Publié le 25 Jul 2012 - 15:39
MINISTERE DES AFFAIRES ETRANGERES

Le dégraissage du Mamouth diplomatique

Me Alioune Badara Cissé, ministre des Affaires étrangères

 

Avec 53 ambassades, 19 consulats, 5 Bureaux économiques et 23 Bureaux militaires, la diplomatie sénégalaise version Wade semble trop lourde à porter pour le pouvoir de Macky Sall, autant par inefficacité que par souci d'économie. Sous cet angle, le dégraissage est inévitable.

 

En quittant le Palais de la République, l'ancien président Abdoulaye Wade a laissé à son successeur un appareil diplomatique jugé lourd, selon les chiffres livrés mardi par Me Alioune Badara Cissé, ministre des Affaires étrangères.

 

A ce jour, le Sénégal dispose de 53 Ambassades et Représentations permanentes (dont 21 en Afrique), 19 Consulats, 5 Bureaux économiques, et 23 Bureaux militaires à travers le monde. Cet appareil mobilise 879 agents dont 694 personnes à l'extérieur et 185 pour la Portion centrale, c'est-à-dire les services intérieurs.

 

Pour des raisons combinées d'économie budgétaire et d'efficacité, les Bureaux économiques et les Bureaux militaires seront supprimés et fondus dans les ambassades. Par la même occasion, cette réduction du «mammouth» s'appuiera sur le système de l'accréditation multiple, avec par exemple un ambassadeur dont les compétences seraient élargies à plusieurs pays d'une même zone géographique. A l'instar de Bruxelles, capitale de l'Europe et tête de pont diplomatique englobant le Benelux (Belgique, Pays Bas, Luxembourg).

 

Autrefois objet d'un ministère plein, les affaires des Sénégalais de l'Extérieur seront désormais traitées par la future Direction générale des Sénégalais de l'Extérieur.

 

Par ailleurs, afin de renforcer les compétences des représentations diplomatiques, le ministère des Affaires étrangères pourrait créer les conditions de confection des passeports biométriques sur place. Cela éliminerait ainsi le goulot d'étranglement permis par un fastidieux système qui obligeait les Sénégalais soit à revenir au pays pour obtenir un passeport, soit à en faire la «commande» à la représentation consulaire de leur lieu de résidence.

 

Par souci de «performance», mais aussi de «présence» sur la scène internationale, le président de la République a décidé de réunir à Dakar, «tous les deux ans», la «Conférence des ambassadeurs et des consuls généraux du Sénégal» pour en faire «un cadre de réflexion sur la mise en œuvre de notre diplomatie». Une initiative qui n'est pas très loin de celle qu'organisent, annuellement, l'Elysée et le Quai d'Orsay à Paris avec les Hauts représentants de la France autour d'un thème d'actualité.

 

L'inspiration est venue en 1993 d'Alain Juppé, avec ouverture aux décideurs du monde économique et financier, entre autres invités. En 2011, le thème débattu par plus de 190 ambassadeurs de France était : «La diplomatie dans un monde en mouvement : la France, acteur du changement.» C'était en pleine guerre contre Mouammar Kadhafi de Libye.

 

MOMAR DIENG

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