Si le procès s’est déroulé dans le calme, la tension est montée d’un cran quand le procureur Adama Ndiaye a évoqué ‘’Y’ en a marre’’ en demandant à Fou Malade s’il appartenait à ce mouvement puis de définir leur concept NTS (Nouveau type de Sénégalais). Lorsque le ''y'en a marriste'' a commencé à répondre au procureur qui lui parlait sur le ton de la plaisanterie, Me Cheikh Khoureych Bâ s’est brusquement levé pour demander au rappeur de ne pas répondre.

Non content de cette ''immixtion'' de l’avocat, le substitut a fait la remarque au tribunal qui a décidé d'interrompre le conseil. Mais c’était sans compter avec le concerné qui a continué à parler en lançant : ''Ici nous ne sommes pas dans un camp de concentration''. Et c’était parti pour une passe d'armes entre l’avocat et le procureur qui s'est levé en demandant une suspension qui aura duré 40 minutes environ. La tension dissipée après la reprise, a resurgi lors de la plaidoirie de Me Khoureychi Bâ qui a minimisé les faits. ''C’est une pratique qui existe dans le hip hop. La montagne a accouché d’une lamentable souris et cette affaire qui est une humiliation pour les prévenus ne mérite même pas de venir devant un tribunal’’, a asséné la robe noire.

Quand il a eu fini, le procureur lui a rétorqué : ‘’On ne doit pas manquer de respect à la partie civile en disant que cette affaire est de la poussière car la partie civile a été traînée et déshabillée. C’est un cadeau qu’on a fait aux prévenus qui n’ont pas été gardés à vue’’. Me Bâ de revenir à la charge en lançant : ''Si vous avez le courage, envoyez ces jeunes en prison pour 5 ans''. Une phrase de trop pour les nombreux proches des prévenus irrités par la prestation de l’avocat.

Fou Malade fait son mea culpa

Pour en revenir à l’interrogatoire d’audience, il faut souligner que Fou Malade n’a reconnu que les faits de coups et blessures volontaires en avouant avoir administré des coups de poing à Gaston. Il s’est justifié en expliquant qu’il a entendu dire que le plaignant voulait saccager son studio et voulait même sortir un album sur lui. ''Je reconnais avoir commis une erreur. Je lui demande pardon’’, a-t-il conclu tout en précisant qu’il voulait juste parler à Gaston.

‘’Si je savais que les choses dégénéreraient, je l’aurais dissuadé d’y aller’’, s’est défendu David Keïta. Alors que Raoul Mendy a dit qu’il est resté dans le véhicule, Dominique Goudiaby a attesté la thèse de la bagarre. Des propos battus en brèche par les témoins ainsi que par le plaignant. Gaston a confié: ''Ils étaient environ huit. Je n’ai reconnu que Malal et David car les autres portaient des casquettes. Quand ils me frappaient, je criais le nom de Dieu en disant ''La ilaha illa Lah''. Néanmoins, il a pardonné à ses agresseurs. C’est pourquoi, son avocat Me Mouhamadou Moustapha Dieng a notifié le désistement de son client. Pour le parquet, même s’il y a désistement, les faits de coups et blessures volontaires et de dommage à la propriété d’autrui sont établis.

Aussi, a-t-il requis trois mois assortis du sursis contre Fou Malade, David Keïta et Dominique Goudiaby. Il a demandé que Raoul Mendy soit relaxé de toutes les préventions. La défense qui a reconnu que Malal Talla a ‘’tort et a déçu’’, a salué le réquisitoire du parquet sauf Me Khoureychi Bâ qui le trouve injuste. Aussi a-t-il plaidé la relaxe pure et simple. Délibéré demain 10 février.

FATOU SY