Les tensions sociales à l’université Cheikh Anta Diop de Dakar se résorbent petit à petit malgré un nombre non négligeable de problèmes à surmonter. Cette fois, ce sont les étudiants qui décident de jouer leur partition dans la symphonie de la pacification de l’espace universitaire.

Mary Teuw Niane est-il en train de réussir son pari de réformer dans le fond l’université Cheikh Anta Diop de Dakar? En ralliant la masse estudiantine à sa cause, le ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche s’est trouvé l’allié de taille qui lui faisait jusque-là défaut dans la mise en œuvre de sa politique de restructuration de l’Université de Dakar. Et ce sont les étudiants eux-mêmes qui lui ont tendu la perche avec le lancement du mouvement ‘‘Damay Djangui’’. Une initiative qui propose une vision alternative ‘’pour un nouveau type d’étudiant’’, à en croire le coordonnateur des nouveaux bacheliers Aly Thiam. ‘‘Nous voulons conscientiser toutes les composantes de l'université sur les enjeux du moment, mais aussi sur la nécessité d'un sursaut collectif doublé d'un changement de comportements, surtout de la part des étudiants, pour donner un nouveau départ à l'Ucad et ainsi participer pleinement à l'essor de cette natio’’, a-t-il soutenu.

 Le recteur s’est félicité de cette initiative qui coïncide avec une heureuse nouvelle pour l’Ucad. ‘‘Vous reprenez votre rang dans la communauté universitaire’’, déclare Ibrahima Thioub, annonçant  dans la foulée que  Dakar est la 70^ème université sur 1740 ; la première en Afrique francophone, dans un classement dont il a reçu les résultats l’avant-veille. Le recteur prône une impulsion des transformations, ‘’pour stabiliser le calendrier académique afin que les étudiants ne passent jamais 2 à 3 ans à faire le Master I. Mais aussi pour que les étudiants ne s’asseyent plus sur des briques ou des demis pour suivre les cours’’.  Malgré la perception du public sur le problème estudiantin, Ibrahima Thioub a estimé qu’il n’y avait pas assez d’étudiants au Sénégal.

 Ndioro Ndiaye, la marraine du mouvement ‘‘Damay Djangui’’ avance même des chiffres d’une étude de 2010 qui confirment cette tendance. ‘‘Il y avait 886 mille Sénégalais susceptibles de faire des études supérieures. Sur les 298 mille qui ont réussi aux différents examens, 69 mille seulement ont été admis à l’université soit 23%’’, fait-elle savoir. Ainsi se pose le défi d’augmentation des capacités d’accueil universitaire, et celui des institutions à faire face au croît démographique et ‘‘sortir l’université du coma dans lequel il était plongé’’, selon les mots du médiateur Mamadou Ndiaye.

Le mouvement ‘‘Damay Djangui, j’aime mon pays, je protège mon université, je m’engage à assurer ma  formation’’, veut également remettre en place un climat social apaisé à l'université permettant à l'ensemble de la communauté universitaire de s'épanouir tout en travaillant pour s'assurer que les différents semestres se déroulent en temps normal et qu'ils soient validés. ‘‘Dépêchez-vous d’être les meilleurs pour sortir de l’université car vous ne pouvez pas rester ici ad vitam aeternam’’, a conseillé la marraine Ndioro Ndiaye.

 De son côté, le ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche estime que les conditions sont de plus en plus réunies pour que les étudiants sénégalais n’aient rien à ‘‘envier à ceux de Harvard ou de Princeton’’. Multiplication des sites de formation universitaire, dématérialisation des  procédures d’inscription ; sélection-réorientation ; bourses automatiques pour les séries S1, S3, S4, S5, T1, T2, et F6 ; finalisation d’un abonnement 310 Mo pour l’interconnexion de l’Ucad..., Mary Teuw Niane a énuméré une longue liste de réalisations qui a terme vont faire de Dakar un hub universitaire. Les projets dans les autres régions visent également à un maillage complet de la carte universitaire sénégalaise pour qu’en 2022, les structures ne se concentrent plus sur la façade ouest du pays. Ainsi il a annoncé les démarrages effectifs des travaux d’extension de l’Université Gaston Berger de Saint-Louis par la compagnie Cde, de l’université de Bambey effectué par Cse, et de l’université Assane Seck de Ziguinchor exécutés par Sattar.

Ousmane Laye Diop