Publié le 19 Jan 2018 - 12:21
JOURNEE TENDUE A L’UCAD, HIER JEUDI

Les policiers ouvrent le feu sur la chambre 28 du PM 5

 

En ripostant aux jets de pierres des étudiants grévistes pour le retard et non-paiement de leurs bourses, les policiers ont lancé des grenades lacrymogènes qui ont réduit en cendres la chambre 28 du Pavillon des mariés (PM) N°5 du campus social.

 

Stupeur et désolation ! C’était le sentiment le mieux partagé hier soir, au campus social de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar, au terme d’une journée ponctuée d’affrontements violents entre policiers et étudiants. Ces derniers ont manifesté contre le non-paiement de leurs bourses (étudiants en master 2) et le retard d’un mois pour ceux du premier cycle et du master 1. Ces protestations des étudiants n’en étaient pourtant pas à leur première journée. Elles ont débuté deux jours auparavant. Toutefois, ce n’est qu’hier que la manifestation est entrée dans sa phase intensive avec la convergence de l’essentiel des mouvements estudiantins des différentes facultés qui ont décidé de mener collectivement la grève. Mais l’ardeur des étudiants s’est heurtée à la détermination des policiers.

La majorité des étudiants témoins de cette journée agitée parlent d’une riposte ‘’injuste’’ et ‘’disproportionnée’’ de la part des forces de l’ordre, lesquelles ont mis le feu à la chambre 28 du Pavillon des mariés n°5. Sur place, la situation est préoccupante. La dizaine d’étudiantes qui occupaient la chambre en question et leurs voisines ont été prises de panique, après les tirs successifs des policiers qui visaient leur résidence. Au moment de sortir du pavillon, beaucoup d’entre elles sont tombées du fait des bousculades qui ont causé de nombreux blessés évacués au service médical du Centre des œuvres universitaires de Dakar (Coud), et dans certains hôpitaux de la place pour celles qui présentaient un état grave.

Jusqu’à l’approche du crépuscule, les lieux étaient pris d’assaut par les étudiants venus apporter assistance et secours à leurs amies pour leur trouver où passer la nuit. C’est ainsi que certaines ont été envoyées dans la salle télé, d’autres au pavillon D. Pendant ce temps, les voisins immédiats de la chambre calcinée tentent de sauver ce qui peut l’être : le reste des habits et les ustensiles qui ne sont pas totalement consumées par les flammes causées par une bombonne de gaz qui a pris feu.

Cependant, même s’il n’y a pas eu de perte en vie humaine, les étudiants constatent des pertes matérielles considérables : des brochures, des cahiers, des cartes d’identité nationale, des passeports et même des diplômes ont été détruits. Ce qui a fait dire à Arouna Gabriel Sagna de la Faculté des lettres et sciences humaines de l’Ucad que toutes les étudiantes qui logeaient dans cette chambre sont sans identité ni papier, dès aujourd’hui. Une situation que déplore son camarade Saliou Diamanka du département géographie, venu s’enquérir des nouvelles d’une des victimes de ces dégâts collatéraux qui se trouve être sa sœur.

A l’issue des événements de cette journée, beaucoup d’étudiantes logées aux PM se disent inquiètes pour leur sécurité. Celles qui craignent une aggravation de la situation, demain, ont carrément décidé d’anticiper leur week-end pour retourner en famille ou chez des amis. 

MAMADOU YAYA BALDE

 

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