Publié le 5 Dec 2016 - 14:37
GAMBIE - ELECTION ADAMA BARROW

‘‘Après ce changement, les politiciens prendront la relève’’ 

 

Le président gambien nouvellement élu compte faire un mandat de transition de trois ans. C’est ce qu’il a déclaré en substance, dans une interview accordée à trois médias français.

 

Une transition pacifique. C’est ce que compte dérouler le président élu de la Gambie, Adama Barrow. Après une dictature longue de deux décennies de son adversaire défait, Yahya Jammeh, le nouveau chef d’Etat gambien compte faire moins que la durée de son mandat. Ceci pour respecter un engagement avant son investiture, où il avait promis d’organiser de nouvelles élections auxquelles il ne participerait pas, après trois ans à la tête du pays. ‘‘Je vais le respecter. Je ne me considère pas comme un politicien. Je pense que Dieu m’a investi pour sauver la Gambie et initier un changement. Après ce changement, les politiciens prendront la relève. Mon parti continuera, mais je ne serai pas de la partie. Je suis businessman, je continuerai mes affaires’’, a-t-il déclaré dans une interview accordée à Rfi, France 24 et TV5 monde.

La prochaine présidentielle devrait donc se tenir en 2020 chez le voisin gambien.  Pour l’instant, le vainqueur de la présidentielle vendredi dernier se veut inclusif dans ses options initiales forcément attendues par tout le monde. ‘‘Ma première décision sera de mettre en place un cabinet, avec lequel je souhaite commencer à travailler. Celui-ci sera composé de membres des huit partis politiques qui forment la coalition de l’opposition. Nous allons travailler ensemble’’, a  poursuivi le nouveau leader. Quant aux nombreuses personnes embastillées par le régime de Jammeh pour délit d’opinion, les déclarations du président rendent optimistes. ‘‘Je ne peux pas vous dire précisément quand, mais ils seront libérés. Ce sont des personnes qui se sont battues pour leur pays : ils voulaient le changement et c’est pour cela qu’ils ont été mis en prison. Ils doivent donc participer au changement que nous sommes en train de vivre.’’ Victorieux avec 45,5% des voix, Adama Barrow s’apprête à tourner une page politique en Gambie dont les futurs développements font naître quelques appréhensions.  

‘’La réconciliation nationale est très importante’’

Le sort du président sortant reste encore la grande inconnue dans l’élection d’Adama Barrow. Après un coup d’Etat en 1994, Yahya Jammeh s’est emparé d’un pays qu’il a dirigé d’une main de fer. La reconnaissance de sa défaite vendredi dernier a pris de court tous les observateurs  de la scène gambienne. ‘‘Je l’aiderai à bien mener la transition’’, avait-il déclaré à l’endroit de M. Barrow, à la télé gambienne, vendredi après un coup de fil qui restera dans les annales. A la question de savoir s’il allait intenter des poursuites judiciaires contre son prédécesseur, Adama Barrow de dire : ‘‘Nous n’avons de comptes à rendre à personne.

Si nous avons des dossiers à juger, nous le ferons. Nous respecterons la Constitution et les droits de chacun, mais la loi s’appliquera à tous.’’ Signe de l’apaisement qu’il espère apporter à sa gestion, le président élu n’exclut pas l’idée de consulter son devancier sur quelques questions. ‘‘Il est au pouvoir depuis plus de vingt ans. Si vous voulez connaître en détails les secteurs clés, vous êtes obligé de lui demander certaines choses. C’est inévitable. La réconciliation nationale est très importante. Beaucoup de gens ont voté pour lui. Il faut les prendre en compte et placer l’intérêt de la Gambie au-dessus de tout’’, a-t-il conclu.

MAME TALLA DIAW

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