Publié le 9 Aug 2019 - 02:21
MAGAL DE TOUBA : APPROVISIONNEMENT CORRECT EN EAU :

Un casse-tête presque… insoluble

 

L’approvisionnement en eau, lors du Magal de Touba, constitue un casse-tête qui donne de l’urticaire aux responsables de l’Ofor. A deux mois de la tenue de cet événement religieux, une réunion a été organisée à la gouvernance de Diourbel. Le diagnostic fait état de la vétusté du réseau, des fuites, du manque de professionnalisme dans la gestion de l’eau… qui compliquent la situation. Des pistes de solution sont dégagées pour une réussite de l’événement.

 

‘’Il est inadmissible que certaines zones de Touba soient privées d'eau, pendant toute la durée du Magal. Pour un début de solution, c'est qu'il faut accepter qu'il y a un problème. Il faut que le ministère de l'Eau prenne les dispositions nécessaires, parce que dans les 10 prochaines années, le Magal va se dérouler en période d'hivernage’’. Le ton est donné par Serigne Ousmane Mbacké.

Le coordonnateur général du Magal de Touba, qui s’exprimait lors de la réunion tenue à la gouvernance de Diourbel, souhaite une solution définitive et pérenne de l’approvisionnement en eau, lors de cet évènement religieux.

A sa suite, Mansour Diallo, le sous-préfet de l’arrondissement de Ndam, a demandé un audit du réseau hydraulique de Touba. C’est une nécessité, dira l’exécutif local. Pour lui, ‘’il est inadmissible d'avoir un réseau aussi obsolète à Touba. Le problème est connexe et annexe. Même au niveau de la sous-préfecture, nous ne pouvons pas avoir de l'eau 5 jours avant le Magal. On peut avoir mille camions citernes d’eau, mais qui ne serviront à rien, parce qu'ils ne pourront pas se déplacer dans la ville à cause de la forte affluence. Il faut une rationalisation de l'utilisation des camions citernes’’.

Même son de cloche chez le préfet du département de Mbacké. Pour Mamadou Lamine Mané, ‘’il ne sert à rien de se voiler la face. On connaît le problème, il faut faire un travail sérieux. Chaque année, on fait le tour des forages et après, rien. Aucun suivi n’est fait’’, fulmine-t-il.

Le diagnostic sévère du directeur général de l'Ofor

Un diagnostic que partage le directeur général de l’Office des forages ruraux (Ofor) qui a fait cas des goulots. Seyni Ndao déclare : ‘’Le Magal de Touba est un évènement mondial et à chaque édition, on essaie de faire le maximum. Nous ne maîtrisons pas le réseau. En plus, avec sa vétusté, il y a beaucoup de fuites qui compliquent la situation. Par rapport à la gestion des camions, c’est entre les autorités.’’

Le Dg d’ajouter : ‘’Le réseau, aujourd’hui, n’est pas maîtrisé, à part les dernières réalisations. Ce qui pose d’énormes problèmes, parce qu’il n’y pas de compteurs. On peut savoir la quantité que nous produisons avec les 30 forages qui devraient suffire pour une population de près de 4 millions d’habitants. Ce qui veut dire que pendant la période de Magal, le problème de manque d’eau ne devrait pas se poser. Mais certainement les 60 % sont perdus sur le réseau, parce qu’il a été posé n’importe comment, avec beaucoup de fuites’’. 

En effet, poursuit-il, ‘’le premier réseau qui a été posé est aujourd’hui vétuste, avec beaucoup de fuites, bien qu’à la veille de chaque Magal, en rapport avec la Sde, nous cherchons à détecter ces fuites et apporter des solutions. Mais aujourd’hui, il va falloir auditer ce réseau, en attendant qu’un programme structurant puisse voir le jour et résoudre définitivement l’approvisionnement en eau à Touba, à partir de Touba Bogo ou bien Sadio qui ont une eau douce avec un autre réseau parallèle. Une ville comme Touba, on doit réfléchir sur une gestion beaucoup plus professionnelle de l’approvisionnement en eau’’. 

A la suite du Dg, Moundor Madioune, le directeur technique de l’Ofor, a confié que seul ‘’le projet structurel peut régler le problème’’. Il explique : ‘’Qu’on se dise la vérité. Même si on reprend le réseau à l’intérieur de Touba, les gens auront de l’eau, mais le problème sera toujours là, parce que le mode de gestion dépasse la ville de Touba. Touba n’est pas une petite ville, c’est presque la capitale du Sénégal. C’est la gestion de l’eau qui est problématique. Il faut la gérer de manière professionnelle ; c’est la seule solution. Les conduites ont été réalisées dans les années 60. Même si l’Etat parvenait à mobiliser les moyens pour régler ça, il faudrait, en amont, le gérer de façon professionnelle. C’est ce qui va sécuriser les populations sur l’eau qu’elles vont boire et assurer la continuité du service. Tant qu’on ne fera pas ça, on va toujours avoir des problèmes. Je sais que c’est difficile, parce qu’il y a beaucoup de considérations qu’il faut tenir en compte, mais ça nécessite un dialogue jusqu’à trouver un consensus’’.

Dg Seyni Ndao : ‘’L’Ofor est prêt à affronter le Magal’’

Néanmoins, l’Ofor s’engage à trouver la parade pour un Magal sans problème d’eau.  Omar Dème, Directeur régional de l'Office des forages ruraux (Ofor), explique le dispositif qui sera mis en place. ‘’Il y a une équipe réseau qui gère la maintenance. On est d'accord de mettre en place un comité mixte coordonné par une autorité administrative. L'économie de l'eau, c'est vrai, quand il y a un évènement, tout le monde ne peut pas avoir d'eau, mais il y en a certains qui en ont plus. Il faut une campagne de sensibilisation pour une bonne gestion de la ressource hydrique. Nous avons trouvé les mécanismes’’, confie-t-il.

Seyni Ndao, Directeur général de l’Ofor, précise : ‘’Nous avons deux phases : la phase préparatoire, c’est d’abord le diagnostic qui a été déjà effectué avec les différentes parties prenantes (le comité local de développement, le comité départemental de développement). Ensuite, nous également, par rapport à ce diagnostic, les différentes rencontres qui ont eu, avons dressé un plan d’action qui est relatif à la réalisation des extensions de réseau qu’il faut faire. Chaque année, Touba s’agrandit. L’entretien des stations de pompage de forages, l’entretien des groupes électrogènes, la commande de pompes immergées, tout cela a été lancé. L’hypochlorite pour la qualité de l’eau, les pompes doseuses, les camions qui doivent venir renforcer avant, le jour et après même le Magal.’’

Ce qui fait dire au Dg : ‘’Tout un ensemble de dispositifs plus la régénération de forages à faire, le renouvellement des forages, tout cela, aujourd’hui, a été enclenché. Certains sont déjà signés, d’autres sont en voie d’être attribués. Pour dire que l’Ofor est prêt à affronter le Magal, comme il l’avait fait l’année dernière. L’année dernière, les 5 forages réalisés pour augmenter la fourniture de 20 000 mètres cubes par jour avaient fortement impacté l’approvisionnement en eau. Maintenant, nous avions constaté, l’année dernière, qu’il y a certains quartiers où la pression était très tendue. Aujourd’hui, en rapport avec Maou Rahmati, il faut essayer de corriger ces dysfonctionnements qui ont été notés.’’

Cette année, des innovations ont été apportées. Elles consistent en un maillage des quartiers les plus sensibles. Il y a ensuite la gestion de ces camions et des bâches. Il est attendu des populations une solidarité dans l’approvisionnement en eau.

Pour ce Magal 2019, les organisateurs envisagent ‘’une forte campagne de sensibilisation pour faire en sorte que les gens ne puissent pas gaspiller, mais également avec des bidons, des fûts, des bassines, pour essayer de garder une eau potable, pour qu’en cas de rupture ou de baisse de pression, les populations puissent disposer d’eau’’.

En sus, le directeur général de l'Ofor s’engage à la mise à disposition de 100 camions citernes à temps. ‘’Quelle que soit l'affluence, ça règle au moins un problème. Le fait de stationner les camions, ça pose un problème. Nous mettrons à disposition les 80 bâches’’, dit-il.

Le gouverneur veut un Magal avec zéro problème d’eau

Pour Gorgui Mbaye, Gouverneur de la région de Diourbel, il est impératif de tout faire pour que personne n’ait de problème d’eau, lors du Magal, parce que tout le monde sait que le plus grand problème du Magal, c’est l’accès à l’eau. ‘’Je pense que si les 100 camions citernes viennent, en plus de 80 bâches, les problèmes seront atténués’’.

Pour lui, la solution, c’est de donner des bâches aux marabouts à qui on affrétait des camions. Et Gorgui Mbaye d’informer des démarches qu’il va entreprendre : ‘’L’eau ne parviendra pas à destination, s’il y a des fuites dans les conduites. La Sde a des appareils qui localisent les fuites. Je leur demanderai d’apporter leur expertise dans ce sens, pour vous aider. Il y a trois forages qui ne fonctionnent pas : celui de Bagdad, Darou Hakim et du côté de l’université. Il faut les remettre en service avant le Magal.’’ 

Boucar Aliou Diallo (diourbel)

 

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