Publié le 26 Aug 2012 - 16:25
PROFIL... PAPE BOUBACAR GADIAGA, COACH DE DIAMBARS

 Le génial ''puzzleur''

À bientôt 42 ans, Pape Boubacar Gadiaga, un des plus jeunes entraîneurs de la Ligue 1 sénégalaise, a réussi, en un temps record, à hisser l'équipe du centre de formation de l'Institut Diambars de Saly en play-offs du champion.

 

La déception se lisait sur le visage de Pape Boubacar Gadiaga en ce début de soirée du 29 juillet 2012. Son équipe, Diambars, vient d'être éliminée (1-0) par Niary Tally, en quart de finale de la Coupe de la Ligue. Une contrariété doublée de fatigue du jeune entraîneur à force de s’époumoner sur la touche pour replacer ses poulains et offrir du beau spectacle au public du stade Demba Diop. Mais qu'importe ce résultat négatif, Diambars a été fidèle à elle-même avec un jeu chatoyant. ''On a toujours allié la séduction et l'efficacité mais ça n'a pas été le cas aujourd'hui, se désole Pape Boubacar Gadiaga. Il faut donc récupérer pour repartir plus fort, plus costaud, plus agressif et plus efficace''.

 

Quelques jours après, le champion en titre de Ligue 2 a encore chuté (1-0) face à l'Union sportive de Ouakam (Uso) en match comptant pour la 4e journée des play-offs. Une défaite qui a relancé la course pour le titre, car le Casa Sports de Ziguinchor en a profité pour refaire son retard et rejoindre l'équipe du centre de formation de l'Institut Diambars en tête du classement à égalité parfaite (7 points). ''L'objectif premier, c'est de former de bons joueurs. Maintenant, on ne peut pas être bons si on ne gagne pas. Donc, il faut gagner les duels physiques, techniques et mentaux, gagner aussi de l'expérience dans le jeu. Aujourd'hui, on fait partie des quatre meilleures équipes du Sénégal, c'est une bonne dynamique de travail qui a abouti à ce résultat. C'est vrai qu'il y a du boulot à faire mais c'est encourageant'', estime Pape Gadiaga.

 

''Perdre le ballon, c'est défendre''

 

En moins de temps qu'il n'en faudrait, le centre de formation, créé en 2004, a réussi à mettre en place une équipe au vrai sens du terme. Et derrière ce collectif exceptionnel, il y a la touche du coach Pape Boubacar Gadiaga. Mais lui se la joue modeste. ''J'hérite du travail de mes collègues. Moi, je prends les plus grands et en bas de l'étage, il y a mes collègues qui font un travail colossal avec les jeunes au niveau des fondamentaux, du travail technique et tactique. Je suis juste là à mettre un puzzle, j'ai le métier le plus facile par rapport aux autres. C'est vrai qu'il y a un brin de réussite pour construire une équipe séduisante. Mais si on n'avait pas réussi à accéder en première division et en play-offs, cette touche technique ne serait pas séduisante'', soutient-il.

 

Même si le club de Saly, promu cette saison en Ligue 1, ne parvient pas à gagner le championnat, il aura laissé une belle image sur les pelouses. Diambars a fait re-mobiliser beaucoup d'amateurs grâce à son jeu attrayant basé sur un collectif huilé. ''Le foot passe par la construction ; et nous, nous essayons d'être bons techniquement et efficacement. Notre philosophie, c'est le jeu de position, c'est de ne pas jeter le ballon. Parce que perdre le ballon, c'est défendre ; et nous n'arrivons pas à défendre comme nous le voulons. Avoir le ballon, c'est priver l'adversaire de jouer son jeu, c'est ce que nous recherchons. Nous ne pouvons pas dire que ça marche tout le temps mais au moins, ça nous permet de situer les erreurs si nous perdons'', analyse-t-il. Il est donc temps de corriger les impairs de cette culture à la Barcelone avant d'aller défier ce dimanche Niary Tally au stade Demba Diop (5e journée des play-offs).

 

Du téraflex à la pelouse

Pourtant, Pape Boubacar Gadiaga aurait pu être basketteur n'eût été l'influence de sa famille. ''Quand j'étais jeune, j'étais bon en foot et en basket ; néanmoins, j'étais meilleur avec la balle orange. Mais mon grand-frère m'avait dit que je ne pouvais pas percer dans ce domaine parce que j'étais petit'', explique l'ancien meneur de jeu des juniors du club de basket de Bopp (Dakar). Dissuadé par son frangin et son papa, le jeune décide de poursuivre sa carrière dans le foot et intègre les cadets de la Jeanne d'Arc de Dakar avant de rejoindre l'Olympique de Marseille (1985-89). Mais c'est à Reims, en deuxième division, que cet ancien milieu relayeur signera son premier contrat pro.

 

Lorsque le club a déposé le bilan, Pape Gadiaga a pris la direction de l'Île de la Réunion où il a évolué pendant deux ans à l'As Marsouins de Saint-Leu. S'ensuit un saut en Arabie Saoudite à Al Shabab Riyadh (1995-96) avant un retour en France, à Jura Sud, en CFA jusqu'en 2000. Deux ans plus tard, il devient entraîneur-joueur à Chambéry avant de rentrer au bercail et d'atterrir à l'Institut Diambars en 2004. ''C'est Bernard Lama qui m'a fait venir, il m'a parlé de leur projet et cela m'a séduit. J'ai été aussi séduit par les hommes qui l'entourent'', confie Pape Gadiaga. ''Je suis heureux de retrouver le Sénégal, les frères et de faire ce que l'on aime, avec la famille'', poursuit-il.

 

Depuis donc la création de Diambars, ce coach, qui va fêter ses 42 ans en octobre prochain, a vu toutes les promotions défiler. Il a son opinion sur certain joueurs : ''Idrissa Gana Guèye (international A et joueur de Lille en France) est un excellent joueur. On ne voit pas encore Omar Wade (joueur de Lille) mais c'est un très bon joueur. Emmanuel Gomis (international local) est, à mon avis, un génie. Kara Mbodji est un leader mental qui a un très bon état d'esprit.'' A eux de confirmer leur coach.

 

ADAMA COLY

 

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