Publié le 13 Feb 2016 - 00:06
MAME BOUNAMA SALL (SG DES JEUNESSES SOCIALISTES)

‘’Aminata Mbengue Ndiaye serait un bon candidat du Ps’’

 

Au Parti socialiste (Ps) les sorties des différents responsables sur la question de la candidature se suivent mais ne se ressemblent pas du tout. Alors que certains comme Bamba Fall, Idrissa Diallo, roulent pour Khalifa  Sall, Mame Bounama Sall lui, estime qu’Aminata Mbengue Ndiaye pourrait être le candidat du parti. Néanmoins, le Secrétaire général du Mouvement national des jeunesses socialistes précise qu’aucune disposition du Ps n’interdit à Ousmane Tanor Dieng de présenter sa candidature s’il le désire. Dans cet entretien avec EnQuête, il fustige la posture de certains responsables de l’Union départementale du Ps de Dakar.

 

Le débat sur la candidature à la prochaine élection présidentielle fait rage au niveau de votre parti. Quel est votre avis sur la question ?

Nous qui sommes du parti et qui étions témoins de certaines situations particulières, des moments difficiles du parti, savons bien qu’il n’y a rien de particulier dans la situation actuelle du Ps. Nous sommes habitués à ce genre d’activisme et d’agitation à la veille des grands rendez-vous électoraux. Cette situation s’explique par le fait que nous sortons d’un congrès à l’issue duquel toutes les instances du parti ont été renouvelées. Il y a certains militants qui nous avaient quitté prétextant des études à l’étranger ou qui avaient tout simplement fait une transhumance passive, et qui, sentant que le Ps, à un moment, est dans une nouvelle dynamique d’attraction, ont voulu, à travers des structures périphériques, coiffer au poteau ceux qui étaient là. Ça, nous n’allons pas l’accepter.

Quelle est la position du Mnjs sur cette question de la candidature ?

La position du Mnjs est celle du Ps. Le parti a toujours fonctionné sur la base de principes et de règles qui sont orientés et impulsés par le Secrétaire général, Ousmane Tanor Dieng, que nous comptons respecter, défendre et vulgariser.

Est-ce que le Ps aura un candidat à l’élection présidentielle de 2017 ?

Vous savez, je suis conscient de mes responsabilités au sein du Ps. Parce que si vous avez la confiance des milliers et des milliers de camarades au point de les représenter dans des structures aussi importantes que le Secrétariat exécutif, le Bureau politique et le Comité central, entre autres, vous devez avoir le sens de responsabilité et de lucidité face à n’importe quelle situation. Je pense que la meilleure manière de régler cette question, c’est de respecter les militants de l’intérieur du pays qui se battent dans des conditions très difficiles pour porter le flambeau du parti. Ceux-là méritent que leurs points de vue soient tenus en compte. Et le moment le plus indiqué pour régler ce problème, c’est d’attendre que les préalables soient remplis ; d’abord que l’on sache la date de tenue de la prochaine élection présidentielle.

A partir de là, comme nous l’avons toujours fait, le parti, en  toute souveraineté et en toute responsabilité, convoquera ses instances où seront représentées toutes ses 138 coordinations, pour poser le débat afin que les uns et les autres donnent leurs points de vue. A partir de ce moment, les gens sauront de quel côté se situe la majorité et en militants disciplinés et responsables, nous respecterons cela. Maintenant, ce que nous ne pouvons pas accepter, c’est que des tierces personnes ou des gens qui ne se réclament pas du Ps, des supposés politologues ou journalistes mus par d’autres ambitions, veuillent nous imposer ou choisir à la place des socialistes, ou qu’une partie, une frange des militants du Ps veuillent prendre une décision à la place de la majorité.

Faites-vous allusion aux responsables socialistes qui soutiennent la candidature de Khalifa Sall ?

Non, non ! Pas du tout. Comme je l’ai toujours dit, je ne fais pas un débat de personne. La responsabilité que j’ai m’oblige toujours à tenir un débat de principe et ce principe voudrait que l’avis des militants à la base du parti soit tenu en compte et que la décision du Secrétaire général qui a été librement élu par les militants du Ps à travers des élections libres et transparentes, soit respectée. Il faut que la ligne de conduite du parti soit respectée également de même que ses instances régulières.

La candidature de Khalifa Sall est de plus en plus soutenue par des responsables socialistes. Pensez-vous que le maire de Dakar a aujourd’hui les chances d’être investi candidat du Ps en 2017 ?

Je voudrais, avant tout d’abord, m’offusquer de la manière dont cette question a été posée. Il faut reconnaître que tous les 400 000 militants du Ps, âgés de plus de 35 ans et jouissant de tous leurs droits civiques, ont le même droit que Khalifa Sall ou Ousmane Tanor Dieng d’être candidats à la candidature du Ps. Ma conviction est que les primaires au Ps sont un acquis démocratique qui doit être préservé et consolidé. Nous n’avons même pas le droit de faire moins que cela. Aujourd’hui, les socialistes imbus de valeurs démocrates exigent qu’il y ait des débats en termes d’offre politique et de projet de société, sur des questions liées à l’économie, à la diplomatie, à la justice et à la bonne gouvernance. Après que ce débat soit posé, que les militants se décident. Maintenant pour en arriver à cela, il y a des préalables. Il ne faut pas perdre de vue que la cohérence voudrait que notre attitude soit conforme à celle de nos alliés de Benno bokk yaakaar à qui le Comité central a renouvelé son ancrage. Après que la date des élections est connue, au niveau du cadre dans lequel nous sommes, Benno siggil Senegaal, il faut que les gens discutent pour voir dans quelle mesure il est possible d’aller à ces élections.

Si Khalifa Sall n’est pas investi par le Ps, ne redoutez-vous pas qu’il se présente sous la bannière de la coalition Taxawu Dakar ?

Je pense qu’il faut faire le distinguo entre Taxawu Dakar et Taxawu Parti socialiste. Parce que dans la coalition Taxawu Dakar, il n’y a pas que des socialistes. Il y a des libéraux, des membres de la société civile et autres personnalités indépendantes. Même certains de nos camarades dans des localités comme les Parcelles Assainies et Yarakh ont été relégués au second plan au profit de responsables d’autres partis. Au regard du devoir de solidarité vis-à-vis de nos camarades, nous ne saurions accepter cela. C’est un devoir de notre part de leur témoigner toute notre solidarité et notre appui.

Par rapport à la question de la candidature, il y en a certains qui crient à tort et à travers que Khalifa est le candidat de Dakar. À ces gens, je rappelle que les dispositions de notre parti ne nous enseignent pas de se reconnaître à travers une région, une ethnie ou un clan. Nous sommes un parti national, démocratique et laïc. Si les gens pensent qu’au nom d’une considération régionaliste, ils ont le droit de soutenir un candidat, moi je suis de Daara Djoloff, du département de Linguère, de la région de Louga et j’aime autant qu’eux, ma région. Nous avons des responsables à l’image d’Aminata Mbengue Ndiaye, qui sont des personnalités emblématiques qui, de par leur parcours, leurs responsabilités, sont en mesure de briguer cette responsabilité.

Donc selon vous, Aminata Mbengue Ndiaye peut être le candidat du Ps ?

Bien sûr ! Si ceux-là pensent qu’au nom de leur région, ils peuvent soutenir une quelconque candidature, nous de l’intérieur du pays, de Louga, nous aurons au nom de ce principe, un candidat. Sur ce, je rejette le candidat de Dakar et soutient le candidat de la région de Louga. Aminata Mbengue Ndiaye serait une très bonne candidate.

Comment est-ce que vous appréciez la sortie de Babacar Diop qui estime dans une sortie récente que si Khalifa Sall est investi, beaucoup de députés du Ps rejoindront Macky Sall ?

Jusque-là, le débat sur la question de la candidature se tient à l’intérieur du parti, dans ses instances. Donc je ne saurais répondre à quelqu’un qui ne se réclame pas du Ps. Le débat est dans les instances régulières du parti. Je répondrai à tous mes camarades qui poseraient le débat dans les instances régulières du parti. Maintenant, je ne vois pas de raison de répondre à ceux qui ne sont pas du parti.   

Le porte-parole adjoint du Ps, dans une sortie récente, dit que le candidat du Ps sera le Président Macky Sall.

Il y a une foultitude de positions sur la question de la candidature du parti. Maintenant quand vous êtes membre d’une structure, la meilleure manière de vous mouvoir en son sein, c’est de vous conformer à son mode de fonctionnement et d’organisation. Le Ps a des procédures et des méthodes de désignation de ses candidats. Je ne trouve pas d’inconvénient qu’un militant ait un penchant pour un candidat ou un responsable. Cela renseigne sur la vitalité de la démocratie dans notre parti. Ce que les gens devraient comprendre à travers cela, c’est qu’au Ps, la démocratie n’est pas un slogan mais plutôt une réalité. Et cette démocratie a été entreprise, impulsée, portée et approfondie par Ousmane Tanor Dieng.

Justement en parlant de Ousmane Tanor Dieng, vu les actes qu’il pose depuis un certain temps et la posture de certains de ses proches, est-ce qu’il n’est pas en train de créer les conditions de son investiture en 2017 ?

La désignation du candidat du Ps à la prochaine présidentielle est une prérogative qui revient aux militants du parti. Pour autant, il faut reconnaître que jusqu’au moment où nous parlons, il n’y a aucune disposition dans le parti qui interdit à Ousmane Tanor Dieng, s’il le veut, d’être candidat.

Donc il peut être le candidat du parti ?

S’il le veut, il n’y a aucune disposition du parti qui le lui interdit. Maintenant, qu’il soit candidat ou pas, cela dépend de lui. Parce que pour être candidat, il va falloir que lui-même le décide. Et si les militants lui font confiance, il portera les couleurs du parti. Mais avant d’arriver à cela, il va falloir que dans la coalition Bby, on en discute.

Comment appréciez-vous la posture de Barthélémy Dias réputé pourtant proche d’OTD ?

D’abord, je suis contre ces questions de pro ou de proche d’un tel. Ousmane Tanor Dieng est équidistant de tous les militants du Ps. Il n’a pas de proche encore moins d’adversaire au sein du parti. Il y en a certains qui ne cessent de jeter l’anathème sur lui. Cela ne relève pas des valeurs que nous avons en tant que Sénégalais. OTD, par rapport à tout ce qu’il a fait pour le parti, mérite respect et considération. Je vois dans ce parti des gens qui ont été accueillis par OTD, qui ont été accompagnés jusque dans leur base par lui-même pour leur permettre de jouir de son image afin de pouvoir se légitimer et qui, aujourd’hui, se mettent à l’insulter à longueur de journée, à le traîner dans la boue. Au moment où des gens qu’il a lui-même façonnés et qui, aujourd’hui, cumulent des fonctions de député et de maire, il y a des camarades qui ont été dans le parti bien avant eux et qui, de manière démocratique, ont accepté cela.

Est-ce que le Mnjs a aujourd’hui la capacité de mobiliser les militants et d’élargir les bases du Ps ?

Au Ps, nous nous connaissons, les gens savent qui est qui, qui peut quoi. Souvent les gens ont tendance à vouloir occuper en permanence les médias, je ne suis pas de cette catégorie. J’ai une claire conscience de notre mission avec une jeunesse très avertie, très responsable et consciente de la mission qui est la sienne. Notre responsabilité en tant que responsable national des jeunesses socialistes qui siège dans toutes les instances de décision du parti exige de nous une attitude responsable et courageuse qui veuille qu’on soit attaché à la ligne de conduite du parti.

Nous ne sommes pas dans une logique de nous singulariser, de mettre en avant notre image ou notre personne. Ce pourquoi nous existons politiquement. Le Ps fonctionne sur la base de règles. C’est dire que nous devons tout au Ps et nous avons aujourd’hui l’obligation de travailler non seulement à son unité et sa cohésion, mais aussi à sa massification et à l’élargissement de ses bases. Nous travaillons sur ce registre et je ne vois pas de raisons de faire des sorties à chaque fois pour s’attaquer à des gens ou dire des choses qui ne doivent pas être dites. On gagne à taire ce qu’on n’est pas obligé de dire. Et ce que nous disons, c’est ce que dit le parti.

ASSANE MBAYE

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