Le procureur Près le Tribunal de Grande Instance de Kolda, Yoro Moussa Diallo, a requis hier 5 ans d’emprisonnement ferme contre l’imam ratib Ibrahima Sèye. Le professeur d’Histoire et de Géographie du Lycée Alpha Molo Baldé de Kolda a refusé de s’amender devant le tribunal.

Imam ratib, Ibrahima Sèye est arrivé hier dans les locaux du palais de justice de Kolda à 8 heures passées de quelques minutes. Mais les pénitentiaires l’ont gardé dans une salle du tribunal, alors que ses codétenus sont allés s’asseoir dans le box des accusés. Ce n’est qu’à 9h 45 mn qu’il a été introduit dans la salle d’audience, sous escorte pénitentiaire. Mais il lui a fallu attendre le début de l’après-midi, 14 heures 20 minutes, pour être appelé à la barre. Devant les juges, l’imam Sèye n’a pas souhaité faire amende honorable, au contraire, il a réitéré les diatribes et discours virulents qui lui valent sa comparution, notamment pour apologie du terrorisme et incitation à la désobéissance militaire et à l’intolérance religieuse.

A la question de savoir quelle est sa définition du terrorisme, Imam ratib Sèye a répondu en wolof que « l’impérialisme américain est un acte terroriste. C’est pour cela que j’ai dit que s’il y avait à choisir entre Bush et Ben Laden, j’aurais choisi Ben Laden. Je ne vois pas quelqu’un qui pourrait me détourner de mon idéologie et de ma foi. Je reste constant dans mes déclarations. Et tout ce que je dis, je l’ai puisé dans les Versets du Coran  et les ‘’Hadith’’ ». Dans la même veine, le professeur a soutenu que « les actes perpétrés dans le journal Charlie Hebdo ne sont pas des actes terroristes, mais plutôt des erreurs ».

« Pourquoi avez-vous attaqué, dans votre sermon du 3 avril 2015, le Président Macky Sall, en le traitant de ‘’mécréant profanateur, mais aussi les autres confréries religieuses du pays ? » lui a demandé le président du tribunal de Grande Instance de Kolda, Abdourahamane Ndiaye. « Parce que j’étais très remonté contre notre Président, par le fait qu’il soit allé comme d’autres chefs d’Etat africain participer à la marche en France. Je trouve ça injuste », a-t-il répondu. 

A propos des troupes militaires sénégalaises envoyées au Mali, au Darfour et éventuellement au Yémen, l’imam Sèye n’a pas souhaité changer un seul iota de ce qu’il avait dit dans un de ses sermons. « Si ces militaires meurent au cours du combat, ils vont tous aller en enfer. Parce qu’ils sont allés combattre leurs frères musulmans. Ce que l’islam refuse », a-t-il lancé. Car, d’après lui, il est dit dans le Coran : « Aucun musulman n’a le droit de combattre son frère. »

‘’En disant cela, n’est-ce  pas une manière d’inciter les militaires qui sont partis à désobéir au commandement militaire ?’’ lui a lancé le président du tribunal au prévenu. L’accusé a répondu « non », avant de dire qu’il s’adressait aux fidèles venus à la prière et non aux militaires. Ensuite, le président Abdourahamane Ndiaye a voulu connaître la finalité de son sermon. Mais l’imam ratib s’est mis à tergiverser et à réciter des versets du Coran. Il a été rappelé à l’ordre par le Président du tribunal.

Ensuite, l’un des assistants du Président du tribunal lui a demandé pourquoi il traitait tous les gens qui ne sont pas de la même idéologie que lui de mécréants. « Parce que Dieu a dit dans le Coran que celui qui ne respecte pas les prescriptions de l’Islam est un mécréant », a laissé entendre le professeur d’Histoire. « Donc, vous prenez tous les gens qui n’admettent pas vos idéologies comme des mécréants », a renchéri le substitut.

L’imam Sèye enfoncé par ses collègues

A la suite du prévenu, Bocar Moussa Thiam, professeur d’Anglais au Lycée Alpha Molo Baldé de Kolda, a été entendu. Il connaît Ibrahima Sèye depuis le Lycée de Saint-Louis, il y a 8 ans. Au Lycée Alpha Molo Baldé où ils se sont retrouvés, tout allait bien, jusqu’au jour où il a commencé à le traiter de mécréant. ‘’Un jour, je dirigeais la prière à la mosquée du Lycée. Il est venu sortir les élèves qui partagent ses idéologies.

Depuis lors, il refuse que quelqu’un le dirige », a témoigné le professeur d’Anglais. Même son de cloche chez Moctar Diallo, ancien imam ratib de la mosquée du CEM II qui est devenu la chasse gardée du prévenu. ‘’Un jour, je dirigeais la prière dans ladite mosquée. Il nous a traités de mécréants. Que seuls les Ibadous qui le suivent dans ses idéologies sont des croyants. Depuis, on se regarde en chiens de faïence. Il cautionne les actes de terrorisme de Ben Laden. Vous avez l’enregistrement audio avec vous qui vous renseigne sur l’attitude d’Ibrahima Sèye », a déclaré le sieur Diallo.

L’Imam ratib sera édifié le 1^er juin prochain. 

EMMANUEL BOUBA YANGA