Touché de plein fouet par les inondations, une grande partie de la commune de Dalifort se trouve sous les eaux. Les populations qui vivent cette situation, depuis maintenant des années, accuse le Maire de leur commune de ne rien faire pour soulager leur souffrance.

« Sénégal, ça ne va pas quoi ! » C’est la réaction d’un passant qui a eu toutes les peines du monde à franchir l’étendue d’eau qui a pris possession d’une partie de la route de Yarakh, à hauteur de Seras, la coupant en deux voies. Depuis la veille de la fête de tabaski, passer par cette route est devenu un calvaire pour les automobilistes, à cause de cette situation très compliquée. L’après-midi du mercredi 30 septembre 2015 n’a pas dérogé à cette règle.

Un taxi en panne au beau milieu des flaques d’eau ; des embouteillages monstres ; un bâton sur lequel est accroché un morceau de tissu de couleur orange, planté au milieu de la route, servant de signalisation aux véhicules. Tel était le spectacle apocalyptique. Un passant a expliqué que le bâton indique qu’il y a un grand trou à ce niveau. Pour couronner le tout, les tas d’immondices laissés sur place par les nombreux vendeurs de moutons.

Dans cette partie de la Cité Darou Salam, les populations affirment que leurs enfants sont exposés aux nombreuses maladies durant l’hivernage. D’ailleurs, on a rencontré des enfants insouciants en train de laver une brebis avec cette eau stagnante très sale. Les riverains et les personnes qui travaillent au bord de la route, composées essentiellement de vendeurs de moutons et de mécaniciens, accusent les autorités  municipales de ne rien faire pour évacuer les eaux stagnantes. Contacté au téléphone par EnQuête, l’adjoint au Maire de Dalifort Cheikhna Diop estime que ceux qui réclament l’intervention de la marie font dans la confusion. « Cette route ne fait pas partie de nos compétences. C’est l’Ageroute qui est compétente pour régler ce problème. Mais les populations font parfois des confusions », a-t-il précisé.

Néanmoins, ce qui est constant, c’est que cette situation n’est que le reflet de l’image de la commune de Dalifort pendant l’hivernage. Beaucoup de quartiers, notamment dans les cités de Darou Salam et Mor Maty Sarr, sont sous les eaux. Malgré les efforts des autorités municipales visibles à travers de nombreux bassins de rétention et quelques canaux d’évacuation des eaux, plusieurs maisons sont inondées.

Cité Mor Maty Sarr se noie

Cité Mor Maty Sarr. Une très belle localité, avec ses bâtisses à deux voire trois étages, et leur belle architecture. Mais, une fois dans le quartier, la situation est tout autre. Les rues sont dignes de celles d’un bidonville. Partout, des flaques d’eau verdâtre. « Chaque année, c’est comme ça », lance Daba Dionne, dépitée. Avec tristesse, elle se confie sur la situation que vit sa famille. Depuis le début de l’hivernage, ils n’ont pas vu l’ombre du maire. Les motopompes, n’en parlons pas. La dame et ses petits enfants passent leur journée à évacuer l’eau avec les moyens du bord. « Regardez, même cette chambre est remplie d’eau », lance un de ses enfants, une raclette à la main. Sa maman d’ajouter : « Nos toilettes sont inutilisables depuis le début des pluies ». Fataliste, elle s’en remet à Dieu. « C’est la volonté divine, on n’y peut rien », se console-t-elle d’une voix à peine audible.

La population parle le même langage. La situation est pénible et certains habitants accusent le maire de « non-assistance à personnes en danger ». Derrière la maison de notre précédente interlocutrice se trouve une borne-fontaine. Les habitants qui n’ont pas de robinet chez eux font la queue pour avoir de l’eau potable. Une eau jaunâtre « impropre  à la consommation » coule du robinet et remplit des dizaines de bidons alignés devant la gérante. Malgré les nombreux clients présents ce mercredi 30 octobre vers 17 heures, Ndèye Astou Sané se porte volontaire pour nous servir de guide quand on lui parle d’inondation. Elle nous conduit vers un lieu qu’on peut considérer comme le centre de la localité. L’endroit est le point culminant de tous les problèmes évoqués par les habitants de la cité.

De gros tas de gravats sont visibles sous les eaux. Pour aggraver la situation, certains riverains jettent là leurs ordures ménagères. Notre guide nous fait entrer dans plusieurs maisons qui ont tous les mêmes problèmes. Chacun pointe un doigt sur le Maire Idrissa Diallo. « Le maire n’a rien fait pour nous aider. C’est mon maire, mais je ne l’ai pas vu depuis le début de la pluie », martèle Ndèye Astou Sané. Un habitant l’accuse même d’être plus préoccupé par l’élection de Khalifa Sall à la présidence de la République que par sa commune.

La mairie : ‘’C’est SOCETRA qui est en train d’inonder notre commune’’

Face à ces accusations, les autorités municipales se justifient. Toujours, selon Cheikhna Diop, il ne devait pas y avoir d’inondation cette année à Dalifort. « Mais c’est SOCETRA qui est en train d’inonder notre commune, à cause de ses travaux. L’entreprise, en effectuant les travaux, bloque les canaux d’évacuation des eaux pour les réfectionner. Ça se comprend, car une fois les travaux terminés, il n’y aura plus d’inondation »,  explique-t-il. A en croire l’adjoint au Maire, Dalifort n’a pas reçu cette année une quantité d’eau qui nécessite l’utilisation des motopompes réclamées par les populations qui vivent de plein fouet les affres des inondations. Il explique que l’institution utilise des camions hydrocureurs avec son propre argent pour soulager les victimes des eaux de pluie.    

ABDOURAHIM BARRY (STAGIAIRE)