Publié le 2 Feb 2012 - 20:21
POST-POINT

C'est fini, monsieur le président !

Abdoulaye Wade existe encore, en dépit du fait que l'on ait toujours soutenu, ici comme ailleurs, que cet individu sans foi ni loi est la plus grande fiction politique que le Sénégal ait jamais connue. Mais aujourd'hui, après douze ans de pouvoir sur-autoritaire parcheminé de cadavres, il est un homme politiquement mort au sens où il ne maîtrise plus son avenir politique d'une part, et d'autre part au sens où sa vie politique à l'internationale est terminée.

 

Avec la morale nébuleuse et marchande à laquelle il a prêté allégeance, cet homme essentiellement violent a choisi la noyade dans les tréfonds abyssaux de notre histoire contemporaine. Après quatre, cinq ou six morts fondamentalement imputables à la malhonnêteté vulgaire dont il s'est rendu coupable autour d'une candidature insolite, Abdoulaye Wade a creusé sa propre tombe en donnant l'ordre à sa police de tirer à balles réelles sur son peuple, ce peuple qui l'a extirpé d'une opposition précaire d'environ trois décennies.

 

 

Quatre morts, cinq morts, six morts ! Nous osons espérer que le temps de la retraite est arrivée pour Me Wade. Il y a quelques mois, il confiait à un confrère étranger qu'il voudrait, après l'exercice du pouvoir, passer plus de temps dans les salons littéraires et autres vernissages afin de donner à l'art la place importante qu'il lui reconnaît dans son univers. Mais après quatre, cinq ou six morts, le président sortant est bien parti pour n'en avoir jamais le temps et l'opportunité s'il n'a pas (enfin) la sagesse d'arrêter les massacres dont sa soldatesque se rend coupable depuis plusieurs jours, à un rythme effréné, et de quitter le Palais de la République pendant qu'il est encore temps.

 

 

Nous avons toujours douté de la perspicacité de cet homme qu'une certaine hagiographie a toujours peint sous les traits d'un politicien courageux capable d'aller au charbon ! C'est des histoires ! Wade n'a jamais été plus qu'un audacieux doublé d'un téméraire, deux qualités qui lui ont permis d'être ce maître-chanteur qui savait forcer la main à Abdou Diouf parce qu'il avait la magie de faire rêver (et donc de faire marcher) une partie de la jeunesse sénégalaise. Douze ans de pouvoir ont été trop largement suffisants pour que le masque tombe.

 

 

C'est fini, monsieur le président ! Non seulement parce que votre avenir est derrière vous, mais également parce que vous n'avez plus les capacités d'exercer le pouvoir. Et il y a plus grave : par procuration, avec votre assentiment ou pas, ce même pouvoir que le peuple souverain vous aurait confié en 2007, il s'exerce désormais en votre nom, capté par des phalanges aventurières qui cheminent avec vous, que vous avez humiliées dans un passé récent, et qui rêvent de perpétuer la parenthèse funeste de votre règne en votre absence. Si un tel pouvoir s'exerce en votre nom, à vous donc les cadavres qui ont jonché Colobane et Podor, Sangalkam et l'Université Cheikh Anta Diop ! A vous donc les blessés qui gémissent sur les chaussées de Thiès, Saint-Louis, Kaolack, Pout. A vous le chaos s'il survient !

 

 

C'est fini, monsieur le président ! Les Etats-Unis et la France n'ont pas toujours eu raison dans leurs rapports avec des pays tiers opposés à leur hégémonie ! Mais quand Sarkozy et Obama rejettent votre candidature insolite avec une telle synchronisation, c'est que vous êtes devenu un danger pour leur politique et pour leurs intérêts. Vous allez sans doute résister, mais à quel prix, pour vous-même, votre famille, votre clan, votre pays, votre peuple !

 

 

C'est fini, monsieur le président ! Si vous savez comment fonctionne la chaîne de déstabilisation des pouvoirs récalcitrants au niveau international et si vous n'ignorez pas la capacité de nuisance dont sont capables les organisations de défense des droits humains, alors vous avez le devoir d'avoir peur. En cela, les cadavres qui vous reviennent de droit dans la répression barbare que vos forces de sécurité ont exercée sur les populations sénégalaises ces derniers jours, sont un mauvais signal pour votre tranquillité future.

 

 

Les morts s'amoncellent sous votre fenêtre, mais vous trouvez le temps d'aller jouer au Grand théâtre ! En cela, vous êtes quasi parfaitement dans la trajectoire des scénarios de destitution qui ont fini par avoir des despotes comme Ben Ali et Moubarak. Ne vous faites pas relire la littérature journalistique qui a accompagné les ''printemps'' tunisien et égyptien, faites-le vous-même.

 

 

C'est fini, monsieur le président ! Ouvrez les yeux ! Avec ces tortionnaires de quelques ministères de souveraineté qui vous font croire que vous êtes (encore) aimé du peuple sur lequel vous avez tiré, vous rappelez tristement Robespierre, le Pape de la...Terreur et son exécuteur de basses œuvres, le Général Louis-Marie Turreau, dans leurs campagnes de destruction de la Vendée.

 

C'est fini, monsieur le président ! Senghor a une avenue qui l'immortalise, Abdou Diouf peut encore espérer suivre ses pas ! Mais vous... En espérant que vous partiez !

MOMAR DIENG

 

 

 

 

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