Publié le 8 Jul 2015 - 13:38
LIBRE GRACE A SA CONDAMNATION A UNE AMENDE

Ama Baldé sauve son combat du 25 juillet prochain

 

Après sept jours passés dans les liens de la détention pour violences et voies de fait sur un agent de la force publique dans l’exercice de ses fonctions, Ama Baldé a recouvré la liberté hier, grâce à l’amende assortie du sursis que lui a infligée le tribunal des flagrants délits.

 

Après la grosse frayeur qui les habitait depuis lundi dernier, à cause de l’arrestation de leur champion de lutte, les supporters d’Ama Baldé ont quitté hier le Palais de Justice Lat Dior tout excités. Vendredi dernier, les fans et proches du lutteur ont quitté la salle d’audience en maugréant contre les juges qui avaient refusé d’accorder la liberté provisoire au lutteur, hier, ils sont sortis en criant victoire. Ils ont été heureux de voir leur lutteur recouvrer la liberté, après les menaces qui planaient sur son combat prévu le 25 juillet prochain. Le chef de l’écurie Falaye Baldé est certes libre, mais il n’a pas été blanchi par la justice. Le tribunal des flagrants délits de Dakar l’a reconnu coupable de violences et voies de fait. Toutefois, il n’a écopé que d’une contravention, car les juges l’ont condamné à une amende de 50 000 francs assortie du sursis, tandis que, le parquet avait requis un mois assorti du sursis.

Avant d’arriver à cette décision, Ama Baldé a réitéré ses aveux selon lesquels il a levé la main sur le policier Barka Ngom. C’était lors de la bagarre qui avait plombé le face-à-face du lundi 29 juin, comptant pour le 3ème tour du tournoi de lutte organisé par le groupe Excaf dans le cadre du lancement de la Télévision numérique terrestre (TNT). Toutefois, le lutteur s’est empressé de préciser que son coup n’était pas intentionnel. Selon les explications qu’il a fournies, lorsque la bagarre a éclaté entre ses supporters et ceux de Gouy-gui, il est resté sur place. Mais, lorsqu’il a vu un groupe de policiers s’acharner sur un de ses neveux, il a voulu lui porter secours. ‘’Lorsque j’ai tenté de le relever, les policiers ont commencé à me frapper et j’ai esquivé car, je ne voulais pas être blessé à cause de mon prochain combat. C’est là que le coup est parti’’, s’est défendu un Ama Baldé calme, moulé dans un boubou blanc appelé ‘’Diampout’’.

Poignée de mains échangée à la barre

La version servie par la partie civile est tout autre. D’après le policier Barka Ngom, lorsqu’ils ont séparé les deux camps, le neveu du prévenu est revenu à la charge pour provoquer le camp de Gouy-Gui. C’est pourquoi, dit-il, ils l’ont interpellé, mais Ama Baldé est venu pour le délivrer et lui a donné un coup qui l’a envoyé à terre. Pour appuyer son collègue policier, le témoin Babacar Cissé a laissé entendre qu’Ama Baldé a bel et bien visé la victime. Une déclaration battue en brèche par le lutteur qui a affirmé qu’il n’a pas visé la partie civile. Aussi, lorsque son avocat Me Bamba Cissé lui a demandé s’il regrettait son acte, il a répondu par l’affirmative. Puis, sur demande de son conseil, il s’est tourné vers le policier et lui a demandé pardon. La suite, les deux parties se sont serré la main.

Pourtant, malgré cette poignée de mains, le conseil du policier a demandé au tribunal de condamner le lutteur pour décourager ceux qui seraient tentés de s’en prendre aux forces de l’ordre. Me Aboubakry Barro, selon qui le policier a une incapacité temporaire de travail de 7 jours, a aussi demandé au tribunal de disqualifier les faits en rébellion. Pour la réparation, il a réclamé le franc symbolique pour, dit-il, montrer que son client ne se bat pas pour de l’argent mais pour le principe.

Ama Baldé invité à copier sur son père Falaye Baldé

Abondant dans le même sens que le conseil de la partie civile, l’Agent judiciaire de l’Etat (AJE) a déploré les violences exercées sur les forces de l’ordre. ‘’Il y a beaucoup de violences sur les forces de sécurité et cela ne peut pas continuer, car si nous avons autant de paix, c’est grâce à elles. L’AJE a laissé entendre que le prévenu ne s’est pas comporté en leader et l’a renvoyé à son père Falaye Baldé. ‘’Le père de Ama Baldé a eu 131 combats, pourtant il n’a jamais comparu devant un tribunal’’, a-t-il asséné.

‘’La nouvelle tendance, ce sont les violences contre les forces publiques qui sont notre rempart contre la violence et veillent sur nous et nos biens’’, a renchéri le représentant du parquet, avant de charger les organisations de défense des droits de l’Homme. ‘’Lorsqu’il y a violence contre les policiers et gendarmes, personne ne bronche or une meute de droit-de-l’hommistes ne guette que leurs écarts pour envahir la place publique’’, a asséné le parquetier qui toutefois a estimé qu’Ama Baldé mérite des circonstances atténuantes.

Comme pour retourner la balle au ministère public, la défense a presque à l’unanimité chargé les policiers. ‘’Les policiers et gendarmes usent de comportements déplorables. Ils doivent savoir qu’ils ont une mission de dissuasion, mais c’est comme s’ils se sont fixés comme mission première les réprimandes’’, a soutenu Me Abdourahmane So. A ses yeux, si Ama Baldé n’avait pas secouru son neveu qui est très jeune, il pourrait être poursuivi pour non-assistance à personne en danger. Son confrère, Me Bamba Cissé a joué sur le registre de l’apaisement, en invitant le tribunal à tenir compte de l’attitude de leur client qui a toujours reconnu les faits et n’a cessé de demander pardon. ‘’Vous ne jugez pas Ama seulement, mais 50 personnes, car il est soutien de famille’’, a ajouté Me Cissé. 

FATOU SY

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