Publié le 21 Sep 2016 - 23:45
PROFIL – FATOU TOURE REALISATRICE

La nouvelle pépite du cinéma sénégalais

 

Elle est actuellement la vedette sénégalaise du 7e art. Fatou Touré vient de remporter le grand prix ‘’fiction’’ de la dernière session du Clap Ivoire. Une jeune cinéaste au parcours bien intéressant.

 

‘’C’est Madame Ndiaye Fatou Touré, réalisatrice et rufisquoise’’. Une présentation brève qui présage une certaine timidité chez notre interlocutrice aux gros yeux ronds et clairs qui laissent transparaître une certaine innocence. Seulement, elle est loin d’être timide. Elle n’est juste pas habituée aux interviews, à parler simplement de sa personne.

Jeune cinéaste, Fatou Touré connaît pourtant bien le monde des médias et des multimédias. Elle a déjà travaillé   comme réalisatrice pour le compte du site ‘’7adakar’’. Souvent hors champ, aujourd’hui sans effets spéciaux elle est dans l’angle de prise de vue de la presse. Elle ne s’y attendait pas de sitôt. Elle qui commence à peine à tisser sa propre toile dans le monde du septième art. La trentaine à peine entamée avec une carrière débutée en 2010 après une formation au Média Centre de Dakar, Fatou Touré a gagné le grand prix de la section ‘’science fiction’’ de la dernière édition du Clap Ivoire. Cet évènement est une rencontre annuelle dédiée au court métrage. Fatou Touré y représentait cette année le Sénégal avec son film ‘’La Promesse’’ ainsi que Mor Talla Ndione avec ‘’Ramatou’’ qui figurait dans la sélection ‘’Documentaire’’.

 ‘’La Promesse’’  est l’histoire d’un couple qui a bravé bien des tempêtes avant de connaître une certaine stabilité. Seulement, c’est au milieu de cette ambiance de bonheur que l’époux a choisi de prendre une seconde épouse. Ce que sa première femme n’arrive pas à s’expliquer et le considère comme une trahison. Car, monsieur lui avait promis de ne jamais prendre une deuxième femme. La surprise passée et après de chaudes larmes, madame a décidé prendre son destin en main. Elle se fait belle et décide de sortir, au moment où monsieur arrive. Elle monte dans son taxi sans même un regard à l’endroit de son époux. Une fin qui suggère différentes conclusions.

En outre, ce n’est surement la seule histoire racontée dans ce film qui lui a permis de gagner le grand prix. Car la trame du récit est assez linéaire. La technique a du faire la différence. ‘’La Promesse’’, même les plus fins techniciens n’auraient pas grand-chose à lui reprocher. Pourtant, Fatou Touré n’avait pas de gros moyens pour réaliser son œuvre. Elle a juste pu compter sur le soutien de ses amis. Ainsi, les lumières lui ont été prêté tout comme la caméra en sus de techniciens qui étaient plus des amis que des collègues de travail. Ils n’en étaient pas non moins talentueux. Ce qui a donné un cachet particulier à cette autoproduction.

Par ailleurs, la seule phrase choisie par notre interlocutrice pour se présenter montre son attachement à son mari. A ce dernier, elle doit beaucoup, jusqu’à ce prix. ‘’C’est mon mari qui a financé ce film. Sans lui, il n’y aurait pas de film donc pas de prix’’, dit-elle sur un ton de reconnaissance. Cette brève présentation renseigne également sur son degré d’attachement à sa terre natale : Rufisque. A cette ville, elle consacre d’ailleurs son prochain documentaire, en décidant d’orienter son objectif sur les problèmes environnementaux de ‘’Teunguethie’’.

Dans cette ville culturelle et d’histoire, elle a fait tout son cycle scolaire. C’est l’école Mbaye Ndir qui l’a reçu pour son cycle élémentaire et le collège Mansour Sy pour le moyen et le secondaire. Mais elle n’ira pas jusqu’en terminale. En classe de première, Fatou Touré décide de ne plus continuer le lycée et opte pour une formation en secrétariat et bureautique. Un mauvais choix pour quelqu’un qui n’aime pas se cloîtrer derrière un bureau à recevoir des ordres. Ce qui pousse la jeune réalisatrice à se tourner vers l’infographie. Un métier qui lui permet de faire valoir ses talents d’artiste. Seulement, travailler sur du papier ne lui suffisait pas.

L’ancienne stagiaire scripte de Moussa Touré dans ‘’La Pirogue’’ voulait créer ses propres décors et plus faire parler son imagination. C’est cela qui l’a mené au cinéma en plus de côtoyer un de ses oncles Sidath Touré et Leuz. ‘’Ils venaient souvent chez moi et je les écoutais parler. J’ai alors commencé à aimer le cinéma. C’est pour cela que je suis allée m’inscrire au Médias centre de Dakar en 2010’’, se souvient-elle. Cependant, même si sa passion est née des discussions entre proches, ses références dans le cinéma restent tout de même l’incontournable Sembène Ousmane, l’homme au cinéma révolutionnaire Djibril Diop Mambéty, Moussa Sène Absa ou encore Moussa Touré, cite-t-elle. Avec ces deux derniers, elle a eu l’occasion de travailler comme assistante réalisation pour le premier et stagiaire scripte pour le dernier.

Fatou Touré a également eu la chance de travailler avec de jeunes réalisateurs brillants comme Lahad Wone de Buzz dont ‘’Tundu Wundu’’ porte la signature. Ainsi, elle a  une certaine expérience en côtoyant des doyens et des jeunes de sa génération. Un acquis qui peut faire toute la différence. Clap de fin !

BIGUE BOB

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