Publié le 26 Feb 2016 - 08:38
PROCES EN APPEL DU PRESUME DETOURNEMENT AU PLAN JAXAAY

Le parquet général veut renvoyer Aïda Ndiongue et Cie en prison

 

Le parquet général a requis, hier, une peine de 5 ans ferme assortie d’une amende contre Aïda Ndiongue et ses coprévenus jugés devant la Cour d’appel de Dakar pour escroquerie portant sur des deniers publics d’un montant de 20 milliards de F CFA.

 

Aïda Ndiongue, Aboul Aziz Diop, Amadou Ndiaye et Madou Sall doivent retourner en prison, selon le substitut général Madiaw Diaw. Ce dernier a demandé, hier, que le jugement de première instance relaxant l’ex-sénatrice et ses coprévenus soit infirmé dans toutes ses dispositions. Sauf concernant le délit d’exercice illégal de commerce par un fonctionnaire reproché à Aïda Ndiongue. Concernant cette infraction, le parquetier s’est inscrit dans la même logique que ses collègues du tribunal correctionnel, en demandant que l’ex-sénatrice libérale en soit relaxée. Car la prévenue n’a pas été renvoyée pour ce délit. En revanche, pour les autres infractions, le maître des poursuites a estimé qu’elles sont établies.

Concernant les délits de faux et d’usage de faux et d’escroquerie portant sur des deniers publics, le substitut général a soutenu qu’Aïda Ndiongue a gagné illégalement des marchés et s’est fait payer avec des bordereaux fictifs, alors qu’elle n’a pas exécuté l’intégralité des marchés. ‘’En signant les bordereaux, elle cherchait une couverture légale pour se faire payer indûment. 80% de la commande publique proviennent des marchés, et on en a privé plusieurs Sénégalais, pour en faire bénéficier une seule personne’’, a soutenu le parquetier. Pour la répression, il a requis 4 ans dont 2 ans ferme avec une amende de 500 000 F CFA pour le FUF et une peine de 5 ans assortie d’une amende de 3 millions de F CFA pour le détournement.

‘’A chaque fois que l’Etat est spolié, c’est avec la complicité de hauts fonctionnaires comme Amadou Ndiaye’’, a ajouté le ministère public pour établir la culpabilité de l’ex-agent comptable. Puis, il a brandi un bordereau de livraison fictif à ses yeux. ‘’Est-ce que ce bout de papier suffit pour payer nos pauvres milliards ?’’ s’est-il interrogé non sans demander que l’ex-agent comptable soit condamné pour complicité de FUF et d’escroquerie portant sur des deniers publics. Il a requis les mêmes peines que celles requises contre Aïda Ndiongue et a demandé leur confusion. C’est-à-dire qu’Aïda Ndiongue et Amadou Ndiaye soient condamnés à une peine de 5 ans ferme assortie d’une amende de 3 millions chacun. Abdoul Aziz Diop encourt la même peine, mais le parquet a demandé que les faits de détournement de deniers publics soient disqualifiés en complicité d’escroquerie portant sur des deniers publics. Idem pour Madou Sall, Dage au ministère de l’Habitat au moment des faits. Toutefois, le parquet général a demandé que le prévenu soit relaxé pour les délits de FUF.

Les avocats de l’Etat applaudissent et demandent 25 milliards de F CFA de dommages et intérêts

Les avocats de l’Etat ont tout naturellement salué ces réquisitions du parquet général. A leur avis, le maître des poursuites a raison de demander l’infirmation du premier jugement. Car, pour Mes Bassirou Ngom et Aly Fall, les règles de passation des marchés ont été violées, or ceci a facilité les sommes versées par le Trésor public à Aïda Ndiongue. ‘’Il est indéniable qu’on a fait payer à l’Etat du matériel qui n’a jamais figuré dans sa comptabilité’’, a renchéri Me Samba Bitèye. Concernant l’argument brandi par Aïda Ndiongue selon lequel l’Etat lui a confié le matériel par faute d’espace, l’avocat n’y croit pas. ‘’Personne ne signe un bordereau de livraison et laisse la marchandise avec le vendeur’’, a appuyé son confrère Me Yérim Thiam. Selon l’avocat, l’Afrique est victime de malédiction, à cause des personnes comme Aziz Diop qui profitent de leur situation pour spolier. ‘’Il faut que cela s’arrête et pour cela, vous devez rectifier le premier juge’’, a asséné Me Thiam, avant de réitérer leur demande faite en première instance. Le paiement de dommages et intérêts de 25 milliards de F CFA.

Pour Me Mbaye Jacques Ndiaye, cette demande est irrecevable de même que les peines requises par le parquet général. De l’avis de l’avocat, l’ex-sénatrice libérale ‘’n’a ni volé, ni escroqué’’, mais elle n’a fait que vendre à l’Etat et a livré l’intégralité de la commande. Accusant le juge pénal de se substituer à l’autorité des marchés, Me Ndiaye a déclaré : ‘’Ce procès heurte le droit, viole la loi et blesse la justice.’’ C’est pourquoi il a demandé tout simplement la confirmation du jugement d’instance.

La défense va poursuivre sa plaidoirie aujourd’hui. 

FATOU SY

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