D'abord, quel message pour Zoss, après la défaite cuisante que vous lui avez infligée ?

 

Je l'encourage et je lui demande de ne pas désespérer, l'avenir est devant lui. C'est vrai que c'est une défaite difficile à avaler puisque c'est une revanche et beaucoup de choses se sont dites lors des face-à-face d'avant combat.

 

Mais je ne lui en tiens pas rigueur parce que je me rappelle le geste qu'il a eu à faire pour moi et que je n'oublierai jamais. Le jour du décès de mon frère, il est l'un des rares lutteurs qui n'étaient pas dans mon écurie à avoir fait le déplacement pour me présenter ses condoléances. C'est un geste fort qui restera toujours dans mon esprit.

 

 

 

Justement, on vous connaissait comme un attaquant qui sautait sur ses proies dès le coup de sifflet de l'arbitre. Mais cette fois-ci, vous avez attendu et ça vous a coûté deux avertissements...

 

Je n'ai fait que respecter les consignes de mon staff. Je pouvais privilégier la bagarre parce qu'il y avait des ouvertures et Zoss n'a pas une bonne garde. Mais je voulais le terrasser techniquement. Il est tombé dans mon piège en essayant de me frapper, tout en oubliant ses jambes. J'ai suivi et j'ai saisi sa jambe pour le terrasser.

 

 

 

Il y a aussi cette rivalité entre les lutteurs des Parcelles Assainies. Hier, il y avait plus de supporters de Zoss que de Papa Sow...

 

Tout cela n'est que des paroles en l'air. Beaucoup de personnes essayent de me mettre en mal avec les populations des Parcelles, parce que je suis à l'écurie Fass. Tous les lutteurs qui se réveillent aux Parcelles n'ont rien de plus que moi dans cette localité.

 

 

Avec ma famille, on y vit depuis 29 ans, j'y ai ma maison et c'est ici que je me prépare avant d'aller au stade pour lutter. Je suis à l'écurie Fass parce que mon père les fréquente depuis maintenant plus de 50 ans.

 

En plus, tous les lutteurs de Fass n'habitent pas Fass. Certains habitent Yoff, comme Gris Bordeaux et Balla Diouf et d'autre Grand Dakar, et un peu partout dans la banlieue. Donc dire que les habitants des Parcelles ne me supportent pas, c'est des paroles en l'air que je ne prends même pas en compte.

 

 

 

Après Zoss, qui sera votre prochain adversaire d'autant qu'on parle d'une revanche contre Modou Lô, d'un combat contre Baboye ou Baye Mandione ? Qui avez-vous vraiment dans le viseur ?

 

Je suis prêt à lutter avec tout ceux que vous avez cités, sauf Baboye. C'est vrai qu'il y a une époque, c'est moi qui le défiais. Je rêvais d'en découdre avec lui. Mais il a été malhonnête parce qu'Aziz Ndiaye avait négocié notre combat et ils étaient tombés d'accord.

 

La presse avait annoncé la nouvelle et moi de mon côté j'ai appelé tous mes parents et mes proches pour leur en parler. Quelques jours après, Baboye était revenu sur sa décision et avait signé avec Gaston Mbengue pour un combat contre Ness, avec à la clé 5 millions de plus. Un homme doit toujours respecter sa parole quoi qu'il se passe. Cela m'a fait un choc.

 

En plus, lors des face-à-face avec Ness, il disait que ce dernier était poli. Moi je n'ai jamais été impoli envers lui. Je l'ai toujours respecté parce qu'il est mon aîné, je n'ai jamais eu de paroles déplacées à son encontre. Il m'a déçu. Et pour moi, c'est fini, je ne lutterai plus avec lui, même avec tout l'or du monde. Je suis prêt à affronter tous les autres, sauf Yékini Junior qui est un ami.

 

 

 

On vous a vu disputer un combat le même jour que votre frère Tapha Junior qui, lui, a perdu son combat. Est-ce que la défaite n’a pas été une pression de plus avec la présence de nombreux supporters ?

 

C’était un peu difficile à un instant, mais cela fait partie du sport. Quand on accompagne un lutteur, on doit s’attendre à une victoire, un nul mais également à une défaite. Mais quel que soit le résultat on gère.

 

 

 

Qu’est-ce que vous vous êtes dit quand il a perdu son combat ?

 

Rien. Je me suis rien dit. Je sais qu'il s’est entraîné, qu'il a lutté et qu'il a perdu. Je devais juste continuer ma préparation et gagner mon combat.

 

 

 

Au moment du combat de Tapha Jr, on vous vu faire des allers-retours. Est-ce une manière de mieux se concentrer sur le combat ?

 

Oui. J’étais en train de regarder le combat mais il fallait savoir que nous partagions le même jour. On a eu une victoire. Alhamdoulilah ! On en voulait deux ; mais si l’un perd, le prochain devait assurer.

 

 

 

''Avec tout ce qui a été dit, Fass aurait éclaté si elle avait été une autre école de lutte''

 

 

 

 

Il y a Tidiane Faye qui demandait à rencontrer le vainqueur de ce combat. Êtes-vous prêt à l'affronter ?

 

(Rires) Le vaincu, vous voulez dire ? Chacun a le droit de dire son choix. Mais moi, pour l’instant, j’ai d’autres adversaires en vue.

 

 

 

Fass va mieux maintenant avec votre victoire et celle de Gris Bordeaux. N'est-ce pas bon pour la confiance ?

 

Trop de choses fausses se sont dites à propos de l'écurie Fass. Mais heureusement, tout va bien, nous sommes soudés comme un seul homme. Fass est une bonne école pour tout bon élève qui a l'ambition de réussir et qui veut apprendre. Si c'était une autre écurie, elle aurait déjà éclaté.

 

 

 

Pourtant les rumeurs disaient que vous étiez prêt à quitter l'écurie avec vos frères et ceux qui habitent les Parcelles Assainies pour créer une nouvelle écurie dans votre localité ?

 

Cela ne m'a jamais traversé l'esprit. Et en mon âme et conscience, je sais qu'une écurie ne se crée pas comme ça. Il y a beaucoup de lutteurs qui se croient assez forts pour créer leur propre écurie. C'est trop facile. Une écurie doit avoir des encadreurs, un staff compétent et d'autres choses très importantes. Mais tout cela, je l'ai eu à Fass.

 

KHADY FAYE