Publié le 12 Oct 2020 - 17:45
MISSION D’ENQUÊTE PARLEMENTAIRE SUR LES INONDATIONS

Moustapha Diakhaté fracasse l’Assemblée

 

La mission d’information parlementaire sur la gestion des inondations est une escroquerie, aux yeux de Moustapha Diakhaté. L’ancien parlementaire estime que le rôle de cette mission n’est pas de rendre un rapport au président de la République, comme initialement annoncé.  

 

L’ancien président du groupe parlementaire de la majorité s’insurge contre la mission d’information parlementaire mise sur pied, pour apporter des réponses aux inondations. Invité de l’émission ‘’Objection’’ de la Radio Sud FM, Moustapha Diakhaté n’a pas mâché ses mots, en ce qui concerne cette mission dont le rapport est attendu au plus tard le 31 octobre prochain. L’ex allié de Macky Sall assimile cette commission sur le Plan décennal des inondations à ‘’une escroquerie politique’’.  

‘’Ils ont dit que le rapport de cette mission sera remis au président de la République, ce qui est inacceptable. La fonction d’une mission est d’informer les députés et non le président de la République. Il n’a pas à être informé par les députés. Le destinataire du travail d’une commission d’enquête parlementaire n’est pas le président de la République’’, insiste l’ex-ministre conseiller. Pour qui, cette démarche relève de l’inféodation du pouvoir Législatif à l’Exécutif.

Il s’agit, à ses yeux, d’un scandale, car, persiste-t-il, la fonction de la mission n’est pas de donner un rapport au président de la République, mais d’informer les députés sur les tenants et les aboutissants de la politique de lutte contre les inondations.  

Le leader du mouvement Mankoo Tawaxu Sunu APR rappelle d’ailleurs que le groupe parlementaire de l’opposition souhaitait la mise en place d’une mission d’audit, en invitant les ministres et directeurs concernés à s’expliquer sur ce qui a été fait, depuis 2012, par rapport au Plan décennal de lutte contre les inondations. 

Malheureusement, regrette-t-il, cela n’a pas été fait. ‘’C’est pourquoi je considère que c’est de l’esquive. A l’époque, le PDS avait convoqué tous les ministres à l’Assemblée nationale pour s’expliquer devant la représentation parlementaire. L’Assemblée doit être édifiée sur ce que fait le gouvernement. C’est à partir de ces informations qu’elle doit enclencher une nouvelle procédure, à savoir le contrôle et l’évaluation des politiques publiques’’, fait-il remarquer.  

Et pourtant, l’exposé des motifs de la loi 2002-20 du 15 mai 2002 modifiant et complétant le règlement intérieur de l’Assemblée nationale est clair sur la question. En effet, il est mentionné dans l’article 49 que ‘’(…) les missions assurent l’information de l’Assemblée pour lui permettre d’exercer son contrôle sur la politique du gouvernement. A cette fin, elles peuvent confier à un ou plusieurs de leurs membres des missions d’information ou d’étude’’. 

Ainsi poursuit, l’article : la mission d’information porte sur un objet donné et vise à apporter aux députés des réponses précises à l’exercice des problèmes qui les préoccupent dans l’exercice de leurs activités.  

Fonctionnement de l’Assemblée nationale 

Par ailleurs, Moustapha Diakhaté n’a pas manqué de jeter un regard critique sur le fonctionnement de l’Assemblée nationale dont la rentrée est prévue mercredi prochain. A ce propos, il ne s’attend pas à des changements majeurs dans le fonctionnement de la 13e législature, même si, dit-il, il peut y avoir des mutations de postes.  ‘’L’institution parlementaire ne s’est pas dotée d’expertises, d’économistes, de juristes, de sociologues qui puissent accompagner les députés dans leurs missions. Quand un ministre vient à l’Assemblée nationale, il est accompagné d’une vingtaine d’experts, alors que le député qui est en face est seul’’, se désole l’ancien parlementaire.  

A l’en croire, pour avoir une Assemblée de qualité, il faut qu’elle dispose de la même expertise aussi performante que les ministres ou le président de la République.   

HABIBATOU TRAORE 

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