur l’issue de l’élection.

‘‘ Dimanche n’est plus loin pour notre deuxième mandat’’, conclut-il

OUSMANE LAYE DIOP (envoyé spécial à Conakry)

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