Publié le 5 Feb 2019 - 22:31
L’ŒIL DU SCRIBE

Une chronique de Madou KANE

 

Revue des troupes

Après une pré-campagne d’empoignades, de déballages et d’invectives,  les états-majors semblent s’engager vers une campagne programmatique. Le rêve est permis d’apprécier des projets de société sur le devenir de  l’Homo-Senegalensis qui ne peut plus s’admirer dans le miroir.

Macky a gravi, contre vents et marées, les marches  de la République, jusqu’à la station suprême. Le président sortant  ne ménage aucun effort pour y rester. Son camp regroupe des apparatchiks et caciques de toutes les idéologies. Pragmatique, il valse entre plusieurs idéologies pour satisfaire son beau monde et préserver les intérêts des faiseurs de roi d’ici et d’ailleurs. Il a posé le socle de l’émergence et égrené un chapelet de réceptions et d’inaugurations qui ont changé la face du Sénégal. Un bilan de réalisations honorable qui donne le change à une pâle copie d’une gouvernance vertueuse promise, d’une rupture annoncée et de liaisons dangereuses avec la Françafrique à la face hideuse. Qui plus est, une ébullition permanente du front social stigmatise l’impopularité congénitale d’un régime en exercice.

Face au camp sortant, se dresse une opposition qui aura du mal à proposer un projet cohérent et va focaliser son discours  sur les errements du régime et  s’apitoyer sur ses propres malheurs. Des cadres fédérateurs comme les Assises  nationales ou des pénuries insupportables ont manqué pour enrôler les citoyens dans des combats politiciens. La vieille rengaine du Ôte-toi que je m’y mette risque d’indisposer.

Idy dont l’unique ambition politique est de s’installer enfin  au perchoir, reprend du poil de la bête, après la traversée du désert qui l’a vu frôler la mort politique. Esseulé, il s’est fait hara-kiri avec des postures politiques suicidaires et des propos indélicats. Le surdoué, qui avait  le génie d’écarter les éminences grises de son entourage, est devenu, par la force du parrainage, la bouée de sauvetage des  recalés. Comme un chat, le ressuscité a l’occasion belle de faire étalage de sa rhétorique pour embobiner un auditoire friand des bonnes formules dont il a le secret et qui fleurissent les promesses électorales.

Madické, le plan B renié par les siens,  aspire jouer les grands rôles. Il se prend au jeu des présidentiables et croit en ses chances de recoller les morceaux du Pds et réaliser le hold-Up électoral du siècle. Marginalisé, Madické, talibé et outsider, est décidé comme un  grand chef. Caricaturé, à tort ou à raison, comme opposant le jour et négociateur la nuit, il va devoir hausser le ton contre le régime et fédérer des forces  disparates pour se hisser au sommet.  

Les hommes du système, prompts à se retrouver en toute circonstance, semblent bien en position et peu enclins à céder la voie aux novices irrévérencieux qui prétendent amorcer les vraies ruptures.

Deux candidats qui houspillent le système et veulent s’engouffrer dans cette fameuse troisième voie qui a englouti tant d’autres icônes du genre Ibrahima Fall ou Talla Sylla. Cette voie, une utopie qui fait fantasmer, mais que le peuple ne semble pas prêt à cautionner.

El Hadj Issa l’inconnu, veut résoudre l’équation présidentielle avec l’organisation et la méthode qui n’ont jamais triomphé sur la ruse et le désordre en vigueur sous nos cieux. L’informaticien devra ratisser large pour émerger de cette foule captive qui donne l’impression de surfer sur un électorat qui peut mener au palais de l’avenue Senghor.

Et, enfin Sonko, le  phénomène au parcours fulgurant. Ce poison secrété par le régime se positionne  comme l’antidote tant recherché. Le magicien qui a dans sa besace les ‘’Solutions’’ pour abattre le système et réaliser une alternative. Eclaboussé et sur une pente glissante, le jeune patriote, téméraire et empêcheur de tourner en rond, doit assurer ses arrières et renforcer sa carapace d’homme intègre.

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