Publié le 21 Oct 2014 - 14:13
INFRASTRUCTURES SCOLAIRES DELABREES, MANQUE CRIARD D’ENSEIGNANTS, EFFECTIFS D’ELEVES PLETHORIQUES…

Kolda est malade de son système éducatif 

 

La rentrée des classes de cette année scolaire 2014-2015 n’est pas effective dans la plupart des écoles de la région de Kolda qui manquent presque de tout.  Certains établissements n’ont d’école que le nom.  

Reportage

La plupart des établissements scolaires offrent l’image de structures agonisantes. Salles de classe entièrement délabrées, sinon en ruine pour beaucoup, avec des toits qui s’affaissent sous l’effet des ans, d’une dégradation très avancée. De Kolda commune au département de Médina Yoro Foula, en passant par le département de Vélingara, Pata, Badion, Wassadou, Diaobé, Tankanto Escale, Saré Yoba Diéga, …. Dans toutes ces localités parcourues, le constat est le même : accablant.  Des abris provisoires et des bâtiments de classe littéralement en décrépitude se dressent comme une grand-mère édentée et courbée sous le poids de l’âge. Absence totale ou presque de tables-bancs, manque de matériels didactiques, surtout un corps enseignant aussi réduit que peau de chagrin, alors que la population scolaire ne cesse d’augmenter.

Tout un cortège de maux qui font que le système éducatif dans la région est sous perfusion. Le cas du CEM II en est une parfaite illustration. Situé sur la route du quartier Saré Moussa dans la commune de Kolda, à quelques jets de pierre de la paroisse Notre Dame des Victoires, cet établissement n’a aucune infrastructure qui lui permette d’ouvrir ses portes pour la rentrée des classes.

Et pour cause, la plupart des bâtiments qui abritent quelques salles de classe quasi-non équipées en bancs, avec des fenêtres faites de grillages, sont en état de délabrement très avancé. Pas de bureau confortable pour le corps administratif ni d’installation sanitaire commode à la formation de la future élite du pays. Par exemple, au niveau du bloc de bâtiments qui abrite les salles 10, 11 et 12, les toitures sont complètement détériorées. Dés que la pluie tombe, tout le monde est obligé d’abandonner les salles de classe.

‘’Ça ne suinte pas, mais il pleut à l’intérieur. Des toitures en fibrociment sont complètements perforées par les jets de pierres des élèves lors des grèves ‘’, confie Tidiane Mané, principal dudit établissement. Les bâtiments qui abritent les salles 6, 7 et 8 sont aussi vieux. Les toitures en tôles de zinc sont en ruine et les charpentes en rônier ne tiennent plus. Dès les premiers coups de vent, les toitures et les rôniers s’envolent. ‘’ C’est le cas cette année. Dés que la première pluie est tombée, une partie des toits de certains bâtiments a été emportée par le vent. Avec cette rentrée, nous risquons de perdre six (6) salles de classe banalement, comme ça’’, a indiqué M. Mané. Et pourtant, il se dit ‘’ prêt ‘’ à démarrer la saison 2014-2015, s’autorisant à inviter les parents à venir nombreux inscrire leurs enfants, car les places sont limitées, selon la formule consacrée.

Des abris provisoires devenus un casse-tête

S’il y a un autre problème qui hante le sommeil des autorités éducatives et des parents d’élèves de la région de Kolda, c’est bien celui des abris provisoires. Le cas du Lycée de Médina Yoro Foula est édifiant à plus d’un titre. Car, depuis sa création, en 2012, l’établissement demeure toujours une coquille vide. Pas de salles de classe construites, pas de mur de clôture, pas de téléphone, ni de mobilier de bureau, encore moins d’équipement informatique. La seule image qui s’offre au visiteur, c’est celle des abris provisoires, faits de tiges de bambou (crin-tins).

Ainsi pour améliorer les conditions d’études des enfants, le maire, Khalifa Sy compte mettre à la disposition du corps administratif du lycée neuf (9) millions de nos francs, malgré le maigre budget de sa commune. Une somme destinée à l’achat des fournitures scolaires et au fonctionnement de l’établissement. ‘’Nous avons trouvé un partenaire qui est prêt à nous financer à hauteur de 50 millions FCFA pour la construction des salles de classe pour notre école élémentaire, pour avoir au moins 12 classes. A cela s’ajoute la participation communautaire de 25 millions destinés aux besoins de l’éducation du département de Médina Yoro Foula’’, a déclaré le maire.

 Le lycée  Bouna Kane, situé sur la route de Ziguinchor, à l’entrée de la ville, est aussi obligé de recourir aux abris provisoires. Explications : ‘’ L’année dernière, nous avons construit trois abris provisoires et cette année, nous comptons en faire de même. Car, le nombre d’élèves que nous avons en seconde dépasse notre capacité d’accueil. Nous sommes donc obligés de construire trois abris provisoires’’, renseigne Sékou Camara, proviseur dudit lycée. Créé en 2012, l’établissement  compte 19 classes pédagogiques et reçoit plus de 1116 élèves.

Au CEM Sikilo Ouest, une école secondaire jouxtant le lycée Alpha Molo Baldé, le manque de tables-bancs n’est plus à démontrer. L’on se demande même où vont s’asseoir les élèves ? A ces questions, le principal sortant dudit établissement, Souanding Sané, qui assure l’intérim du principal actuel, empêché, affirme qu’il y a un manque criard de tables-bancs dans cet établissement. Et de poursuivre :’’J’ai lancé un appel à mes supérieurs. Mais cet appel est tombé dans l’oreille d’un sourd. Finalement, je suis obligé d’aller dans les écoles élémentaires ramasser des carcasses de tables-bancs. En plus, j’ai adressé une demande aux agents du service régional des Eaux et Forets pour avoir des troncs d’arbres pour les scier et les transformer en planches. Et ce sont ces planches qui nous servent de tables-bancs’’.

Le CEM de la toute nouvelle commune de Dinguiraye, dans le département de MYF, compte 49 salles de classe, dont 27 abris provisoires, selon le maire de la commune, Harouna Camara. ‘’ Le collège de Nianao, dans le département de Vélingara, compte également 04 abris provisoires. Celui de Wassadou et Kaone ont respectivement 02 et 04 abris provisoires ‘’, a dit Barsa Soumboudou, maire de Wassadou.

Face à situation surréaliste, l’inspecteur d’Académie de Kolda, Mamadou Goudiaby, est d’avis qu’il urge de résoudre progressivement la question  des abris provisoires, même si, reconnaît-il, ce n’est pas facile. Pourquoi ? ‘’  Certains établissements se trouvent dans un état de dégradation très avancé’’, a-t-il souligné.

En définitive, dans la région de Kolda, le manque de personnel enseignant, la dégradation avancée des salles de cours, l’absence de tables-bancs, de cantines scolaires, d’infrastructures sanitaires, de matériels didactiques, sont de véritables obstacles pour une distribution d’enseignement de qualité. Face à cette situation, le concept ‘’Ubi tey Jang tey’’, n’a pas droit de cité dans la capitale du Fouladou, aux dires mêmes du président régional de l’association des parents d’élèves et étudiants de Kolda, Abba Baldé

Ecole Saint Charles

Une petite éclaircie entre les nuages

Si dans la plupart des écoles de la région de Kolda, les cours  tardent à démarrer, ce n’est pas le cas à l’école Saint Charles où les enseignements ont démarré depuis belle lurette. Située à l’angle des routes menant vers Ziguinchor et Tambacounda, l’école dispose d’infrastructures de qualité. Des bâtiments peints, les locaux nettoyés, les arbres taillés, la cours de récréation bien aménagée, l’infirmerie de l’école pour les soins primaires des élèves approvisionnée, les installations sanitaires méritent bien d’être appelées, ‘’lieux d’aisance ‘’. Bref,  l’école Saint Charles est l’un des rares  établissements de Kolda à avoir  démarré les cours dans de bonnes conditions.

EMMANUEL BOUBA YANGA (KOLDA)

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